Invisibles et souples comme une toile vivante, les fascias sont un tissu omniprésent dans notre corps. Il enveloppe chaque muscle, organe et nerf, reliant toutes les parties de notre organisme, un peu comme une combinaison interne qui maintient la forme et permet le mouvement. Longtemps négligé par la médecine, le fascia attire aujourd'hui l'attention des chercheurs, des thérapeutes et des praticiens du mouvement.
Le Dr Robert Schleip, l'un des principaux chercheurs sur les fascias, le qualifie « d'organe sensoriel à part entière, aussi sensible que la peau ». Le chirurgien français Jean-Claude Guimberteau ajoute que « l’intelligence du corps en mouvement réside dans les fascias ».
Mais que sont les fascias exactement ? Qui les a découverts et pourquoi jouent-ils un rôle si central dans notre santé ? De la douleur chronique à la posture, en passant par le stress et la mobilité, ces tissus silencieux ont une influence bien plus importante qu'on ne le pense. Explorons ce réseau invisible qui façonne notre corps et découvrons les méthodes, comme la MUNZ FLOOR, qui permettent de le régénérer.

Qu’est-ce que les fascias ?
Les fascias sont des membranes fines, translucides et composées de tissu conjonctif. Ils enveloppent et relient chaque muscle, organe, os, nerf et vaisseau sanguin, formant un vaste réseau continu. Le Dr Jean-Claude Guimberteau a utilisé une microcaméra pour filmer ces tissus in vivo, les décrivant comme une « onde de glissements et de mouvements permanents ». En d'autres termes, les fascias ne se contentent pas d'envelopper les structures de notre corps, ils en assurent la dynamique.
Qui les a découverts ?
Le concept de fascia n'est pas nouveau, mais sa reconnaissance en tant que tissu physiologique et thérapeutique est récente. Au XIXe siècle, le Dr Andrew Taylor Still, fondateur de l'ostéopathie, soulignait déjà l'importance du tissu conjonctif en affirmant que « la structure gouverne la fonction ». Dans les années 1950, la biochimiste américaine Ida Rolf a démontré à travers sa méthode d’intégration structurale (Rolfing) que « le corps garde en mémoire les tensions dans ses tissus », et que leur relâchement peut transformer la posture et le bien-être.
Plus récemment, le Dr Robert Schleip de l’Université d’Ulm a prouvé que les fascias sont hautement innervés et jouent un rôle clé dans notre perception corporelle, déclarant que « le fascia est notre plus grand organe sensoriel, bien plus sensible que la peau elle-même ».
Quels rôles ont les fascias ?
Les recherches récentes révèlent plusieurs fonctions essentielles des fascias :
Structurelle : ils maintiennent l’unité du corps.
Mécanique : ils répartissent les tensions et facilitent le mouvement.
Sensorielle : grâce à leur innervation riche, ils participent à notre perception corporelle.
Circulatoire : ils favorisent la circulation lymphatique et sanguine.
Immunitaire : ils contribuent à la défense de l’organisme.
Le Dr Schleip résume : « Le fascia est à la fois un organe de forme, de mouvement et de perception. »
Quelles pathologies peuvent-ils entraîner ?
Lorsque les fascias se déshydratent ou perdent leur élasticité, ils deviennent rigides, peuvent se coller entre eux et perturber la mobilité. Cela peut conduire à des douleurs chroniques (nuque, dos, articulations), à des tendinites récurrentes ou à des troubles posturaux. Des problèmes digestifs ou respiratoires peuvent également survenir si les fascias viscéraux sont affectés.
Le Dr Carla Stecco, anatomiste à l’Université de Padoue, explique que « la douleur myofasciale est souvent confondue avec des douleurs musculaires ou articulaires, alors qu’elle provient du fascia lui-même. »

Symptômes associés
Un fascia en souffrance se manifeste par une sensation diffuse de raideur, des douleurs fluctuantes, une fatigue persistante et une perte de mobilité progressive. Souvent, les examens d'imagerie médicale (IRM, radiographies) ne révèlent rien d’anormal, car les problèmes sont fonctionnels plutôt que structurels.
Comment prendre soin de ses fascias ?
Les fascias réagissent bien à un mouvement lent, régulier et varié. Robert Schleip insiste sur le fait que « bouger est la meilleure manière d’hydrater le fascia et d’éviter les adhérences ».
Voici quelques conseils simples :
Hydratation régulière : les fascias sont composés de 70 % d’eau.
Mouvement fréquent : pratiquez des activités comme la marche, le yoga ou le tai-chi pour stimuler la fluidité des fascias.
Respiration profonde : le diaphragme est un centre fascial majeur.
Étirements doux : évitez les mouvements brusques qui dessèchent le tissu conjonctif.

Comment traiter des fascias rigides ?
Lorsque les fascias sont déjà rigides, plusieurs approches permettent de restaurer leur mobilité.
La fasciathérapie, également connue sous le nom de Méthode Danis Bois, est une approche manuelle douce visant à restaurer la fonction corporelle à travers le travail sur les fascias, en s'appuyant sur une dimension perceptive du toucher. Selon une étude de perception réalisée auprès de 446 physiothérapeutes formés à cette méthode, 95,8 % ont constaté une amélioration significative des douleurs physiques grâce à la fasciathérapie et 84 % ont rapporté une amélioration de leur bien-être mental.
La libération myofasciale (MFR) utilise une pression lente et soutenue sur les tissus conjonctifs pour réduire les tensions, améliorer la mobilité et favoriser le glissement entre les couches fasciales. Des revues systématiques, telles que celles publiées dans Frontiers in Medicine, indiquent que la MFR peut entraîner une réduction modérée de la douleur et améliorer la fonctionnalité physique chez les personnes souffrant de lombalgies ou de cervicalgies chroniques.

Méthodes de traitement des fascias
La méthode MUNZ FLOOR, développée par Alex Munz, ancien danseur de l’Opéra de Berlin, repose sur des mouvements lents et spiraux au sol, en harmonie avec la respiration. Munz explique que ces petites rotations créent des micro-écarts entre les couches de fascias, permettant ainsi de réhydrater les tissus, de nourrir les nerfs et de soulager la douleur.
Le Rolfing, ou Intégration Structurelle, se concentre sur la réorganisation des fascias en alignant le corps avec la gravité. Cette méthode permet de restaurer la mobilité et l'équilibre postural tout en améliorant la perception corporelle.

Le Yin Yoga consiste à maintenir des postures au sol pendant de longues périodes pour permettre aux tissus profonds, y compris les fascias, de se relâcher. Bernie Clark, auteur du Guide complet du Yin Yoga, note que cette pratique vise à accroître la souplesse et la résilience des tissus conjonctifs.
Le Pilate doux souligne l'importance de la respiration et du contrôle des mouvements, renforçant les muscles profonds tout en préservant la souplesse des fascias.
Les fascias, souvent négligés, émergent comme une composante essentielle de la santé globale. Le Dr Schleip souligne que « le fascia est le chaînon manquant entre la mécanique et la perception », reliant notre corps physique, émotionnel et énergétique. Bien que les retours des pratiquants de ces méthodes soient généralement positifs, il est crucial d'approfondir les recherches scientifiques pour mieux comprendre leur efficacité.
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