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Société. Me David Matas : le prélèvement forcé d’organes sur les pratiquants du Falun Gong doit être puni

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Le 21 octobre dernier, une rencontre spéciale a eu lieu à la Galerie de la Porte du Ciel à Paris. Elle avait comme objectif de faire connaître au public la persécution des pratiquants du Falun Gong en Chine continentale. La galerie a invité Me David Matas, un célèbre avocat canadien spécialisé dans les droits de l’homme et connu pour sa collaboration avec David Kilgour, ancien homme politique canadien, pour une enquête sur le prélèvement forcé d’organes sur les pratiquants du Falun Gong en Chine. Yang Jinhua, une pratiquante chinoise réfugiée en France était aussi présente pour témoigner sur son vécu en lien avec le prélèvement forcé d’organes.

Me David Matas : pourquoi le Parti communiste chinois (PCC) persécute le Falun Gong ?

Me David Matas a apporté des précisions sur la situation du Falun Gong en Chine. Il a indiqué qu’au départ, de nombreux hauts dirigeants du Parti communiste chinois pratiquaient également le Falun Gong et que le Falun Gong et été introduit en France grâce à l’invitation de Maître Li Hongzhi par l’Ambassade de Chine en France en 1995

À l’époque, il y avait deux camps sur la position à avoir vis-à-vis du Falun Gong au sein du PCC : les partisans pensaient que le Falun Gong n’était que des exercices avec une croyance et qu’il n’était pas nécessaire d’intervenir, tandis que les opposants pensaient que le Falun Gong révélerait beaucoup de vérités qui auraient un impact sur le gouvernement du PCC, et c’est pour cela qu’ils ont commencé à persécuter le Falun Gong.

Me David Matas était déjà au courant de la persécution sur le Falun Gong, mais ignorait l’ampleur des persécutions jusqu’en 2006, lorsqu’une Chinoise nommée Annie réfugiée aux États-Unis, a révélé à Washington que son ex-mari avait participé à l’ablation de la cornée des yeux de pratiquants du Falun Gong à l’hôpital Sujiatun de Shenyang.

Des enquêtes menées avec David Kilgour prouvent qu’un tel abus existe bien en Chine

Cette allégation était tellement invraisemblable qu’une organisation non gouvernementale a estimé qu’il était nécessaire d’enquêter sur cette affaire. David Kilgour, ancien ministre du gouvernement fédéral canadien, a été invité à participer à l’enquête. Il a choisi David Matas comme collaborateur, et c’est ainsi qu’ils ont commencé leur enquête. L’équipe d’enquêteurs a suivi à l’époque différentes pistes, dont certaines visaient à prouver qu’un tel acte n’avait pas existé, et d’autres à prouver qu’un tel acte avait bien existé.

Ils ont fait un travail volumineux et ont publié des rapports de centaines de pages avec des milliers de citations. Ils ont interrogé des pratiquants du Falun Gong libérés de la prison, du centre de détention ou réfugiés à l’étranger. Ils ont également interrogé les personnes non pratiquantes anciennement détenues en prison ou au centre de détention. Tous les résultats de leur enquête ont fini par montrer que de tels abus existaient en Chine, et qu’ils étaient pratiqués de manière systématique à l’échelle étatique.

Les personnes interrogées ont affirmé que dans toute la Chine, les pratiquants de Falun Gong ont subi des analyses de sang et de tissus. Ce n’est pas pour leur santé mais plutôt un processus indispensable pour les greffes. Les pratiquants de Falun Gong détenus en prison ou aux centres de détention ont subi régulièrement ces tests qui ne concernent que les pratiquants.

Les enquêteurs ont appelé les hôpitaux chinois pour leur demander s’ils disposaient d’organes de pratiquants de Falun Gong pour des transplantations : car le Falun Gong est une méthode de Qigong, et les pratiquants sont en bonne santé. Tous les hôpitaux en Chine ont répondu : « Oui, nous en avons, venez, nous pouvons prendre rendez-vous. »

Selon Me David Matas, la Chine n’a pas la tradition de don de corps humain, mais le gouvernement chinois a promulgué une loi en 1984 indiquant que les organes des condamnés à mort pouvaient être prélevés, de sorte qu’en Chine, les prisonniers politiques ne peuvent s’opposer à un tel traitement inhumain. Leur famille ignore souvent où ils se trouvent et n’ont donc aucun moyen de s’élever en leur nom contre le prélèvement des organes. Le gouvernement chinois n’a jamais admis avoir prélevé des organes sur les pratiquants du Falun Gong mais a déclaré qu’il s’agissait de prisonniers condamnés à mort. Mais ce n’est pas le cas, cela n’existe pas en Chine et si c’était vrai, des milliers de personnes seraient condamnées à mort chaque année.

