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Culture. La route de la soie a permis l’échange des cultures et des traditions entre l’Orient et l’Occident

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Pendant des milliers d’années, l’Orient et l’Occident sont restés un mystère l’un pour l’autre. Mais la naissance de la route de la soie a agi comme un pont qui a permis aux gens de partager leur culture et leur patrimoine.

La route de la soie ne se réfère pas seulement à la notion de voyages le long d’une ancienne route commerciale, elle est aussi une expérience culinaire. Les aliments que nous consommons aujourd’hui portent les traces des denrées exotiques qui ont voyagé entre l’Est et l’Ouest, le long de cette route.

La route de la soie n’était pas une route unique. Elle était constituée d’un réseau mouvant de routes terrestres et maritimes qui s’ouvraient et se fermaient au fil de l’histoire. Elle est apparue au cours du Ier siècle av. J.-C. À l’est, la Chine était déchirée par des centaines d’années de guerre jusqu’à l’avènement de la dynastie Han. Sous ce nouvel empire (206 av. J.-C. - 220 ap. J.-C.), le commerce, ainsi que les déplacements en toute sécurité, sont devenus possibles sur un territoire beaucoup plus vaste.

L’Occident a connu simultanément une période harmonieuse unique. L’expansion d’Alexandre le Grand a conduit l’empire grec jusqu’en Asie centrale au coeur du IIIe siècle av. J.-C. Après que l’Empire romain l’ait supplanté, les conditions sont devenues propices au commerce et aux voyages.

La route de la soie à laquelle nous faisons référence aujourd’hui était à son apogée aux XIIIe et XIVe siècles. Cette époque était connue sous le nom de « Pax Mongolica » ou paix mongole. Ce nom est un clin d’œil à la « Pax Romana », la paix romaine, une période de stabilité qui s’est déroulée mille ans plus tôt.

À l’origine, les Mongols étaient un peuple de tribus nomades vaguement affiliées, vivant dans les immenses plaines arides de Mongolie. Sous la direction de Gengis Khan - le « souverain universel » - les tribus se sont unies, fondant le plus grand empire terrestre de l’histoire.

C’était le début d’une période d’aventure. Des voyageurs célèbres, tels que Marco Polo et Ibn Battuta, ont parcouru le pays, enregistrant les récits de leurs exploits.

Cependant, comme le disent les Chinois : « L’Empire, longtemps divisé, doit s’unir. Longtemps uni, il doit être divisé ». L’apparition de la peste noire en Asie et la dissolution de l’empire mongol ont mis fin à cette période de paix et de sécurité relatives. Les deux extrémités du monde ont été à nouveau isolées l’une de l’autre pendant des centaines d’années.

Un commerce durable

La « route de la soie » doit son nom à la marchandise la plus importante et la plus onéreuse qui y circulait, la soie. Pendant près de 3 000 ans, la Chine a tenu secret le procédé de la sériciculture, l’élevage du ver à soie, et de la production de la soie.

L’auteur romain Pline l’Ancien affirmait que Rome perdait chaque année des dizaines de millions en déficits commerciaux au profit de l’Orient, principalement à cause de la soie. Cependant, les commerçants partageaient également leurs idées sur les religions, sur leur culture et sur leur mode de vie, s’influençant mutuellement.

La route de la soie a également largement contribué à l’évolution de la cuisine à travers le monde. Où qu’ils voyagent, les gens sont sûrs d’être unis par ce qu’ils ont tous en commun : l’amour de la nourriture. Fervetolla, vivitamicitia ! « Pendant que la marmite bout, l’amitié perdure ».

La route de la soie a permis l’échange des cultures et des traditions entre l’Orient et l’Occident
La tradition des pâtes italiennes viendrait de la Chine ancienne. (Image : Pixabay / CC0 / Domaine public)

Une célèbre légende illustre l’origine des spaghettis italiens. Lorsque Marco Polo rentra de Chine, il décrivit en détail les nouilles qu’il avait vues en Orient. Ses histoires auraient donné naissance à l’une des traditions culinaires les plus vénérées en Italie.

Une autre preuve de la longue tradition des nouilles en Chine a été découverte sur un site archéologique le long du fleuve Jaune en Chine. En 2002, les archéologues du site de Lajia ont découvert un bol en terre cuite contenant des nouilles vieilles de 4 000 ans, parfaitement conservées. Ces premières nouilles étaient fabriquées à partir de millet, et non de blé. Elles ont précédé les nouilles en Europe et les nouilles ramen au Japon.

Les premiers voyageurs du « Croissant fertile », une bande de terres cultivables située le long de la route de la soie, ont rencontré des fabricants de nouilles chinois. Cette région étant riche en blé, il est donc devenu l’ingrédient principal.

