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Chine. Xu Na, pratiquante de Falun Gong, condamnée à huit ans de prison pour un reportage sur l’épidémie de Covid-19

ACTUALITÉ > Chine

Xu Na, une artiste célèbre et pratiquante de Falun Gong basée à Pékin, a été condamnée à huit ans de prison le 16 janvier, à l’issue d’un simulacre de procès. Au cours des 22 ans de persécution par le régime communiste chinois, elle a fait face à une série d’abus et de situations dramatiques, dont la perte de son époux, mort sous la torture en 2008.

Xu Na, 54 ans, a été accusée d’avoir pris « illégalement » des photos et des vidéos rendant compte de l’épidémie émergente de Covid-19 en Chine. Elle a été arrêtée pour cela la première fois le 19 juillet 2020 à Pékin, ainsi qu’une douzaine d’autres pratiquants de Falun Gong pour des motifs inconnus.

Outre cette sentence, Xu Na a été condamnée à une amende de 20 000 yuans (environ 2 800 euros) et à été privée de ses droits politiques pendant un an.

Le Falun Gong, également connu sous le nom de Falun Dafa, est une discipline spirituelle traditionnelle chinoise pratiquée par des dizaines de millions de personnes en Chine et dans le monde depuis son introduction auprès du public en 1992.

Le Parti communiste chinois (PCC) a lancé une campagne massive pour éradiquer cette discipline populaire en juillet 1999, incarcérant des millions de personnes au cours des décennies suivantes. Des milliers de pratiquants de Falun Gong sont morts depuis lors, des suites de tortures et d’abus, et leur nombre ne cesse d’augmenter.

Une lourde peine pour un crime inexistant

« Certains sont condamnés à cinq ans, et d’autres à quatre ans. Cette fois, la peine est plus lourde », a déclaré Liang Xiaojun, l’avocat de la première heure de Xu Na. « Le tribunal a appelé pour nous informer que la sentence n’a pas encore été reçue. Les problèmes…, je pense que nous devons attendre que le verdict soit reçu avant de pouvoir donner une réponse concrète. »

Liang Xiaojun a été informé le 21 décembre que sa licence en droit lui était retirée en raison de son implication dans la défense des pratiquants de Falun Gong et d’autres groupes marginalisés en Chine.

Les autorités ont déclaré qu’il avait « vilipendé et discrédité le système et les principes fondamentaux établis par la Constitution », qualifiant son comportement de flagrant et de non conforme à la politique du Parti.

« Il existe de nombreuses interprétations différentes de la raison pour laquelle j’ai été radié du barreau. Certains disent que c’est à cause des affaires que j’ai représentées : les affaires de l’artiste Xu Na et de 11 autres personnes sont toujours en cours, et le Dr Xu Zhiyong est sur le point d’être jugé », a déclaré Liang Xiaojun le 6 janvier avant la condamnation de Xu Na.

Le PCC est connu pour arrêter, emprisonner et même torturer des avocats et des militants des droits de l’homme dans le pays, ainsi que pour imposer des restrictions arbitraires à la liberté de mouvement, y compris des interdictions de voyager dans le pays et à l’étranger.

Récemment, Tang Jitian et Guo Feixiong, deux avocats renommés spécialisés dans la défense des droits humains, auraient tous deux « disparu » après avoir été radiés du barreau il y a plusieurs années en raison de leur action militante en faveur des personnes privées de leurs droits dans la société chinoise.

Des militants chinois et étrangers ont également souligné que l’arrestation de Xu Na est un autre exemple de la répression des droits de l’homme par le PCC et qu’elle coïncide avec les prochains Jeux olympiques d’hiver, qui doivent débuter à Pékin le 4 février.

Wu Shaoping, un avocat chinois spécialisé dans les droits de l’homme qui vit actuellement aux États-Unis, a appelé le Comité international olympique à « ouvrir les yeux sur la situation des droits de l’homme sous le régime du PCC. Ils ne devraient pas continuer à collaborer avec le Parti communiste, c’est une honte pour le CIO », a-t-il déclaré à l’édition de The Epoch Times en langue chinoise.

Wu Shaoping a également appelé la communauté internationale à tenir Pékin pour responsable de ses violations des droits de l’homme : « Les pays du monde entier devraient boycotter les Jeux olympiques d’hiver de Pékin, car ces jeux vont à l’encontre du principe internationalement reconnu des droits de l’homme. »

Le cas de Xu Na « montre que le PCC a toujours dissimulé la pandémie et empêché la population de diffuser de véritables informations sur la contagion. En réalité, le fait que le Parti agisse ainsi ne contribue pas à stopper l’épidémie. »

Il estime que Xu Na a été jugée coupable de « porter atteinte à l’application de la loi » et condamnée à une si longue peine uniquement en raison de son adhésion au Falun Gong. « Ce type de verdict constitue une violation évidente de la loi », a déclaré Wu Shaoping. « Xu Na aurait dû être déclarée innocente dès le départ. Non seulement elle n’est pas coupable, mais elle a rendu service au public ».

Harcelés à plusieurs reprises pendant plus de deux décennies

Xu Na et son mari, le chanteur folklorique Yu Zhou, faisaient partie des 13 pratiquants de Falun Gong qui ont manifesté pacifiquement le 25 avril 1999 près du complexe de Zhongnanhai, la résidence officielle des dirigeants chinois, en réponse aux calomnies des médias. Cette manifestation a ensuite conduit au début de la persécution en juillet de la même année.

Le couple a de nouveau été arrêté en août 1999 et détenu pendant plus de 40 jours dans un établissement public. En 2001, Xu Na a de nouveau été arrêtée et condamnée à cinq ans de prison pour avoir défendu sa foi dans le Falun Gong. Elle a été libérée en 2006 mais a été placée sous « surveillance spéciale » par la police.

Peu de temps avant les jeux olympiques de Pékin, le 27 janvier 2008, un drame est survenu. Alors que Xu Na et Yu Zhou rentraient chez eux en voiture après un concert, ils ont été arrêtés. Lorsque la police a découvert qu’ils étaient en possession d’un livre sur le Falun Gong, ils ont été emmenés dans un centre de détention. Yu Zhou a été torturé à mort pendant 11 jours par les autorités chinoises. Il est décédé le 6 février 2008, la veille du nouvel an chinois. Il n’avait que 42 ans.

Xu Na, elle, a été condamnée à trois ans de prison. Les autorités du centre de détention ne lui ont pas permis de voir son mari avant sa mort, ni d’assister aux funérailles.

Rédacteur Swanne Vi

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