Appuyez sur “Entrée” pour passer au contenu

Chine. Les Mongols en Chine descendent dans la rue pour défendre leur culture

ACTUALITÉ > Chine

Les Mongols de Chine descendent dans la rue pour protester contre la pression du parti communiste en faveur de l’éducation chinoise. (Image : Capture d’écran / YouTube)
 

Le Département de l’éducation de la région autonome de Mongolie intérieure en Chine a annoncé qu’à partir du 1er septembre 2020, toutes les écoles primaires et secondaires de Mongolie intérieure adopteront le mode d’enseignement dit bilingue, c’est-à-dire que la langue, l’histoire, l’éducation morale et l’éducation à l’État de droit seront enseignés en chinois, au lieu du mongol traditionnel. Cette annonce a déclenché une forte réaction au sein de la population d’ethnie mongole dans la région et des mouvements de protestation massifs.

La pression de Pékin pour imposer l’enseignement du chinois et les mesures de répression qui ont suivi ont conduit le monde extérieur à s’interroger sur le but de Pékin : l’éradication systématique de toute trace de la culture mongole qui pourrait même se terminer par un génocide.

Un mouvement de désobéissance pacifique des citoyens à grande échelle

Actuellement, un mouvement de « désobéissance pacifique des citoyens » à grande échelle a éclaté dans la région, et un grand nombre de personnes sont descendues dans la rue pour protester. Des dizaines de milliers d’élèves et de parents se sont mis en grève et ont protesté contre cette politique. Plus de 300 000 élèves sont descendus dans la rue pour protester contre l’utilisation du chinois au lieu du mongol comme langue d’enseignement principale.

Même les 300 employés de la Radio et de la Télévision de Mongolie intérieure, qui est directement affiliée au Parti communiste chinois, ont signé un document déclarant qu’ils démissionneront si les parents qui refusent d’envoyer leurs enfants à l’école chinoise sont punis. Ils ont déclaré qu’ils préféreraient perdre leur emploi plutôt que d’accepter une éducation bilingue qui favorise la langue chinoise à la langue mongole. Le centre d’information sur les droits de l’homme de Mongolie du Sud a également mis en ligne une vidéo indiquant qu’il y avait plus de 16 000 pétitions et 2 600 objections manuscrites d’élèves contre cette politique de sinisation forcée.

La pétition des employés de la Radio et de la Télévision de Mongolie intérieure. (Image : Capture d’écran / YouTube)
La pétition des employés de la Radio et de la Télévision de Mongolie intérieure. (Image : Capture d’écran / YouTube)
 

En réponse aux protestations, le Parti communiste chinois a eu recours comme d’habitude à sa méthode de dictature en envoyant la police spéciale en Mongolie intérieure pour fermer les écoles, arrêter les parents et les élèves, et empêcher les élèves de rentrer chez eux.

Le Bureau de sécurité publique de Bayannuur (ᠪᠠᠶᠠᠨᠨᠦᠦᠷ> ᠬᠣᠲ) et celui d’Ulaan Chab (ᠤᠯᠠᠭᠠᠨᠴᠠᠪ ᠬᠣᠲᠠ) en Mongolie intérieure ont récemment publié une série de circulaires intitulés « Sur la répression des actes illégaux et criminels liés à l’utilisation de matériel pédagogique national normalisé conformément à la loi », affirmant que « certaines personnes ayant des arrière-pensées » ont profité de la situation pour déformer les politiques de l’État, répandre des rumeurs et organiser des rassemblements et des manifestations illégaux, et qu’elles seront réprimées conformément à la loi.

Comme pour les manifestations des jeunes Hongkongais, le Parti communiste chinois a classé la manifestation des Mongoles comme étant « provoquée par des forces étrangères ». Le parti cherche activement dans plusieurs villes chinoises plusieurs centaines de « coupables » ayant participé aux manifestations, et a annoncé que toute personne qui dénoncerait les manifestants se verrait attribuer une récompense de 1 000 yuans RMB (100 euros) pour chaque Mongol qu’elle dénonce.