Au fil du temps, ces aliments ont évolué pour devenir la base d’une grande partie de la cuisine mondiale. Dans le nord-est de la Chine, dans les provinces de Heilongjiang, Jilin et Liaoning, les célèbres recettes de nouilles, de boulettes et de brioches à la vapeur étaient à base de blé.

L’argent de la récolte du riz servait souvent à payer le blé. L’usage du riz s’est ensuite répandu au Moyen-Orient, en Amérique latine et en Amérique du Sud. La coutume de mélanger le riz avec le curry s’est également répandue en Inde et au Japon.

Les épices faisaient également partie des premiers produits échangés le long de la route de la soie. Christophe Colomb a découvert l’Amérique simplement parce qu’il cherchait un moyen plus facile d’accéder aux riches marchés d’épices de l’Inde. Bien que la même épice puisse être utilisée dans différentes cuisines, la façon dont elle est utilisée diffère d’une culture à l’autre.

La philosophie de l’alimentation

Historiquement, la base de l’art culinaire chinois était la philosophie. Selon les croyances traditionnelles, tout dans la société humaine est l’expression du « Tao » ou « Voie ». Lao Tseu, le fondateur du taoïsme, a écrit : « L’homme suit la terre. La terre suit les cieux. Les cieux suivent le Tao. Le Tao suit la nature ».

Le Tao symbolise l’harmonie du monde, l’ordre naturel des choses. C’est la racine de la cuisine traditionnelle chinoise, qui suggère que l’alimentation doit contribuer à équilibrer, renforcer et restaurer le corps humain. Les chefs chinois sont censés maîtriser ce que l’on appelle « les cinq goûts » : épicé, sucré, salé, amer et acide. Les chefs doivent les harmoniser pour mettre en valeur les saveurs naturelles d’un plat. La cuisine du Sichuan combine ces saveurs de base pour créer jusqu’à 20 autres « saveurs composées », telles que, par exemple, « épicé engourdissant », « épicé picotant »,« épicé à l’huile de piment » et « épicé au poisson ».

Thomas Jefferson, le troisième président des Etats-Unis, aurait été d’accord avec ce sentiment chinois ancien : « Le médecin de l’avenir n’administrera pas de médicaments, mais intéressera son patient aux soins du corps humain, à l’alimentation, à la cause et à la prévention des maladies ».

L’influence des premiers colons qui commerçaient avec la Chine, via la Grande-Bretagne, ne concernait peut-être pas que le thé, la soie et la porcelaine.

Le thé est l’une des boissons les plus anciennes et les plus appréciées au monde

La route de la soie a permis l’échange des cultures et des traditions entre l’Orient et l’Occident
Les anglais raffolaient du thé chinois. Ils ont fini par implanter sa culture dans tout l’Empire britannique. (Image : wikimedia / Photo by CEphoto, Uwe Aranas)

« Le nectar des dieux ».

Le thé est l’une des boissons les plus anciennes et les plus appréciées au monde. Il aurait été découvert il y a 4 000 ans, à peu près à la même époque que les premières nouilles.

Il existe de nombreuses légendes sur la façon dont les gens ont découvert le thé. La plus soutenue est l’histoire de Shennong, un empereur semi-divin de la mythologie chinoise. Un jour, alors qu’il faisait bouillir de l’eau dans son jardin, une feuille de thé d’un théier voisin tomba dans sa tasse. Il en apprécia l’arôme alléchant, lançant ainsi cette tradition intemporelle.

Le thé était à l’origine utilisé comme médicament. Shennong consommait des plantes, notant celles qui étaient toxiques. Quand il mangeait quelque chose de toxique, il buvait du thé pour se soigner.

Le thé, considéré comme le « nectar des dieux », comprend six variétés principales : le thé blanc, le thé vert, le thé jaune, le thé oolong, le thé Pu’er et le thé noir. Chaque catégorie est ensuite divisée en centaines de types différents.

Bien que le thé noir ne représente qu’un faible pourcentage du thé produit en Chine, les Britanniques l’adorent. C’était l’une des marchandises les plus échangées au sein de la Compagnie britannique des Indes orientales. Sous le contrôle britannique, la plante a été exportée en Inde, où les saveurs sont devenues plus profondes et plus corsées.

En Chine, le thé est consommé à l’état naturel, tandis qu’en Angleterre, on ajoute du lait, de la crème, du sucre et du citron. Les Britanniques ont répandu leur boisson préférée importée de Chine, dans toutes les régions de l’empire, y compris dans les colonies américaines. Depuis les années 1840, apprécier le thé est devenu un élément privilégié dans la vie quotidienne de millions de personnes.

La route de la soie a largement contribué à l’évolution de l’art cuisine à travers le monde. Même si nous ne voyagions pas à dos de chameau le long de la route de la soie, l’esprit de partage issu de cette culture est toujours présent aujourd’hui. Aujourd’hui, plus que jamais, le partage des cultures et des traditions s’avère très important.

Rédacteur Fetty Adler

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