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Monde. Pays-Bas : la police disperse une manifestation anti-confinement à Amsterdam

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Le 2 janvier 2022, à Amsterdam, la police anti-émeute est intervenue lors d’une manifestation anti-confinement, faisant usage de matraques pour disperser une foule de plusieurs milliers de personnes.

L'incident a incité Nils Melzer, rapporteur spécial des Nations unies sur la torture, à inviter les victimes de violences policières à se manifester et à signaler leur cas. Dans un tweet posté le 2 janvier, il a déclaré : « En préparation de ma visite officielle en 2022 aux #Pays-Bas, en #Pologne et en #France, consacrée à la #violence policière, j'invite les victimes, les témoins et les ONG à soumettre des preuves vérifiables (anglais/français) sur cet incident et d'autres : ».

Prélude à la violence

Durant les jours précédant le 2 janvier, certaines grandes organisations, comme le parti conservateur « Forum voor Democratie » (Forum pour la Démocratie), ont soutenu le rassemblement autorisé. Cependant, le rassemblement a été remis en question lorsque les syndicats de la police anti-émeute ont annoncé une grève pour le jour des manifestations, en invoquant les bas salaires et le stress au travail.

La maire d'Amsterdam, Femke Halsema, a alors décidé de limiter la manifestation à 3 500 participants, avant de l’interdire complètement, invoquant les risques dûs à la pandémie de Covid-19. Elle a critiqué les organisateurs de la marche pour leur manque de volonté à coopérer et à trouver une solution acceptable.

Pays-Bas : la police disperse une manifestation anti-confinement à Amsterdam
Le 2 janvier 2022, à Amsterdam, Pays-Bas, des milliers de manifestants se sont rassemblés sur la Museumplein (la place du Musée) pour protester contre les restrictions sanitaires. (Image : Capture d’écran / YouTube)

Malgré la grève présumée, de nombreuses équipes de police anti-émeute étaient présentes, certaines étant composées de membres de la Royal Marechaussee, une troupe militaire d'élite, tandis que d'autres unités étaient constituées d'agents en jean et tenue anti-émeute portant des insignes non officiels sur leurs manches.

Certains craignent que ces troupes n’appartiennent à la Force de gendarmerie européenne (FGE) une une organisation dédiée à la gestion des crises extérieures. La suspicion a été renforcée par le fait que certains officiers ne parlaient ni le néerlandais ni l’anglais.

Ricardo Baretzky, président du Centre européen pour la politique de l'information et la sécurité (ECIPS) et de CYBERPOL, a exprimé ses inquiétudes sur sa page LinkedIn au sujet de ces troupes qui n'ont aucune responsabilité envers un gouvernement, en déclarant : « J'ai vu ces types de conditions de pré-guerre civile dans de nombreux pays tels que l'Ukraine, l'Afrique du Sud et d'autres dans le passé où les agents de la sécurité de l'État habills comme la police participent selon des ordres présidentiels en particulier lorsque les dirigeants ne peuvent plus échapper à leurs responsabilités. C'est un indicateur fort que l'armée néerlandaise est divisée du reste et que les dirigeants ne contrôlent plus la situation sur le terrain. Pour ceux qui ne le savent pas, le code civil utilisé lorsque la sécurité de l'État est impliquée est celui du port d'un jean avec un badge de la police, d'une veste de police et ou d'un badge, normalement en groupe de 10 à 12 pour être visible à tout moment par la vraie police. Il est clair que dimanche dernier, il y avait au moins un groupe de ce type avec la police, ce qui a alimenté l'agitation. Une bonne façon de le remarquer est qu'ils se regroupent à l'écart de la vraie police et que ceux qui portent l'uniforme font toujours marche arrière lorsque les bandits interviennent ».

Les fameux « Romeos », agents-provocateurs civils qui ont participé à de nombreuses manifestations aux Pays-Bas ces deux dernières années, étaient également présents. Ils agissent en attaquant les gens au hasard et l'année dernière, l'un d'entre eux a été vu en train de pousser une dame âgée sous un fourgon de police en approche lors de manifestations à La Haye.

Malgré l'interdiction de Femke Halsema, quelque 200 000 personnes se sont rendues aux manifestations centrées sur la Museumplein (la place du Musée), où la plupart des atrocités ont eu lieu, ont indiqué les organisateurs. Le radiodiffuseur national néerlandais NOS a déclaré que quelques 2 000 personnes ont participé aux manifestations.

La répression

D'autres séquences vidéo près de la place du Musée montrent clairement une scène où des membres de la police anti-émeute s‘écartent alors qu'un groupe de combattants en jean s'avance et déclenche une bagarre en attaquant soudainement un groupe de soldats vétérans qui s'étaient positionnés entre la police et les manifestants pour servir de bouclier protecteur.

Une image de cette attaque de la police a fait la une du Telegraaf, qui a commenté que les manifestants avaient complètement « perdu la tête » et étaient devenus fous furieux, déclarant que les vétérans étaient une bande d'imposteurs autoproclamés.

D'autres explosions de violence

La démonstration de violence de la police n'est pas sans rappeler les violents affrontements entre la police et les émeutiers à Rotterdam le 19 novembre. Quatre émeutiers auraient été tués par balle, bien que la police ait jusqu'à présent nié qu'il y ait eu des victimes.

Nils Melzer a également diffusé sur Twitter des images d'un événement macabre qui s'est déroulé à La Haye l'année dernière. On y voit un dissident non armé allongé sur le sol, tentant de repousser un chien policier qui charge, tout en étant frappé à coups de pied et de poing par la police anti-émeute, dans ce qu'il a appelé « l'une des scènes de brutalité policière les plus dégoûtantes que j'aie vues depuis George Floyd ».

Les responsables de la police ont déclaré que les reproches de Nils Melzer étaient regrettables, affirmant que ce dernier avait fondé son jugement sur quelques images seulement, sans tenir compte du contexte global. Ils ont même annoncé vouloir déposer une plainte contre Nils Melzer, bien que l'on ne sache pas exactement pour quels motifs.

Selon certains, les manifestants présents au rassemblement sont restés calmes et pacifiques et ont remporté une victoire psychologique en ne recourant pas à la violence. Selon les organisateurs, les militants sont devenus encore plus déterminés à contrecarrer les mesures Covid-19 imposées par les autorités néerlandaises.

Rédacteur Fetty Adler

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