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Monde. Point de vue des Américains sur la Chine selon un récent sondage

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70 % des Américains interrogés estiment qu’il faut donner la priorité à la question des droits de l’homme en Chine. (Image : wikimedia / Brad Sherman / Domaine public)

Le 4 mars, le Pew Research Center a publié un rapport montrant les résultats de son enquête sur le ressenti du public américain vis-à-vis de la Chine. Le rapport interrogeait sur l’attitude des Américains envers la Chine dans différents domaines comme l’économie, les droits de l’homme, la technologie, la puissance militaire, le traitement du coronavirus, l’environnement, et les étudiants internationaux.

Selon l’enquête, quatre grands sujets de préoccupation se sont dégagés : le rôle de la Chine dans les cyberattaques, la perte d’emplois, la puissance militaire croissante du Parti communiste chinois (PCC), les droits de l’homme et les droits des animaux. Le sentiment négatif du public américain vis-à-vis du gouvernement chinois est également partagé par d’autres pays, comme le montre une précédente enquête du Pew Research Center, publiée en octobre 2020. Des pays tels que la Belgique, le Danemark, le Royaume-Uni, la Suède, le Canada, l’Australie et le Japon ont une opinion extrêmement défavorable de la Chine. Ce sentiment s’est accru au cours de l’année passée.

Les cyberattaques chinoises

L’une des sources de préoccupation majeure exprimée par le public américain concerne les cyberattaques. Les deux tiers des personnes interrogées ont déclaré que le problème était très sérieux. Ce nombre représente une augmentation de 7 % par rapport à l’enquête de l’année dernière. L’été dernier, le directeur du FBI, Christopher Wray, a fait des déclarations dénonçant les cyberattaques chinoises. Lors d’un événement à l’Institut Hudson, il a indiqué : « Pour atteindre ses objectifs et dépasser l’Amérique, la Chine reconnaît qu’elle doit faire des bonds en matière de technologie de pointe, mais la triste réalité est qu’au lieu de s’engager dans le dur labeur de l’innovation, la Chine vole souvent la propriété intellectuelle américaine et l’utilise ensuite pour concurrencer les entreprises américaines qu’elle victimise, en fait, en trichant deux fois ».

Dans un fichier photo pris le 4 août 2020, un certain Prince, membre du groupe de piratage Red Hacker Alliance, prétend montrer un site web surveillant les cyberattaques mondiales, depuis son ordinateur, situé dans son bureau de Dongguan, province du Guangdong au sud de la Chine. Les pirates informatiques de l’État communiste chinois utilisent, depuis janvier, un exploit « zero-day » sur les serveurs de messagerie de Microsoft Exchange Server.

Depuis janvier 2021 , les pirates informatiques de l’État communiste chinois utilisent un exploit « zero-day » sur les serveurs de messagerie de Microsoft Exchange Server. (Image : efes / Pixabay)
Depuis janvier 2021, les pirates informatiques de l’État communiste chinois utilisent un exploit « zero-day » sur les serveurs de messagerie de Microsoft Exchange Server. (Image : efes / Pixabay)

Il a également déclaré que le gouvernement chinois cible « la recherche sur tout, du matériel militaire aux éoliennes ». Au cours des derniers mois, le Centre d’études stratégiques et internationales (CSIS) a signalé que les pirates informatiques chinois ont ciblé des organisations japonaises, des gouvernements d’Asie du Sud-Est, ainsi que le Centre national de données de Mongolie. Les pirates informatiques liés au gouvernement chinois ont ciblé des entreprises du secteur des jeux dans certains pays, exigeant une rançon de 100 millions de dollars.

Pertes d’emplois aux États-Unis

Les pertes d’emplois américaines au profit de salariés chinois ont augmenté de six points par rapport à l’année précédente, pour atteindre 53 % en 2021. Comme l’a déclaré un homme de 82 ans, « ils s’efforcent activement de prendre le contrôle des États-Unis sur le plan économique plutôt que militaire. Ils tirent sur nos capacités de production, copient les technologies de pointe, rachètent de grandes entreprises américaines et détiennent une grande partie de notre dette. Ils prennent méthodiquement le contrôle de notre économie ».

