En plein cœur de la capitale, le Palais Garnier est bien plus qu’un simple théâtre. C’est une œuvre d’art intemporelle qui a traversé les époques. Au-delà de sa splendeur visuelle, il a toujours joué un rôle central dans l’histoire de l’opéra et du ballet, tout en étant un haut lieu de la vie sociale et un pôle culturel de rayonnement international. Découvrez ce monument mythique alliant héritage et innovation dans un cadre prestigieux.
L’Histoire du Palais Garnier : de la volonté impériale à l’épreuve des eaux
Suite à l’attentat manqué dont il fut victime en se rendant à l’Opéra de la rue Le Peletier en 1858, Napoléon III décide de la construction d’un nouvel opéra, plus sûr et plus grand. Le jeune architecte Charles Garnier, alors peu connu, remporte le concours.
La première pierre de l’Opéra Garnier est posée le 21 juillet 1862, marquant le début d’un chantier colossal. La préparation du terrain s’avère complexe : une nappe phréatique, alimentée par un bras de la Seine, se situe sous le site choisi. Pour surmonter cet obstacle, Charles Garnier met en place un système de pompes puissant qui assainit le sol en extrayant d’énormes volumes d’eau. C’est autour et au-dessus de cette réserve d’eau que le monument est érigé, donnant naissance au célèbre lac souterrain, situé à une dizaine de mètres sous la scène. Ce lac joue un rôle crucial de lest, équilibrant les forces physiques de cette structure massive et élevée, et sert également de réservoir en cas d’incendie. Pour l’anecdote, la quantité d’eau pompée lors de la construction aurait suffi à remplir un volume équivalent à la Cour Carrée du Louvre en surface, avec la hauteur des tours de Notre-Dame !
Cependant, les inconditionnels du Fantôme de l’Opéra seront déçus d’apprendre qu’il est impossible pour le fantôme d’accéder à ses appartements en naviguant sur ce lac ; il n’existe aucune pièce souterraine cachée permettant une telle traversée.
L’Opéra Garnier est finalement inauguré le 5 janvier 1875 en présence du Président de la Troisième République, Mac Mahon. Le nouvel édifice est accueilli triomphalement, devenant rapidement un monument incontournable de Paris. Son architecture mêle harmonieusement les influences classiques, baroques et Renaissance. Charles Garnier, fervent défenseur de la couleur en architecture – ce qui tranchait avec le Paris haussmannien de l’époque aux teintes plus uniformes – a cherché à créer un bâtiment « haut en couleur » qui évoque la fête et le spectacle. Les façades, richement décorées de sculptures, de colonnes en marbre et de frises, offrent un spectacle permanent aux passants.
Les espaces emblématiques du Palais Garnier
La Rotonde des Abonnés
La Rotonde des Abonnés n’était pas l’entrée principale mais un accès privilégié et discret, réservé aux abonnés de l’Opéra. Ces membres fortunés et influents de la haute société, grâce à leur souscription annuelle, pouvaient arriver en calèche à l’abri des regards et des intempéries, bénéficiant d’une entrée plus intime et exclusive que la façade principale.

Un détail remarquable du décor de cette rotonde est la signature de l’architecte Charles Garnier lui-même. Au plafond, orné d’arabesques, on peut lire en lettres entrelacées : « Jean Louis Charles Garnier 1861 - 1875 », encadrant les dates de début et de fin de construction. Une touche personnelle et un hommage discret du maître d’œuvre à son grand ouvrage.
Le Grand Escalier


À l’intérieur de l’Opéra Garnier, le Grand Escalier, conçu en marbre blanc et orné de colonnes finement sculptées, est bien plus qu’un simple passage. C’est une véritable scène spectaculaire où chacun pouvait se montrer et être vu.

Au premier palier, vous pouvez admirer deux cariatides impressionnantes qui encadrent la porte menant à l’orchestre. Réalisées en bronze partiellement doré, marbre jaune et marbre vert, elles représentent la Tragédie et la Comédie.

