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Monde. Poèmes clandestins d’un libraire de Hong Kong publiés en Suède

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Gui Minhai a réussi à faire sortir clandestinement quelques poèmes qu’il a composés en prison et ils ont été récemment publiés sous forme de recueil par un éditeur suédois. (Image : Capture d’écran / YouTube)
 

Gui Minhai, un libraire chinois de Hong Kong, est actuellement  emprisonné pour avoir offensé le Parti communiste chinois (PCC).

Gui Minhai a toutefois réussi à faire sortir clandestinement quelques poèmes qu’il a composés en prison et qui ont été récemment publiés par un éditeur suédois sous forme de recueil.

Poèmes écrits en captivité

Au total, le recueil compte onze poèmes qui ont été traduits en suédois. Les poèmes de Gui Minhai se concentrent sur sa vision de la Suède, il y évoque le peuple suédois et la mythologie nordique, tout en partageant des réflexions sur sa vie en prison. Une strophe d’un poème déplore à quel point il serait dommage d’arrêter d’écrire des poèmes simplement parce que la poésie elle-même a été mise en cage. Le recueil, intitulé « Je dessine une porte sur le mur avec mon doigt », a été publié le 5 mai, jour qui se trouve également être celui du 56e anniversaire de Gui Minhai. Sa fille, Angela Gui, en a écrit la préface.

Au total, le recueil compte onze poèmes qui ont été traduits en suédois. (Image : Capture d’écran / YouTube)
Au total, le recueil compte onze poèmes qui ont été traduits en suédois. (Image : Capture d’écran / YouTube)
 

Selon Martin Kaunitz, de la maison d’édition Kaunitz-Olsson basée à Stockholm, Gui Minhai avait mémorisé les poèmes en prison. « Lorsqu’il a été libéré pour un court moment, il les a écrits et les a transmis à sa fille... Certains des poèmes ont été publiés dans des journaux suédois et internationaux, il y a environ un an. Mais c’est la première fois que le recueil complet des poèmes écrits en prison est disponible », a-t-il déclaré, selon le Hong Kong Free Press.

Gui Minhai a été arrêté en 2018 en Chine, alors qu’il se trouvait dans un train en présence de diplomates suédois. En février de cette année, il a été condamné par un tribunal à une peine de dix ans de prison pour avoir fourni des renseignements à l’étranger. Gui Minhai était devenu citoyen suédois en 1992.  De ce fait, l’administration suédoise a demandé à pouvoir le rencontrer. En réponse, le tribunal chinois a affirmé que Gui Minhai avait volontairement rétabli sa citoyenneté chinoise en 2018. Comme la Chine ne reconnaît pas la double nationalité, elle a rejeté la demande de la Suède.

Une épine pour le régime

Gui Minhai est connu pour avoir publié plusieurs livres exposant la vie des dirigeants du Parti communiste chinois (PCC). Suite à sa condamnation, Amnesty International a critiqué le jugement, le qualifiant de « totalement dénué de fondement ». En 2015, Gui Minhai avait disparu aux yeux du public pendant un certain temps, pour finalement réapparaître dans une interview où il s’était accusé d’un accident mortel survenu une dizaine d’années auparavant. Il avait été condamné à une peine de prison de deux ans.

Gui Minhai est connu pour avoir publié plusieurs livres exposant la vie des dirigeants du Parti communiste chinois (PCC). (Image : Capture d’écran / YouTube)
Gui Minhai est connu pour avoir publié plusieurs livres exposant la vie des dirigeants du Parti communiste chinois (PCC). (Image : Capture d’écran / YouTube)
 

Les partisans de Gui Minhai ont souligné que ces aveux lui avaient été extorqués et que de tels agissements sont des tactiques courantes adoptées par le régime communiste. Angela Gui a fait campagne pour la libération de son père. L’année dernière, elle a reçu la visite de deux contacts chinois, la  pressant de conclure un accord stipulant que son père ne passerait que quelques années en prison à condition qu’elle cesse de critiquer le gouvernement chinois. Angela a refusé. Un ambassadeur suédois qui avait organisé la rencontre a été renvoyé par le gouvernement.

En novembre 2019, le PEN (une association internationale d’écrivains) de Suède a décerné le prestigieux prix Tucholsky à Gui Minhai. Le prix porte le nom de l’écrivain allemand Kurt Tucholsky, qui a fui l’Allemagne pendant le régime nazi et il est décerné à des auteurs persécutés. Cela a provoqué d’énormes tensions diplomatiques entre la Chine et la Suède, Pékin avertissant qu'il y aurait des « conséquences ». Michael Caster, co-fondateur de l’organisation de défense des droits de l’homme Safeguard Defenders, estime que le cas de Gui Mihani est emblématique des violations des droits de l’homme perpétrées par le Parti communiste chinois.

Rédacteur Camille Lane

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