La pandémie a mis en évidence la gravité de la dépendance à l’égard de la Chine en tant que seul fabricant dans une chaîne d’approvisionnement éloignée des consommateurs nationaux. Lorsque la pénurie d’équipements médicaux et d’équipement de protection individuelle s’est manifestée en 2020, au plus fort de la pandémie, le goulot d’étranglement dans les approvisionnements a pointé vers la Chine, la fabrication des équipements s’étant déplacée des États-Unis vers la Chine.

Une puissance militaire croissante

Les Etats-Unis considèrent l’armée chinoise comme une menace.  (Image : pxhere / CC0 1.0)
Les États-Unis considèrent l’armée chinoise comme une menace. (Image : pxhere / CC0 1.0)

49 % des personnes interrogées estiment que la puissance militaire croissante du PCC est un problème sérieux. Lors de la réunion du Congrès national du peuple le 5 mars dernier, Pékin a annoncé une augmentation du budget des dépenses de la défense chinoise de 6,8 % pour cette année, pour atteindre 208 milliards de dollars.

Cette augmentation fait suite à des conflits avec l’Inde à propos de différends frontaliers et à l’exacerbation des tensions avec Taïwan. En février, des pirates informatiques liés à l’armée chinoise ont ciblé des Tibétains à l’intérieur et à l’extérieur du pays. Au mois de janvier, la Chine a envoyé des avions militaires dans le détroit de Taïwan dans une démonstration de force, au moment où l’administration de Biden entrait à la Maison Blanche.

Pour contrer toute aide américaine bénéfique à la croissance militaire du PCC, les investissements américains dans des entreprises liées à l’armée chinoise ont été restreints.

En novembre 2020, l’administration Donald Trump a interdit les investissements américains dans des entreprises privées chinoises soutenant les activités militaires de Pékin, car l’Armée Populaire de Libération (APL) utilise ces entités pour moderniser et développer sa technologie.

Droits de l’homme

En outre, environ 50 % des personnes interrogées considèrent les violations des droits de l’homme en Chine comme un problème grave, soit une augmentation de sept points par rapport à l’année passée. Sur un total de 84 % des Américains interrogés, 31 % estiment que les droits de l’homme fondamentaux en Chine sont un problème particulièrement grave.

L’année passée a été marquée par la répression chinoise contre la démocratie à Hong Kong par le biais d’arrestations en vertu de la nouvelle loi sur la sécurité nationale. 90 % des personnes interrogées estiment que la Chine ne respecte pas les libertés de ses citoyens.

Une intervenante à Washington DC, appelant à l’« arrêt de la persécution du Falun Gong » en Chine. (Image : wikimedia / CC-BY-2.0)
Une intervenante à Washington DC, appelant à l’« arrêt de la persécution du Falun Gong » en Chine. (Image : wikimedia / CC-BY-2.0)

Cependant, la répression du PCC contre les Tibétains, les chrétiens et les membres du groupe spirituel Falun Gong nécessite d’être exposée plus largement encore pour un impact significatif. Récemment, divers reportages ont mis en lumière l’utilisation des camps de concentration et du travail forcé sur le groupe minoritaire musulman ouïghour dans la région du Xinjiang.

En outre, un appel à l’action a été lancé à grande échelle pour mettre fin à l’utilisation de biens et de main-d’œuvre dans la chaîne d’approvisionnement, qui finit par se retrouver aux États-Unis sous la forme de produits de détail.

Parmi les Américains interrogés, 70 % estiment qu’il faut donner la priorité à la question des droits de l’homme en Chine. Ce sentiment transcende les affiliations politiques, le niveau d’éducation et les groupes d’âge des personnes interrogées. Comme l’a dit une des personnes : « Quand je pense à la Chine, la première chose qui me vient à l’esprit concerne les mesures oppressives qu’elle prend à l’intérieur de ses frontières, en particulier la situation critique des musulmans ouïghours, mais aussi les restrictions imposées par le gouvernement communiste à la liberté d’expression et à la dissidence de ses citoyens ».

Rédacteur Fetty Adler

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