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Histoire. L’empereur Shun éduque et gouverne son peuple avec la morale

CHINE ANCIENNE > Histoire

PODCAST

Comparé aux règnes glorieux de Zhenguan (貞觀, par l’empereur Taizong de la dynastie Tang) , Kaiyuan (開元, par l’empereur Xuanzong de la dynastie Tang) et Kang-Qian (康乾, par l’empereur Kangxi et l’empereur Qianlong de la dynastie Qing), le fait que les empereurs Yao et Shun (堯舜) suivent la Voie du Ciel et que toutes les régions leur obéissent volontiers est peu familier pour les Chinois d’aujourd’hui parce que c’est lointain. Cette méconnaissance, cependant, n’est pas due au temps passé, mais au changement des normes morales qui est tellement radical que les gens d’aujourd’hui ne sont plus en mesure de comprendre la pensée des sages du passé.

L’empereur Shun, connu sous le nom de Youyu (有虞氏), était réputé pour sa piété filiale et sa vertu était connue dans toute la communauté chinoise dans le monde. Lorsqu’il labourait dans la montagne Li, il cédait ses terres fertiles à d’autres, lorsqu’il pêchait dans le lac Leize, il cédait ses zones de pêche bien gérées qui donnaient un bon rendement à d’autres, il incitait les artisans au bord de la rivière à fabriquer des poteries avec soin pour éviter la qualité médiocre…

Où qu’il soit, ses nobles vertus étaient capables d’inspirer son entourage, de sorte que « en un an, sa résidence est devenue un village, en deux ans, une ville et en trois ans, une grande ville » d’après Shiji ou Mémoires du Grand Historien. L'empereur Shun a démontré l’importance qu’il accordait aux rituels en promouvant une culture des rituels et de la musique, et en renforçant les vénérations des dieux.

La décision de l’empereur Yao d’abdiquer le trône au profit de Shun vertueux

La dévotion de Shun pour la Voie du ciel a touché l’empereur Yao et celui-ci a estimé que confier le monde à une telle personne serait digne de la responsabilité que lui a confiée le Ciel.

L’empereur Shun éduque et gouverne son peuple avec la morale
L’empereur Yao, qui désigne Shun comme son successeur. (Image : wikimedia / Ma Lin / Domaine public)

D’après Zhuangzi (莊子), il y a eu une conversation entre l'empereur Yao et Shun qui s’est déroulée comme suit.

Shun a demandé à l'empereur Yao : « Quelle est l’intention du Roi du Ciel ? (NDTR : le Roi du Ciel fait référence à Yao car il est considéré avoir la vertu céleste) »

L'empereur Yao lui a répondu : « Je n’insulte pas ceux qui n’ont aucun moyen de demander de l’aide, je n’abandonne pas les pauvres, je m’afflige pour ceux qui ont peiné, j’aime les enfants et j’ai de la compassion pour les femmes, voilà ce qu’est mon cœur. »

Shun a dit : « C’est très bien, mais ton cœur n’est pas assez grand. »

L'empereur Yao lui a demandé : « Alors que dois-je faire ? »

Shun a répondu : « La vertu céleste fonctionne en tranquillité et sans action, le soleil et la lune brillent et les quatre saisons se succèdent naturellement, tout comme la routine de jour et de nuit et lorsque les nuages se déplacent, la pluie tombe toute seule. »

L’empereur Shun éduque et gouverne son peuple avec la morale
La vertu céleste fonctionne en tranquillité et sans action. (Image : minghui)

L'empereur Yao a dit : « Comme je suis confus et troublé ! Vous êtes en phase avec la Voie du Ciel, je ne suis en phase qu’avec la Voie de l’Homme ».

Le Ciel et la Terre, considérés comme grandioses depuis les temps anciens, ont été loués conjointement par les empereurs Jaune, Yao et Shun. Par conséquent, que devrait faire d’autre les empereurs et rois dans les temps anciens, à part rester aussi calmes et tranquilles que le Ciel et la Terre.

Dans l’Antiquité, les gens étaient généralement d’une grande moralité et parlaient rarement à tort et à travers, comme c’est le cas aujourd’hui. On pouvait lire leur cœur dans une large mesure à travers leurs paroles. La cohérence entre la cultivation intérieure et les paroles et comportements apparents est devenue ultérieurement la philosophie du confucianisme.

