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Monde. Controverse au sujet du tournage de Mulan dans le Xinjiang

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Une affiche numérique pour le film controversé de Disney Mulan vue dans un cinéma de Bangkok, en Thaïlande. (Image : Vision Times)
 

Vingt législateurs américains ont demandé au PDG de Disney de s’expliquer sur les raisons pour lesquelles le film Mulan a été tourné avec l’aide des forces de sécurité chinoises dans le Xinjiang, où plus d’un million de Ouïghours et autres musulmans turcs sont détenus dans des camps de rééducation.

Christopher H. Smith, membre du Congrès américain, ainsi que les sénateurs Marco Rubio et Tom Cotton, étaient parmi les 20 personnes a avoir signé la lettre destinée à Bob Chapek, le PDG de Disney. Cette lettre exhorte le PDG à s’expliquer sur les raisons pour lesquelles le géant des médias a travaillé avec les autorités chinoises de sécurité et de propagande lors de la réalisation du film Mulan, qui vient de sortir dans les cinémas chinois le 11 septembre.

La lettre conjointe des législateurs fait suite à un tollé général provoqué par une nouvelle selon laquelle le film à gros budget remerciait notamment le « Bureau municipal de la sécurité publique de Turpan » et le « Département de la publicité du Comité de la région autonome ouïghoure du Xinjiang du PCC », ainsi que d’autres éléments de propagande au niveau local.

La lettre, datée du 11 septembre, souligne qu’un département du gouvernement américain avait inscrit le bureau de sécurité de Turpan mentionné ci-dessus, au registre des « violations des droits de l’homme et abus, dans la mise en œuvre de la campagne de répression en Chine, la détention arbitraire massive et la surveillance de haute technologie contre les Ouïghours, les Kazakhs et d’autres membres des groupes minoritaires musulmans » dans la région du Xinjiang.

La lettre indique que le « Département de la publicité (ou propagande) du Xinjiang - qui est une branche du Parti communiste chinois (PCC) - a nié, déformé et couvert d’une autre manière ces crimes contre l’humanité, qui comprennent également le travail forcé, ainsi qu’une campagne de stérilisation de masse, d’avortements forcés et de contrôle des naissances, à l’encontre des Ouïghours ».

Les législateurs estiment que des informations accessibles au public avant le tournage de Mulan en 2018, révélaient la réalité des camps d’internement de masse détenant des Ouïghours.

« Au 1er juillet 2018, les principaux médias aux États-Unis, en Australie, au Royaume-Uni et à Hong Kong ont tous rapporté que Pékin avait interné des centaines de milliers, voire plus d’un million, de Ouïghours et de minorités dans la région autonome ouïghoure du Xinjiang », peut-on lire dans la lettre. « La décision de tourner des scènes du film dans cette région du Xinjiang, en coopération avec des éléments locaux de sécurité et de propagande, offre une légitimité tacite à ces auteurs de crime, pouvant justifier la désignation de génocide ».

Disney s’est associé avec le groupe public chinois Shanghai Shendi Group, pour la gestion du parc Disneyland de Shanghai, illustré ci-dessus. Le groupe Shanghai Shendi détient les parts de contrôle du parc qui a ouvert en 2016. (Image : pixabay.com)
Disney s’est associé avec le groupe public chinois Shanghai Shendi Group, pour la gestion du parc Disneyland de Shanghai, illustré ci-dessus. Le groupe Shanghai Shendi détient les parts de contrôle du parc qui a ouvert en 2016. (Image : pixabay.com)

Disney s’est associé avec le groupe public Shanghai Shendi Group pour la gestion du parc Disneyland de Shanghai, illustré ci-dessus. Le groupe Shanghai Shendi détient les parts de contrôle du parc qui a ouvert en 2016.

La lettre demande à Bob Chapek des précisions concernant l’implication de l’État chinois dans le tournage du film Mulan au Xinjiang.

Il est demandé plus spécifiquement quel était le degré d’implication des entités communistes de sécurité et de propagande lors du tournage de Mulan et s’il y avait des exigences contractuelles ou des demandes faites à Disney par ces entités et par toute autre entité du PCC ou de la République populaire de Chine (RPC) pour que leurs noms figurent au générique.

Les législateurs demandent également à Bob Chapek de préciser dans quelle mesure les dirigeants et cadres supérieurs de Disney étaient conscients, lors du tournage de Mulan, qu’une campagne de surveillance et de détention massive était menée par l’État contre les Ouïghours et d’autres minorités musulmanes du Xinjiang.

« S’ils n’étaient pas au courant, comment la Walt Disney Company s’assurera-t-elle à l’avenir que ses dirigeants et ses cadres soient informés de la surveillance et des détentions de masse », s'interrogent-ils dans la lettre.

Une vue satellite du centre de rééducation de la ville de Turpan (42.955212°, 89.242028°) telle qu’obtenue par le chercheur Shawn Zhang à l’aide de Google Earth. Turpan est la région du Xinjiang où le film Mulan a été tourné. (Image : Google Earth)
Une vue satellite du centre de rééducation de la ville de Turpan (42.955212°, 89.242028°) telle qu’obtenue par le chercheur Shawn Zhang à l’aide de Google Earth. Turpan est la région du Xinjiang où le film Mulan a été tourné. (Image : Google Earth)
 

« Veuillez décrire dans quelle mesure les équipes de tournage et de production étaient au courant de la surveillance et de la détention massive des Ouïghours et autres minorités musulmanes dans la région autonome du Xinjian, pendant qu’elles localisaient et filmaient le lieu », demandent les signataires de la lettre.

« Veuillez décrire le raisonnement qui a conduit la Walt Disney Company à réaliser le tournage de Mulan, à la lumière de ces rapports crédibles et largement diffusés sur les violations flagrantes des droits de l’homme commises par la RPC et le PCC dans la région autonome du Xinjian, et si le tournage dans cette région était lié à la garantie de l’accès au marché de la RPC », poursuivent-ils dans leur lettre.

Au moment de la publication de cet article, Disney n’a pas commenté la controverse sur le crédit de Mulan ni sur son tournage dans le Xinjiang.

Mulan avait déjà obtenu le hashtag des réseaux sociaux #boycottMulan, après que l’une de ses stars, Liu Yifei, qui joue le rôle principal dans le film, ait apporté son soutien à la police de Hong Kong, via le site chinois Weibo, lors de manifestations pro-démocratiques dans la ville l’année dernière.

VIDÉO : reportage de Vice China’s Vanishing Muslims : Undercover In The Most Dystopian Place In The World - première diffusion en juin 2019.
 

Rédacteur Fetty Adler

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