Selon les données publiées par le gouvernement chinois, le nombre de transplantations d’organes dans les hôpitaux chinois a augmenté de façon spectaculaire depuis que le PCC a commencé à persécuter le Falun Gong en 1999.

En 2014, l’équipe d’enquête a fait le calcul. Elle s’est connectée aux sites web des hôpitaux qui publiaient le nombre de transplantations. Ils ont ensuite fait une simple addition pour chaque hôpital et ont constaté que le nombre d’organes prélevés n’était pas de 10 000 par an comme annoncé par le gouvernement chinois, mais de 100 000 par an. Si 100 000 organes sont prélevés chaque année, on peut dire qu’au fil des ans, le nombre de victimes qui pratiquent le Falun Gong doit s’élever à plusieurs dizaines de milliers.

De plus, le temps d’attente pour obtenir un organe est très court en Chine, si court qu’il ne faut parfois que quelques jours pour obtenir un organe compatible, et parfois même plusieurs organes de réserve, ce qui ne peut se produire que si l’on dispose d’une banque d’organes humains.

Me David Matas a ajouté : « Ce que je peux vous dire, c’est que tous ceux qui ont lu ces livres et qui ont fait leurs propres recherches, sans exception, sont arrivés aux mêmes conclusions que nous ». Malheureusement, on a très peu de témoins car les victimes sont mortes après le prélèvement de plusieurs organes et celles qui ont survécu n’ont pas subi de prélèvement.

Les médecins impliqués dans le prélèvement forcé d’organes ont « violé le Serment d’Hippocrate »

Me David Matas a affirmé que s’il s’agit d’un meurtre de masse, il ne s’agit pas seulement d’un grand nombre de victimes, mais également d’un grand nombre de criminels. Quiconque collabore avec les Chinois dans le cadre de transplantations est complice, commet un crime et ce crime doit être puni.

Pour Me David Matas, les transplantations d’organes avaient été inventées à l’origine pour sauver des vies, de sorte que peu de gens peuvent croire qu’un pays utilise le pouvoir d’État pour tuer des gens et prélever leurs organes pour le profit, ce qui dépasse tout ce que l’on peut imaginer et qui est donc difficile à croire. Le prélèvement forcé d’organes sur les pratiquants du Falun Gong est devenu une industrie en Chine. Les personnes impliquées ont « violé le Serment d’Hippocrate ».

Pour lui, les personnes impliquées dans le prélèvement forcé d’organes étaient comme les nazis, non pas parce qu’elles avaient subi un lavage de cerveau, mais parce qu’elles y croyaient. Il a cité le cas du Dr Enver Tohti Bughd, un ancien médecin militaire Ouïghour du Xinjiang, en Chine continentale, qui, en 1995, a reçu l’ordre de ses supérieurs de prélever les organes d’un condamné à mort. À l’époque, on lui avait dit que le condamné était un ennemi de la patrie et qu’il était mort. Cependant, Enver Tohti Bughd a découvert que le prisonnier était toujours en vie pendant le prélèvement d’organes. Enver Tohti Bughd a été choqué et a tout de suite compris que théoriquement, c’est lui qui avait tué le prisonnier. Depuis lors, Enver Tohti Bughd, hanté par sa culpabilité, a quitté la Chine pour dénoncer dans le monde entier les crimes commis par le Parti communiste chinois en matière de prélèvement d’organes, en s’appuyant sur son expérience personnelle.

Me David Matas a ajouté que le crime de prélèvements forcés d’organes ne concerne plus seulement les pratiquants de Falun Gong, mais s’étend également au peuple ouïghour et à la société chinoise dans son ensemble.

Me David Matas : « les prélèvements forcés d’organes est une autre forme de mal et tout le monde peut l’arrêter » 

Il a déclaré que le prélèvement forcé d’organes et la persécution du Falun Gong n’est qu’un changement technique, un changement de forme de persécution, alors que le mal dans la nature humaine n’a jamais changé depuis l’Antiquité. Il ne faut pas s’attendre à contraindre le PCC à effectuer des changements par le biais du pouvoir du gouvernement des autres pays ou des changements systématiques en rompant les liens avec la Chine. Le changement en Chine dépend entièrement des Chinois.

Me David Matas a souligné que plusieurs pays ont commencé à interdire à leurs citoyens de recourir aux transplantations d’organes pratiquées en Chine parce que chaque transplantation pourrait impliquer un meurtre.

« Je voudrais dire à chacun d’entre vous qu’en fonction de votre profession, de vos compétences, de vos contacts, de vos voisins, chacun d’entre vous peut faire quelque chose que je ne peux pas faire. La lutte pour les droits de l’homme est quelque chose que chacun d’entre nous doit faire au mieux selon ses capacités », a ajouté Me David Matas.

