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Culture. Conseils d’un père à son fils : retour sur le célèbre poème de l’écrivain britannique Rudyard Kipling

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Comme chaque année, la fête des pères est célébrée le troisième dimanche du mois de juin. Il existe mille et une manières de célébrer cette fête. Dans cet article, nous avons choisi de poser un regard sur le poème de l’écrivain Rudyard Kipling. La version française du poème est plus connue sous le titre : Tu seras un homme mon fils.

Conseils d’un père à son fils : retour sur le célèbre poème de l’écrivain britannique Rudyard Kipling
Rudyard Kipling est un auteur britannique né à Bombay en 1865. (Image : wikimedia / Elliott & Fry / Domaine public)
Conseils d’un père à son fils : retour sur le célèbre poème de l’écrivain britannique Rudyard Kipling
L’écrivain, très féru de littérature jeunesse, avait reçu le prix Nobel de littérature en 1907 pour l’ensemble de son œuvre. (Image : wikimedia / Spudgun67, CC BY-SA 4.0)

Qui était Rudyard Kipling ?

Rudyard Kipling est un auteur britannique, né à Bombay en 1865. Il était au sommet de son art lorsqu’il a écrit le poème intitulé If, c’est-à-dire Si. Il s’adressait à son fils alors âgé de 12 ans, lui prodiguant des conseils pour le préparer à entrer dans l’âge adulte. L’écrivain, très féru de littérature jeunesse, avait reçu le prix Nobel de littérature en 1907 pour l’ensemble de son œuvre.

Le poème publié en 1910 et ses vigoureux conseils d’un père à son fils, d’une portée planétaire, n’a cessé de soulever des réflexions. La fête des pères nous offre une nouvelle opportunité pour l’analyser de plus près.

 Conseils d’un père à son fils : résilience et juste milieu

Le poème commence comme suit :

Si tu peux voir détruit l’ouvrage de ta vie
Et sans dire un seul mot te mettre à rebâtir, 
Ou perdre en un seul coup le gain de cent parties 
Sans un geste et sans un soupir ;

Dès la première strophe, le père s’adressant à son fils met l’accent sur l’importance de la résilience, la capacité de se relever après avoir subi des épreuves de toutes sortes. Dans le premier des conseils d’un père à son fils, il est question de résister sans broncher, avec dignité.

Le passage suivant aborde la nécessité de préserver une certaine mesure dans le comportement. La répétition du mot « sans » met en relief cette qualité présente surtout chez l’adulte.

Et t’entendre mentir sur toi leur bouche folle,
Sans mentir toi-même d’un seul mot ;

Et plus loin :

Et si tu peux aimer tous tes amis en frère
Sans qu’aucun d’eux soit tout pour toi ; 
Quelques vers plus loin, nous lisons :
Si tu peux être dur sans jamais être en rage, 

Dans le même temps l’auteur rappelle la nécessité d’observer le principe du juste milieu, loi qui, selon Aristote,oriente nos choix en écartant les effets néfastes des excès.

Le stoïcisme mis en avant

Les conseils d’un père à son fils se poursuivent. L’auteur exhorte son fils à privilégier l’humilité tout en cherchant à transcender l’humiliation. Rester digne et ne point répondre à la provocation sont le signe de la maturité et de la capacité à dépasser ses émotions comme les vers suivants le laissent entendre : 

Si tu peux supporter d ’entendre tes paroles
Travesties par des gueux pour exciter des sots
Et d’entendre mentir sur toi leur bouche folle
Sans mentir toi-même d’un seul mot ;

Rester impassible et serein face à l’adversité relève d’une philosophie gréco-romaine, le stoïcisme prôné par Rudyard Kipling en particulier et par l’Angleterre victorienne en général. « Le terme stoïcisme désigne l’attitude morale d’un individu qui reste inébranlable et rationnel face aux difficultés, aux malheurs ou à la douleur, qui ne se laisse pas atteindre par l’adversité », selon la définition du Grand Dictionnaire encyclopédique Larousse. L’école de pensée stoïcienne a été fondée au IXe siècle av. J.-C. par Zénon de Citium, qui accordait une grande importance à la vertu et à l’acceptation des évènements hors de notre contrôle.

Conseils d’un père à son fils : retour sur le célèbre poème de l’écrivain britannique Rudyard Kipling
La maîtrise des diverses situations nécessite du courage, de l’humilité, de la bienveillance pour parvenir à la sagesse. (Image : sloomstudio / envato)

Une éducation tournée vers la sagesse et la vertu

Les conseils d’un père à son fils, nous le constatons, prédisposent à la recherche constante de la sagesse axée vers un humanisme bien présent. Les vers suivants en témoignent :

Si tu peux rester digne en étant populaire,
Si tu peux rester peuple en conseillant les rois,
Et si tu peux aimer tous tes amis en frère,
Sans qu’aucun d’eux soit tout pour toi ;

L’écrivain-père ne manque pas de nuancer ses propos :

Si tu sais être bon, si tu sais être sage,
Sans être moral ni pédant ;

De telles évocations nous mettent en garde contre ces sophistes dénoncés par Socrate, le père de la pensée grecque. Ces faux philosophes n’étaient que des donneurs de leçons « pédants », peu appréciés par Rudyard Kipling. Socrate, lui, était en quête permanente de la sagesse… Empreint de cette humilité légendaire, c’est lui qui répétait la formule célèbre : « Tout ce que je sais, c’est que je ne sais rien. » Des siècles plus tard, l’écrivain britannique préconise la même quête de sagesse en s’adressant à son fils adolescent. 

Tu seras un homme mon fils

Le poème touche à sa fin avec ces vers aux accents dramatiques, insistant sur les paradoxes :

Si tu peux rencontrer Triomphe après Défaite
Et recevoir ces deux menteurs d’un même front,
Si tu peux conserver ton courage et ta tête
Quand tous les autres les perdront,

 Le dernier vers n’est autre que le titre retenu par André Maurois : Tu seras un homme mon fils.

Rappelons-le dans la version originale, le poème s’intitule If, c’est-à-dire Si. Le terme qui introduit et ponctue chaque strophe du poème exprime toutes ces conditions, tous ces aléas qui vont jalonner la vie du fils et plus généralement de tout être humain en devenir.

Le titre If insiste sur le fait qu’être un homme n’est pas chose facile et correspond à un long cheminement semé d’embûches et truffé d’obstacles à franchir. Le poème de Rudyard Kipling fait référence à la complexité de la vie humaine. Les valeurs chères à l’homme mûr s’acquièrent au prix d’efforts incessants suggère l’auteur. La maîtrise des diverses situations nécessite du courage, de l’humilité, de la bienveillance pour parvenir à la sagesse. Dans une lettre tout aussi enrichissante Gargantua s’adressant à son fils disait :

 « C’est pourquoi, mon fils, je t’engage à employer ta jeunesse à bien progresser en savoir et en vertu. » Il ajoutait : « Selon le sage Salomon, Sagesse n’entre pas en âme malveillante. (…) Science sans Conscience n’est que ruine de l’âme ». Il s’agit d’un extrait du Pantagruel de Rabelais. 

Tu seras un homme mon fils est l’expression universelle des conseils d’un père aux fils du monde entier. Puisse ce poème de portée planétaire honorer aussi bien les pères que les fils et tous les membres d’une même famille.

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