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Histoire. Saviez-vous que les prestations sociales existaient en Chine sous la dynastie Song au début du XIIe siècle ?

CHINE ANCIENNE > Histoire

PODCAST

De nombreuses personnes pensent que le système de protection sociale trouve son origine dans la Loi sur les pauvres, promulguée sous Élisabeth Ire en Angleterre, au début du XIIe siècle, en vertu de laquelle toutes les personnes âgées non aptes à travailler recevaient des aides à domicile, les enfants pauvres étaient placés dans des foyers, désignés et envoyés au travail comme apprentis lorsqu’ils atteignaient un certain âge, les sans-abris étaient emprisonnés ou envoyés dans des maisons de correction, mais peu de personnes savent qu’un système d’aide sociale et de secours étatique plus complet et plus humain que la loi élisabéthaine sur le secours aux pauvres, existait déjà dans la Chine, sous la dynastie Song, au début du XIIe siècle.

La population précaire sous la dynastie Song bénéficiait d’une protection allant du berceau jusqu’à la tombe

Les institutions d’aide sociale et de secours de la période Chongning de la dynastie des Song du Nord (960–1127) se composaient de trois systèmes : le système d’accueil et de protection sociale (居養院, Ju Yang Yuan), le système médical pour les plus vulnérables (安濟坊, An Ji Fang) et le cimetière pour les pauvres et sans abris (Lou Ze Yuan, 漏澤園).

Selon le Song Huiyao Jigao (宋會要輯稿) : « Au début de la période Chongning (1102-1106, sous le règne de l’empereur Huizong), lorsque Cai Jing (蔡京) était le premier ministre, il a créé la résidence pour les pauvres, personnes âgées et handicapées appelée " Ju Yang Yuan ", et la résidence pour les malades et orphelins appelée " An Ji Fang " et leur a donné des réserves de riz de l’État, qui étaient plusieurs fois plus généreuses qu’avant. […] La troisième année de Chongning, il a institutionnalisé le système de cimetière pour enterrer les pauvres. […] Lorsque l’on croisait sur la route une personne qui faisait une attaque et qui s’écroulait sur le sol, ou un mendiant qui n’avait personne sur qui compter, on pouvait l’envoyer dans une " Ju Yang Yuan " (résidence pour les pauvres, personnes âgées et handicapées) à proximité, et lui donner de l’argent et du riz pour l’aider. Les orphelins et les enfants pauvres aptes à étudier étaient envoyés dans des écoles primaires […] et les enfants abandonnés étaient nourris par les nounous recrutées ou élevés dans des temples taoïstes ou bouddhistes en tant qu’enfants disciples ».

Sous la dynastie des Song du Nord, la « Ju Yang Yuan » était une institution complète qui accueillait les personnes veuves, âgées ou handicapées, ainsi que les bébés abandonnés et les orphelins.

Au cours de la dynastie des Song du Sud (1127–1276), des institutions plus professionnelles ont été développées, telles que la Maison des personnes âgées, comparable à des résidences gratuites des séniors, le Bureau d’adoption des bébés qui était comparable à des orphelinats, et les grandes pharmacies et les cliniques qui fournissaient au public des consultations gratuites et des médicaments à des prix inférieurs à ceux du marché.

D’après les historiens, les cimetières ont vu le jour en Chine sous la dynastie des Han orientaux (25–220 ap. J.-C.), mais Cai Jing les a institutionnalisés pour la première fois dans l’histoire de la Chine et les finançait avec l’argent du gouvernement pour enterrer les personnes décédées trop pauvres pour se faire enterrer par leur famille, celles qui n’étaient pas réclamées par la population locale ou celles qui étaient placées dans des monastères, sans parents pour les réclamer. Ces cimetières se trouvaient souvent dans les montagnes et étaient gérés par les moines bouddhistes. Le système de Cai Jing a toujours été suivi par les dynasties ultérieures.

On peut ainsi conclure que le mécanisme d’aide sociale et de secours mis en place par la dynastie Song couvrait tous les aspects de la vie d’une personne : « la naissance, la vieillesse, la maladie et la mort », et permettait une protection sociale complète « allant du berceau jusqu’à la tombe ».

Bien entendu, la population couverte par le système de protection sociale de la dynastie Song se limitait aux « veufs, veuves, orphelins, pauvres et ceux qui étaient incapables de subvenir à leurs besoins » : il ne s’agit pas d’une protection sociale universelle sans distinction de revenus ni de richesse. Les personnes pauvres, aptes à travailler, étaient obligées de travailler selon la loi, sinon elles risquaient même d’aller en prison.

Un bref aperçu des différentes politiques sociales de la dynastie Song

Si vous étiez un sujet de l’empereur Song, de votre conception dans le ventre de votre mère jusqu’à votre décès, en passant par votre naissance, votre éducation et votre vieillesse, vous seriez protégé par les différentes politiques d’aide de la dynastie Song.

