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Monde. Sri Lanka : privés de carburant, de nourriture et d’électricité, des manifestants en colère assiègent la résidence du président Gotabaya Rajapakshe

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Le Sri Lanka a montré cette semaine les retombées auxquelles les politiciens peuvent être confrontés lorsque le pays fait face à la dévaluation de la monnaie, aux pénuries d’essence, d’électricité et de nourriture, laissant les citoyens dans une situation désespérée.

L’île située au large de la pointe sud de l’Inde et qui abrite plus de 22 millions d’habitants, a fait la une de l’actualité internationale le 31 mars après que des milliers de manifestants en colère aient franchi une barricade entourant la résidence personnelle du président Gotabaya Rajapaksa, selon le média sri-lankais Daily Mirror.

Selon Breitbart, l’un des seuls médias anglophones d’Amérique du Nord à couvrir l’événement, des centaines de manifestants armés de gourdins, de barres de fer et de pierres se sont rendus au domicile de Gotabaya Rajapaksa.

Une vidéo publiée par le média sri-lankais Ada Derana montre des barricades renversées et des lignes de policiers repoussées alors qu’une grêle de pierres s’abat sur eux.

En réponse à cette agitation, la police a fait usage de gaz lacrymogènes et de canons à eau.

Selon la chaîne d’information Republic World, le nombre de manifestants était de plusieurs milliers. Les agressions se sont intensifiées de façon spectaculaire après l’intervention de la foule face aux manifestants. Une jeep, deux motos de la police, ainsi que deux bus de l’armée auraient été brûlés.

La station de télévision News18 a rapporté que, dans une réponse du 1er avril, l’administration de Gotabaya Rajapaksa avait déclaré l’état d’urgence, qui donne aux forces armées de l’État la capacité « d’arrêter et de détenir des suspects pendant de longues périodes sans procès », et qu’un couvre-feu localisé avait été imposé le 31 mars, avant d’être levé le 1er avril, puis réimposé.

Republic World a déclaré que le couvre-feu avait été levé le 2 avril.

Le quotidien The Daily Mirror a indiqué sur Twitter que le 2 avril, toute l’île serait placée en confinement total de 18 h le 2 avril à 6 h le 4 avril.

Effondrement de la société

Un article publié le 27 mars dans le journal indien The Week brosse le portrait d’un pays en proie à une grave pénurie d’essence et de nourriture.

Lors d’entretiens avec des Sri Lankais, une femme a déclaré que, bien qu’elle travaille au supermarché, il lui est néanmoins difficile d’acheter des produits essentiels car il n’y a tout simplement pas de stock.

Une autre femme a déclaré qu’elle avait remplacé le vrai lait par du lait en poudre pour son enfant de trois ans afin d’économiser de l’argent, mais qu’elle avait dû abandonner ce projet lorsque le prix avait grimpé en flèche pour atteindre 2 000 roupies par kilogramme.

Un porte-parole de l’association du lait en poudre a déclaré : « Depuis neuf semaines, le prix du lait en poudre augmente sur le marché mondial. Avec la baisse de nos réserves en dollars, nous ne sommes pas en mesure d’importer du marché mondial. »

L’article indiquait également que le prix du poulet était passé à 6 500 roupies le kilo.

Le kérosène, utilisé par les ménages pour cuisiner, est pratiquement indisponible, a indiqué The Week, en se basant sur les déclarations des citoyens, qui doivent faire la queue pendant huit heures d’affilée une fois par semaine pour acheter des bidons car les livraisons ne sont plus assurées.

Dans un autre cas, un homme a déclaré qu’il devait désormais parcourir 8 kilomètres à pied pour se rendre au travail chaque jour, car son ménage n’avait ni les moyens d’acheter de l’essence, ni le temps de faire la queue pour l’obtenir.

Outre les pénuries de nourriture et d’essence, les habitants subissent chaque jour des coupures d’électricité qui durent au moins 6 heures.

The Mirror a publié sur Twitter le dernier calendrier des coupures d’électricité du 2 avril au Sri Lanka, montrant que de nombreuses localités sont privées d’électricité entre 8 heures et 12 heures, 12 heures et 16 heures, et 18 heures et 21 heures.

L’argent du monopole

Selon les données de la société d’analyse CEIC, le revenu moyen des ménages sri-lankais par habitant s’élève à environ 118 dollars par mois.

Selon The Week, la dette du Sri Lanka s’élève à 6 milliards de dollars, soit plus de 85 % de ses exportations. Sa principale exportation est le thé, un marché qui a été frappé par la guerre actuelle entre la Russie et l’Ukraine.

Le pays importe la quasi-totalité de ses biens

Le 7 mars, la roupie sri-lankaise a subi une dévaluation soudaine et spectaculaire, le coût d’achat d’un dollar passant d’environ 202 roupies à près de 298 roupies le 29 mars, soit une dévaluation de près de 50 %.

Selon l’analyse de Breitbart, le problème majeur auquel est confronté le pays est l’épuisement des réserves de devises étrangères.

Avant que les mesures de lutte contre la pandémie de Covid-19 n’affaiblissent l’économie mondiale, le Sri Lanka s’appuyait sur son secteur touristique et sur ses citoyens travaillant à l’étranger pour faire entrer dans le pays les devises étrangères utilisées pour acheter des biens.

Une fois que les confinements et les mesures ont bloqué les voyages internationaux et le marché du travail, ce flux de revenus s’est tari.

Rédacteur Fetty Adler
Collaboration Jo Ann

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