L’histoire se déroule pendant l’époque d’Edo au Japon (1603 – 1868) et raconte l’histoire d’un maître de thé renommé au service d’un puissant noble. Au Japon, la philosophie du Thé et du zen ne font qu’un, était largement répandue. Ainsi, la pratique de la cérémonie du thé était considérée non seulement comme un art culturel, mais aussi comme une forme de développement spirituel.

Un jour, un noble devait se rendre à la capitale et ne supportait pas de laisser son fidèle maître de thé derrière lui. « Viens avec moi », lui dit-il, « tu pourras préparer mon thé tous les jours. » Le maître de thé hésita. « Je ne maîtrise pas les arts martiaux », répondit-il. « Et s’il arrivait quelque chose en chemin ?»
Son maître le rassura : « Porte simplement un sabre et habille-toi comme un samouraï. Personne ne te dérangera ». À contrecœur, le maître de thé enfila la robe de samouraï, ceignit un sabre et suivit son maître jusqu’à la capitale.

Un défi mortel lancé par un épéiste errant
Un après-midi, le maître de thé se retrouva seul à errer dans les rues. Soudain, un épéiste rebelle, un rōnin, apparut et le défia.

« Vous êtes aussi un samouraï ? Combattons en duel », dit le rōnin. Le maître de thé tenta de s’expliquer : « Je ne suis pas un guerrier. Je suis juste un maître de thé.»
Mais le rōnin ricana. « Porter les vêtements d’un samouraï sans les compétences nécessaires est une insulte à l’honneur du guerrier. Vous méritez la mort ! ».
Sachant qu’il ne pouvait s’échapper, le maître de thé répondit : « S’il vous plaît, accordez-moi quelques heures. Laissez-moi terminer mon devoir pour mon maître. Je vous retrouve près de l’étang cet après-midi.»
Le rōnin accepta. « Soyez là », dit-il avant de s’éloigner.
Un maître de thé à la recherche de la mort la plus digne

Le temps étant serré, le maître de thé se précipita vers l’école d’arts martiaux la plus respectée de la ville. Dehors, une foule d’aspirants guerriers s’était rassemblée pour s’entraîner. Se frayant un chemin, le maître de thé s’approcha directement du grand maître.
« S’il vous plaît », supplia-t-il, « enseignez-moi la mort la plus honorable pour un samouraï ». Le grand maître fut stupéfait. « Tout le monde vient ici pour apprendre à vivre. Vous êtes le premier à demander comment mourir. Pourquoi ? »
Le maître de thé raconta sa rencontre avec le rōnin. « Je n’ai jamais combattu personne. Je ne sais que faire du thé. Mais aujourd’hui, je n’ai pas le choix. Je veux juste mourir dignement. »
Le grand maître réfléchit et prononça ces paroles : « Très bien. D’abord, préparez-moi une tasse de thé ». Surpris, le maître de thé hocha la tête. « Ce sera peut-être le dernier thé que je préparerai », répondit-il tristement.
Il alluma soigneusement le petit brasero et regarda l’eau de source de la montagne bouillir doucement. Il rinça les feuilles, filtra l’infusion et versa lentement le thé avec une grande précision et grâce. Chaque geste était calme et déterminé.

Le grand maître observa tout le processus en silence. Après avoir bu une gorgée, il s’exclama : « C’est le meilleur thé que j’aie jamais goûté. vous n’avez plus besoin de mourir ». « Mais… vous ne m’avez rien appris », constata le maître de thé.
Le grand maître sourit et lui répondit : « Je vous ai tout appris. Affrontez cet épéiste comme vous avez préparé le thé : avec une concentration, une clarté et une paix totales. »
L’illusion d’un guerrier

Dans l’après-midi, le maître de thé arriva à l’étang. Le rōnin était déjà là et dégaina immédiatement son épée. « Vous êtes là. Bien, combattons ! »
Mais le maître de thé se souvint du conseil du grand maître et s’approcha, l’esprit concentré sur son état lors de la préparation du thé.
Il regarda le rōnin dans les yeux et sourit. Puis, calmement et délibérément, il retira son chapeau et le rangea soigneusement de côté. Il dénoua lentement sa robe, la plia soigneusement et la glissa sous son chapeau. Ensuite, il resserra les manches de son vêtement intérieur et noua son pantalon. Chaque geste était réfléchi, serein et posé.
Alors qu’il se préparait, le rōnin commença à se sentir mal à l’aise. Le regard calme du maître de thé, son sourire constant et son sang-froid le troublèrent. Car il ne ressentait aucune peur : seule se dégageait de lui une confiance tranquille.
Lorsque le maître de thé dégaina enfin son épée, il la leva en l’air et la garda là, immobile et prête : bien qu’il ne sache pas comment s’en servir.

Soudain, le rōnin tomba à genoux. « Pardonnez-moi ! » s’écria-t-il. « Vous êtes le guerrier le plus redoutable que j’aie eu à affronter ».
Le véritable pouvoir derrière l’épée
Quelle compétence martiale a permis au maître de thé de vaincre sans combattre ?
Ce n’était pas la technique. C’était la force intérieure : un calme inébranlable, une vision claire de la vie et le courage d’affronter la mort avec dignité. Tel était le véritable « art martial » qu’il avait maîtrisé sans le savoir au fil des années de pratique du thé.

En fin de compte, ce n’est pas toujours la compétence qui compte le plus. Parfois, c’est ce qui se cache au-delà de la technique : notre état d’esprit, notre présence et notre cœur, qui détermine véritablement la victoire.
Rédacteur Charlotte Clémence
Source : The Tea Master’s Secret: How Calm Presence Defeated a Warrior Without a Fight
www.nspirement.com
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