Il existe un dicton qui dit : Tomber amoureux est un bonheur, tandis que le mariage est un travail de longue haleine. Diplômée en médecine et en psychologie, l’auteur transmet dans cet article quelques conseils qui reposent sur le fruit de son expérience professionnelle.
Au début d'une relation, nous sommes emportés par les émotions fortes liées à l’état amoureux : la douceur, la passion et le frisson de quelque chose de nouveau qui se dévoile. Mais après le mariage, la vie s'installe souvent dans le rythme régulier des responsabilités quotidiennes : les courses, la vaisselle, les factures et la routine remplacent peu à peu l'excitation et la spontanéité par une structure.
À mesure que l'excitation initiale s'estompe, certains peuvent commencer à se demander : « Ai-je épousé la mauvaise personne ? »

En réalité, l'amour ne s'éteint pas de cette manière et les personnes ne changent pas du jour au lendemain. Ce qui peut changer parfois, c'est la manière dont nous nous percevons l'un l'autre. Nous oublions souvent une vérité simple, mais profonde : le mariage n'est pas l'apogée d'une histoire d'amour, c'est le début d'un voyage plus profond : un chemin de développement et de croissance. Mais que nous demande exactement le mariage : de cultiver en nous-mêmes.
Il nous demande de développer trois capacités essentielles : la conscience émotionnelle, une communication claire et le développement personnel. Chaque voie est essentielle au même chemin et nous guide vers le développement, la guérison et l’approfondissement de notre compréhension au sein de ce partenariat sacré.
La question devient alors : comment emprunter ce chemin de développement dans le mariage ?
La première voie : apprendre à entretenir le feu des émotions

Le mariage est comme un feu. Laissé sans surveillance, il peut se transformer en colère destructrice. Entretenu avec soin, il réchauffe, éclaire et entretient la vie.
Une femme peut ressentir la colère lorsque son mari prend le bébé dans ses bras sans se laver les mains, alors qu’il rentre de son travail. Mais aussi, lorsqu’elle fait la vaisselle jusqu’à en avoir mal aux mains pendant qu’il est en train de consulter son téléphone, allongé sur le canapé. Il s’agit rarement du problème lié aux tâches ménagères en elles-mêmes. Il s’agit plutôt de la demande silencieuse sous-jacente à sa frustration : « Tu ne vois pas mon épuisement. »
Un mari peut lui aussi ressentir une certaine frustration. Après une longue journée de travail, il peut avoir besoin d’un moment de repos. Il sait que sa femme est fatiguée et stressée. Mais il lui arrive de ne pas remarquer le poids qu’elle porte. Ce n'est peut-être pas un seul mot acerbe qui cause de la douleur, mais la douleur plus profonde qui se cache derrière : « Tu ne me comprends jamais vraiment. »
Entretenir ce feu signifie maîtriser la colère avant qu'elle n'éclate, exprimer ses sentiments honnêtement avant que le ressentiment ne s'installe et remplacer le blâme par la compréhension. De petites pratiques : comme marquer une pause avant de réagir, écouter avec curiosité ou coucher ses sentiments par écrit après un conflit, permettent à la chaleur de se transformer en convivialité plutôt que de brûler.
Un couple a fait un vœu simple : après chaque dispute, chacun écrit une lettre le lendemain matin, décrivant uniquement ses sentiments, sans jamais accuser. En maîtrisant le feu de cette manière, ils ont découvert la tendresse sous-jacente à leurs disputes. Elle n'était pas autoritaire, il n'était pas indifférent. Mais, ils naviguaient entre les étincelles du stress, de l'épuisement et des besoins insatisfaits. Avec le temps, leurs disputes, autrefois des tempêtes hebdomadaires, se sont raréfiées, pour être remplacées par une gentillesse constante.
La maîtrise émotionnelle est un aspect crucial de l'épanouissement de soi dans le mariage. Lorsqu'on entretient le feu avec soin, il devient une source de force, d'intimité et de résilience plutôt que de destruction.
La deuxième voie : développer l'art de la communication