Me David Matas a d’ailleurs pris l’exemple des tableaux exposés dans la galerie, où les artistes exposent la vérité à travers leurs œuvres, pour expliquer que les gens ordinaires peuvent faire connaître la vérité grâce à leur propre action. Pour sa part, il continuera à parcourir le monde pour parler et exposer la vérité, y compris en France, aussi longtemps qu’il le faudra.

Le témoignage d’une pratiquante de Falun Gong

Me David Matas : le prélèvement forcé d’organes sur les pratiquants du Falun Gong doit être puni
Yang Jinhua explique qu’elle a failli être victime du prélèvement forcé d’organes pratiqué par le Parti communiste chinois. (Image : Caroline Daix / VisionTimes)

Yang Jinhua, pratiquante du Falun Gong, a fui la Chine pour s’installer en France en 2014. Elle a témoigné devant le China Tribunal à Londres en 2019 sur les persécutions en Chine pour sa croyance au Falun Gong, et surtout les bilans de santé qu’elle a subis sans explication, en centre de détention, ce qui fait écho avec l’explication donnée par Me David Matas.

En 2004, elle était détenue illégalement dans la deuxième unité du camp de rééducation par le travail pour femmes de Wangcun, à Zibo, dans la province de Shandong. Elle avait seulement 32 ans et elle était la plus jeune de l’unité.

Cette année-là, la police chinoise l’avait amenée dans un endroit secret pour faire un bilan de santé et lui avait prélevé une bonne quantité de sang. Ce n’est qu’après son arrivée en France qu’elle a eu connaissance de l’existence du prélèvement forcé d’organes. Elle a enfin réalisé qu’elle avait subi un examen médical de compatibilité avec le receveur.

Ensuite, elle a raconté la manière dont s’était déroulée une de ces « visites médicales ». C’était un matin d’octobre 2004 lorsque le chef de service l’a appelée par son nom dans le couloir et lui a demandé de sortir. Lorsqu’elle est sortie, le chef l’a emmenée dans la cour. Il y avait un bus garé dans la cour et le chef lui a dit de monter dedans.

Dans le bus, un policier lui a dit de s’asseoir. La vitre du bus étant masquée, elle ne pouvait pas voir l’extérieur et elle ne savait pas où elle allait. Lorsque le bus s’est arrêté, elle est descendue dans une petite cour inhabitée avec quelques maisonnettes.

Un policier l’a conduite à une table devant la porte d’une pièce et lui a demandé de s’asseoir. Une femme médecin a pris sa tension artérielle et l’a auscultée. Le policier l’a ensuite emmenée dans une autre pièce pour prendre ses empreintes digitales et un policier lui a tenu la main fermement pour le faire. Le policier a continué à la diriger vers la porte d’une autre pièce, où une autre femme médecin a saisi une seringue pour lui prélever du sang. Jinhua a été choquée par la quantité de sang prélevée. Après tout cela, un policier l’a ramenée dans le bus et au camp de rééducation par le travail.

Elle avait des doutes à ce moment-là et elle a demandé au chef le lendemain matin ce qui s’était passé la veille. Le chef lui a répondu qu’il s’agissait d’un bilan de santé. Après cela, Jinhua a peu à peu oublié cette histoire. À l’époque, elle ne savait pas encore que le prélèvement forcé d’organes existait. Selon Jinhua, le lanceur de persécution Jiang Zemin a donné un ordre secret pour la persécution du Falun Gong, à savoir les éliminer physiquement, les détruire financièrement, les discréditer, les compter comme des suicidés si les pratiquants sont abattus, et les incinérer sur place sans vérifier la provenance de la dépouille.

Jinhua a fui la Chine le 30 juillet 2014 pour s’installer à l’étranger. Après son arrivée à l’étranger, grâce à la liberté d’expression et à la transparence de l’information sur Internet, elle a vu de nombreux reportages sur le prélèvement forcé d’organes pratiqué par le PCC sur les pratiquants du Falun Gong, ce qui lui a rappelé la fois où la police l’avait envoyée à cette cour secrète pour faire ce bilan douteux. Elle a réalisé que le PCC l’avait enregistrée dans la banque d’organes, quelle horreur ! Jusqu’à aujourd’hui, elle a encore froid dans le dos lorsqu’elle y pense.

Madame Yang appelle sincèrement toute personne qui lira cet article à se joindre aux pratiquants du Falun Gong pour mettre fin à la persécution et au PCC.

La galerie a également présenté ce jour-là le film documentaire Medical Genocide : Hidden Mass Murder in China’s Organ Transplant Industry (Génocide médical : meurtre de masse caché dans l’industrie chinoise de la transplantation d’organes). Les lecteurs intéressés sont invités à regarder le film ou à consulter le livre de Me David Matas, Organes de l’État-Abus de transplantations en Chine.

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