Protection des mineurs

Durant la dynastie Song, il existait un grand nombre d’institutions de protection des mineurs et des nourrissons. Cependant, de telles institutions spécialisées ne sont apparues qu’au cours de la dynastie des Song du Sud. Ce sont les premiers orphelinats au monde ouverts par le gouvernement.

Si un orphelin errait dans un comté, une ville ou la capitale pendant la dynastie Song, ou si une famille n’avait pas les moyens d’élever leurs enfants en raison de la pauvreté, alors, selon le système de l’époque, ces enfants étaient placés dans une institution de protection sociale proche de chez eux, où le gouvernement fournissait logement, vêtements, nourriture et scolarité gratuite, ou bien le gouvernement accordait des subventions aux familles pauvres pour élever leurs enfants. Il s’agissait ainsi d’un système d’assistance sociale de la dynastie Song pour la protection des mineurs.

  1. Protection des couples mariés et surtout les femmes

Les femmes étaient tenues d’enregistrer les informations relatives à l’identité de leur futur enfant à partir du 5ème mois de grossesse. Le gouvernement envoyait une personne pour s’occuper des femmes enceintes pauvres, pendant leur grossesse, et plus tard une sage-femme les aidait à accoucher. La dynastie Song a également promulgué une loi stipulant que la dot d’une femme et tout l’argent personnel qu’elle gagnait après le mariage lui appartenaient entièrement, qu’ils n’étaient pas comptés comme faisant partie des biens de sa belle-famille. Les femmes pouvaient tout emporter avec elles lorsqu’elles se remariaient. Cette loi a amélioré le statut des femmes qui vivaient avec leur belle-famille et il était courant de se remarier après un divorce sous la dynastie Song.

Pour les hommes : si le mari restait à la maison après la naissance de l’enfant pour s’occuper de son épouse, il était exempté de corvées pendant un an, peu importe s’il n’avait pas d’argent, pas de maison et pas de cheval, tant qu’il réussissait l’examen impérial, il avait un emploi officiel comme fonctionnaire, son épouse avait un toit et de l’argent pour vivre correctement.

  1. La protection de la population précaire

Si une personne revenait à la dynastie Song, elle n’était jamais sans toit car le loyer pour les logements sociaux était bon marché. À l’époque, pour une personne âgée, malade, handicapée ou victime d’une catastrophe, le gouvernement disposait de la résidence appelée « Ju Yang Yuan ». Pour les exilés et les pauvres, si un patient n’avait pas le moyen de se faire soigner, le gouvernement disposait de la résidence appelée « An Ji Fang » pour l’aider, si une personne était dans un cas particulier, tel que décédé dans une autre ville, le gouvernement disposait d’un cimetière commun appelé « Lou Ze Yuan » pour l’enterrer et organisait pour elle des rites religieux post mortem.

  1. Les vacances et congés sous la dynastie Song

Les gens de la dynastie Song disposaient de 113 jours de repos par an. Parmi ces jours de repos, il y avait cinq périodes de congé de sept jours : au jour de l’an lunaire, au Festival des lanternes, au Festival de la nourriture froide, au  Festival de la célébration du ciel (le troisième jour du premier mois lunaire) et au solstice d’hiver. En d’autres termes, les gens de la dynastie Song pouvaient avoir cinq « semaines d’or », ce qui a bien contribué aux achats et au développement économique de la dynastie Song.

Qui finançait ces politiques de protection sociale ?

Le système de protection sociale peut sembler attrayant, mais il n’y a rien de gratuit. Les principales sources de financement de la dynastie Song pour faire fonctionner les institutions sociales étaient les suivantes : le trésor du gouvernement, les dons de la famille impériale, les revenus sur les loyers des terres gouvernementales, les revenus des institutions commerciales gouvernementales, comme le revenu locatif des entrepôts gérés par le gouvernement, et les intérêts de la réserve du riz et de l’argent du gouvernement. Si les revenus venant des intérêts de la réserve du gouvernement ne pouvaient pas couvrir ces dépenses, il était nécessaire de collecter de l’argent autrement ou d’augmenter les recettes fiscales.

Conclusion

L’expérience de l’Europe moderne montre que lorsqu’une société commence à se transformer en une société de commerce, urbanisée et mobile, une énorme classe de pauvres se forme inévitablement. Le système de secours fourni par la communauté religieuse n’est plus suffisant pour répondre aux besoins de la société, et les aides doivent être assumées par le trésor de l’Etat fort.

La protection sociale de l’État et la charité privée sont toutes deux des mécanismes de secours indispensables à la société. Si une dynastie chinoise d’il y a 800 ans a pu se fixer l’objectif : « Qu’il n’y ait plus d’enfants pleurant de faim dans la rue », 800 ans plus tard, faisons-nous mieux qu’eux ?

Rédacteur Jessica Wang

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