Au début d'une relation, se comprendre semble souvent facile. On est sur un petit nuage et, à travers des lunettes roses, on peut avoir l'impression que notre partenaire connaît instinctivement nos humeurs, nos besoins et nos peurs. Dans le mariage cependant, cette supposition devient un piège. Attendre de son partenaire qu'il lise dans nos pensées est l'une des idées fausses les plus courantes et les plus dommageables : « Tu devrais me connaître ». En réalité, souvent, ce n'est pas le cas.
Les couples peuvent tomber dans des schémas où le silence est pris pour de la paix. L'un des partenaires peut dire : « Je vais bien », espérant que l'autre percevra la douleur sous-jacente, et se sentir frustré, ou déçu, s'il ne la perçoit pas. Une femme peut dire : « Je ne veux pas parler », tandis que le mari interprète son silence comme un signe de calme. Au fil du temps, ces non-dits s'accumulent créant distance, tension et déconnexion. Souvent, une mauvaise communication ne provient pas d'une certaine animosité, mais de non-dits.
Une communication saine est délibérée et intentionnelle. Elle n'est ni vague ni conflictuelle. Elle est construite, claire et bienveillante. Les couples qui apprennent à formuler leurs désaccords sous forme de demandes ou de suggestions, plutôt que d'accusations, connaissent beaucoup moins de conflits. Par exemple, au lieu de dire « Tu es tellement inconséquent », un partenaire pourrait dire : « Veux-tu t'asseoir avec moi dix minutes avant de regarder ton téléphone ? » Au lieu de « Tu ne m'aides jamais », une suggestion comme : « Et si cette semaine je faisais la cuisine et tu faisais la vaisselle ? » ouvre la voie à la coopération plutôt qu'aux reproches.
L'objectif n'est pas d'éviter le conflit, mais de le transformer en lien. Le blâme ferme le cœur, tandis qu'une discussion claire et bienveillante l'ouvre. Lorsque le ton et l'intention changent, les défenses s'assouplissent et la collaboration émerge naturellement. Le mariage ne se nourrit pas de suppositions tacites ou d'attentes tacites. Il se nourrit du courage de parler ouvertement et avec bienveillance. Cela revient à mettre en avant la patience d'écouter avec un cœur ouvert et l'engagement mutuel à comprendre le monde intérieur de l'autre.
La troisième voie : aller vers le chemin de la croissance

Le mariage n'est pas un abri contre les difficultés de la vie. C'est un partenariat qui demande à chacun de grandir. Les relations les plus solides ne se construisent pas sur la dépendance. Mais sur deux personnes qui cultivent leur force, leur conscience de soi et leur résilience. La stabilité s'installe lorsque chaque partenaire est fermement ancré dans sa vie, capable de gérer ses émotions, ses responsabilités et ses ambitions.
Lorsque l'un des partenaires cesse de grandir : émotionnellement, intellectuellement ou dans ses responsabilités, tandis que l'autre continue d'évoluer, le mariage perd son équilibre. La frustration et la distance s'installent. L'un des partenaires peut se sentir démuni, tandis que l'autre peut se sentir pris au piège par un fardeau trop lourd. La frustration, le ressentiment et la distance peuvent s'accentuer.
Un mariage épanoui exige que les deux partenaires investissent en eux-mêmes : ils gèrent leurs émotions, développent leur personnalité et prennent leur vie en main. L'épanouissement n'est pas seulement personnel : c'est une expérience partagée. Lorsque les deux partenaires s'engagent dans ce type de développement, la relation devient plus forte, plus profonde et plus résiliente.
Une femme qui prend soin de son corps et de son esprit, et qui assume sa vie affective invite son mari à faire de même. Un mari qui assume ses responsabilités, réfléchit à ses actes et contribue activement à la vie commune, est un modèle de partenariat durable et inspirant. Ensemble, ils créent un mariage où chacun est complet et plus fort ensemble.

Par exemple, une femme qui se sentait autrefois limitée par son rôle de mère à temps plein s'est mise à lire, à faire du sport et à écrire. Alors qu'elle s'épanouissait, son mari a été encouragé à améliorer sa communication, à assumer les responsabilités ménagères et à grandir à ses côtés. Ils sont devenus de véritables partenaires : non pas l'un s'appuyant sur l'autre, mais deux piliers se tenant côte à côte.
Le mariage ne consiste pas à sauver, compléter ou réparer l'autre. Il s'agit pour chacun de devenir la meilleure version de lui-même, en créant une relation où l'épanouissement, le respect et un objectif commun rendent le lien inébranlable.
Le mariage serait-il une pratique tout au long de la vie ?

Le plus grand malentendu concernant le mariage est de croire que trouver la « bonne personne » apportera automatiquement le bonheur. En réalité, même le partenaire le plus compatible ne peut faire durer un mariage si aucun des deux n'est prêt à assumer ses responsabilités envers lui-même et envers la relation.
Le mariage n'est pas simplement la destination de l'amour. C’est une pratique qui dure toute la vie et qui nous met au défi de développer notre conscience émotionnelle, de communiquer avec clarté et d'assumer courageusement nos responsabilités. Il nous demande de confronter les aspects de nous-mêmes que nous devons améliorer, de sortir de notre zone de confort et de nous libérer de l'égocentrisme. Sans effort, le mariage peut devenir un piège. Avec des efforts et de l'attention, le mariage devient un sanctuaire, un lieu où deux personnes se soutiennent mutuellement, apprennent ensemble et cultivent la compréhension, la patience et la résilience.
Peut-être pourrions-nous emprunter ce chemin en pleine conscience, en devenant plus doux, plus lucides et plus forts, non pas à cause de la personne que nous avons épousée, mais grâce aux choix que nous faisons pour nous investir pleinement dans notre relation.
Rédacteur Charlotte Clémence
Source : From Romance to Partnership: Cultivating Resilience and Understanding in Marriage
www.nspirement.com
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