Bien sûr, ce n’est pas seulement à cause de ses paroles que l'empereurYao a confié à Shun une affaire aussi importante que celle de gouverner le monde. Avec sa décision de céder le trône à Shun, l'empereur Yao a également marié ses deux filles à Shun : pour voir à quel point il était vraiment vertueux.

Bien que Shun ne soit qu’un fermier à l’époque, l'empereurYao le maria à ses filles car, dans les temps anciens, les empereurs jugeaient les gens non par leur profession mais par leur qualité morale. Comme le dit le proverbe, « une personne bienveillante, juste, loyale et fidèle, heureuse et bonne, c’est une personne qui obtient un titre de noblesse céleste et être ministre n’est qu’un titre humain ». Aucun titre de noblesse au monde ne peut être comparé à la vertu majestueuse d’un homme qui est en phase avec les voies du Ciel.

L’esprit divin et l’acuité du jugement de l’empereur Yao en tant que souverain ont été déterminés par le Ciel. Le fait que l'empereur Yao a choisi Shun, parmi tous les autres, était aussi un arrangement fait par le Ciel.

Shun a ému le Ciel et la Terre, ainsi que son père et sa belle-mère qui le maltraitaient

Il y a beaucoup d’histoires sur la bienveillance de Shun. Bien que Shun ait le cœur d’un sage, son père, Gusou (瞽叟), était un homme étroit d’esprit. Lorsque Shun était très jeune, Gusou s’est remarié après la mort de la mère de Shun et a expulsé ce dernier de la maison familiale : le privant de nourriture et de vêtements dans l’espoir qu’il meure de faim et de froid dans la nature.

Pourtant, Shun a survécu avec ténacité. N’ayant rien à perdre, il a subsisté grâce à son propre travail et a utilisé ses maigres revenus pour aider ceux qui étaient dans le besoin. Grâce à sa bienveillance, il a fini par obtenir le soutien de tout le monde. Plus tard, lorsque l’empereur Yao l'a marié à ses deux filles et lui a octroyé des vêtements et une maison, Gusou et la marâtre de Shun, jaloux et envieux, ont essayé de venir prendre leur part de richesse.

L’empereur Shun éduque et gouverne son peuple avec la morale
Shun, symbole de la piété filiale pure de la Chine ancienne. (Image : Par Qiu Ying, Dynastie Ming, Album de la piété filiale pure, Yu et Shun / Musée National du Palais de Taïwan / @CC BY4.0)

Ils ont essayé sans succès de faire du mal à Shun à plusieurs reprises, mais Shun a continué à les traiter avec respect. À une occasion, Gusou a piégé Shun. Sous prétexte de lui demander de réparer le toit de la grange, il a retiré secrètement l’échelle et a mis le feu autour de la grange.

Shun a réussi de justesse à sauter du toit en utilisant un grand chapeau comme parachute pour se protéger. Cependant, il a continué à les traiter avec gentillesse. Finalement, Gusou et la marâtre ont été si émus par la bienveillance et l’amour de Shun qu’ils se sont sentis vraiment honteux : ils ont décidé finalement de devenir de bonnes personnes.

Selon le dicton de la famille de Confucius - Hao Sheng (孔子家語 - 好生), Confucius a fait l’éloge de l’empereur Shun en ces termes : « En tant qu’empereur, Shun aimait son peuple et ne voulait pas avoir recours à la torture et à l’exécution. En nommant les fonctionnaires, il choisissait les sages et les vertueux. Sa vertu était comme le Ciel et la Terre, il était pur et libre de désir. Il éduquait son peuple de manière aussi douce, comme si les quatre saisons faisaient pousser toutes choses en douceur. Ainsi, les gens des quatre coins du monde ont accepté les enseignements de l’empereur Shun. Ainsi, les peuples minoritaires éloignés se sont assimilés avec plaisir. Comme résultat, les animaux sacrés tels que le phénix et la licorne sont apparus dans son empire et des oiseaux et des animaux ont été apprivoisés par sa vertu majestueuse. Parce qu’il aimait la vie ! Il n’y avait pas d’autre raison à cela ».

Rédacteur Jessica Wang

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