Le 2 septembre, le Bureau de la sécurité publique de Tongliao (ᠲᠦᠩᠯᠢᠶ᠋ᠣᠣ ᠬᠣᠲᠠ) en Mongolie intérieure a publié sept avis, promettant des récompenses pour l’arrestation d’au moins 138 suspects « ayant provoqué des troubles », affichant les portraits et les descriptions physiques de chaque personne.

Une suppression systématique de la culture mongole

Le 4 septembre, le magazine Bitter Winter, qui s’intéresse aux droits de l’homme en Chine, a rapporté que le ministre chinois de la sécurité publique, Zhao Kezhi, s’était récemment rendu en Mongolie intérieure et avait ordonné une répression impitoyable des manifestations. Selon Zhao Keshi, le Parti « va continuer à faire avancer la lutte anti-séparatiste, appliquer strictement les mesures antiterroristes » en Mongolie intérieure. Tout le monde « doit garder à l’esprit que la sécurité publique est sous contrôle du Parti », « doit résolument écouter le Parti et suivre le Parti à tout moment et en toutes circonstances ».

À cause de cette violente répression, beaucoup de parents ont été battus et un élève a même sauté par la fenêtre car il n’a pu protéger sa mère battue par la police. Jusqu’au 4 septembre, quatre suicides ont été signalés en Mongolie intérieure, le dernier en date étant celui d’une femme fonctionnaire de la Ligue d’Alxa (ᠠᠯᠠᠱᠠ ᠠᠶᠢᠮᠠᠭ) qui avait laissé un testament précisant qu’elle était déterminée à défendre la langue mongole.

Toutefois, le mécontentement et la résistance massifs de la population n’ont pas pu empêcher le parti communiste de mettre en œuvre ses politiques visant à maintenir son pouvoir.

Pékin a lancé récemment une campagne interdisant les papeteries en Mongolie intérieure de vendre les livres en mongole et les articles de papeterie liés à la culture mongole. « Bainu », qui signifie « Comment allez-vous ? », un réseau social très populaire en mongol a été fermé également. Cette interdiction a pour but de rendre plus difficile la communication entre les manifestants.

Bainu, réseau social en mongol interdit par Pékin récemment. (Image : Capture d’écran / YouTube)
Bainu, réseau social en mongol interdit par Pékin récemment.
(Image : Capture d’écran / YouTube)
 

Il est clair que les autorités de Pékin prévoient de supprimer systématiquement toute trace de la culture mongole comme elles l’ont fait avec la culture traditionnelle chinoise durant la Révolution culturelle dans les années 60 et 70, celle des Tibétains dans le passé, celle des autres minorités ethniques, sous diverses formes.

Bien que ce type d’enseignement de la langue chinoise soit présenté par les autorités de Pékin comme étant bénéfique au développement régional et au bien-être de la population locale, la violence des actions entreprises par Pékin dévoile néanmoins le vrai but du Parti communiste chinois : affaiblir et voire effacer les identités propres à chaque ethnie et remplacer leur propre langue par le chinois simplifié, qui n’est rien d’autre que le vecteur de l’idéologie du régime totalitaire du Parti communiste chinois.

Selon les experts, la promotion forcée par Pékin de l’enseignement du chinois et le retrait des articles de papeterie mongols en Mongolie intérieure violent la Constitution chinoise qui stipule que « Toutes les ethnies sont libres d’utiliser et de développer leurs propres langues et écritures, et de maintenir ou de réformer leurs propres coutumes et traditions ». Elle est également à l’encontre des traités internationaux sur les droits de l’homme et s’apparente à un génocide.

À cet égard, l’association chinoise des Droits de l’Homme Minsheng Guancha demande instamment à Pékin de respecter les souhaits et les droits du peuple mongol et de cesser immédiatement d’imposer l’enseignement du chinois en Mongolie intérieure, de libérer tous les parents et élèves détenus et que les élèves et parents blessés ou tués dans cet incident soient indemnisés par l’État.

Rédacteur Yi Ming 

Soutenez notre média par un don ! Dès 1€ via Paypal ou carte bancaire.