Sur les côtés, face à ce majestueux escalier, des balcons aménagés au premier étage, revêtus de marbres précieux aux multiples couleurs, offrent aux spectateurs un point d’observation idéal pour contempler l’arrivée des autres convives, ajoutant une nouvelle dimension théâtrale à ce décor déjà spectaculaire.
Le Grand Foyer
Le Grand Foyer est une immense galerie de 18 mètres de hauteur, 54 mètres de longueur et 13 mètres de largeur, soit une superficie de 702 m². Ses dimensions sont accentuées par un astucieux jeu de miroirs et de fenêtres. Richement décoré, ce lieu était conçu comme une extension de la salle de spectacle, une véritable arène sociale. Les visiteurs s’y rendaient non seulement pour assister aux opéras et ballets, mais aussi et surtout pour se présenter et observer les autres. C’était un espace dédié à la promenade et aux échanges mondains durant les entractes. Initialement interdit aux femmes, il fut ouvert à tous grâce à l’intervention de la reine d’Espagne en exil, Isabelle II.

En visitant le Grand Foyer, n’oubliez pas de lever la tête : aux extrémités de la galerie, deux visages se font face. À l’origine, ils devaient représenter Napoléon III et Eugénie. Cependant, la chute précipitée du Second Empire a contraint Charles Garnier à modifier ses plans, choisissant d’y apposer les visages de sa femme et le sien.
De nos jours, il est possible de privatiser le Grand Foyer et d’autres espaces du Palais Garnier pour des événements privés tels que des mariages, des dîners de gala, des réceptions ou des tournages. Le Grand Foyer est particulièrement prisé pour sa grandeur et son faste, pouvant accueillir un nombre important de convives (par exemple, jusqu’à 300 personnes pour un dîner assis et 600 ou plus en cocktail).
La Salle de Spectacle
La salle de spectacle est véritablement le cœur de l’Opéra Garnier. Inspirée des théâtres à l’italienne, elle mesure plus de 30 mètres de largeur, sur 32 mètres de profondeur et 20 mètres de hauteur, offrant environ 1 900 places réparties sur plusieurs niveaux.


La lyre
La lyre, cet instrument de musique ancien, est associé à Apollon, dieu grec de la musique, de la poésie, des arts et de la lumière. Le mot « lyrique » lui-même dérive de « lyre », soulignant son lien intrinsèque avec le chant et la poésie accompagnée de musique. Elle occupe une place prépondérante dans la décoration du Palais Garnier.

L’une des représentations les plus emblématiques de la lyre au Palais Garnier est la sculpture d’Apollon avec sa lyre dorée, entourée de la Poésie et de la Musique, réalisée par Aimé Millet, qui culmine au sommet du dôme. La lyre d’Apollon, située à 56 mètres du sol, fait même office de paratonnerre.
La lyre est un motif décoratif que l’on retrouve un peu partout dans le bâtiment, des portes aux cheminées, en passant par les frises et autres ornements. Par exemple, les lumières et les portes sont décorées de lyres, symbolisant la musique lyrique. On peut également deviner un motif de lyre sur le manteau d’une cheminée dans le Grand Foyer.
La lyre est bien plus qu’un simple ornement au Palais Garnier. Présente depuis le sommet de l’édifice jusqu’aux moindres détails de son intérieur, elle affirme la primauté de la musique et des arts lyriques. Lors de votre visite, ouvrez l’œil, car elle se cache un peu partout.
Un symbole intemporel de l’art et de la culture
Dès son inauguration en 1875, le Palais Garnier est devenu le temple de l’opéra et du ballet à Paris. Il a accueilli et continue d’accueillir les plus grands artistes lyriques et danseurs du monde, ainsi que des créations et des productions de renommée internationale. C’est ici que le « grand opéra » français a connu son apogée et que le ballet romantique s’est épanoui.
Malgré son apparence classique, l’Opéra Garnier a toujours été un lieu d’expérimentation. Il a vu la création de ballets majeurs comme le célèbre Boléro de Maurice Ravel en 1928. Aujourd’hui encore, l’Opéra national de Paris, qui gère le Palais Garnier et l’Opéra Bastille, s’efforce de présenter un répertoire varié, mêlant œuvres classiques et créations contemporaines.
Malgré les changements politiques et artistiques, l’Opéra Garnier a su traverser les époques et s’adapter aux besoins et aux goûts, tout en conservant sa fonction première de lieu de création et de diffusion des arts lyriques et chorégraphiques. Il a vu défiler des générations d’artistes et de spectateurs.
Classé monument historique le 16 octobre 1923, il attire chaque année près d’un million de visiteurs. Pour profiter pleinement de votre visite et explorer des zones habituellement restreintes, il est conseillé de venir le matin et surtout n’oubliez pas de faire une réservation en ligne.
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