Le siège de la CCTV est ironiquement surnommé « le grand caleçon » (大裤衩) par les Pékinois, reflétant leur irrévérence envers cette institution de propagande. (Image : wikimedia / HoweyYuan, CC BY-SA 4.0)
La CCTV (China Central Television), principale chaîne de télévision publique chinoise et organe de propagande du Parti communiste chinois (PCC), traverse une crise interne sans précédent. Un employé anonyme a adressé un témoignage explosif à des médias étrangers, révélant un mécontentement profond au sein de la rédaction envers le président Xi Jinping. « Personne ne peut le respecter », affirme ce lanceur d'alerte CCTV Chine sans détour. Le 13 octobre, il a indiqué que la direction avait lancé une enquête interne pour identifier les fuites, provoquant un climat de tension au sein de la chaîne.
Qui est ce mystérieux lanceur d’alerte ?
Le 4 octobre, le compte X « Grenouille du pays du mur » (un compte d'opposition au régime chinois) a révélé avoir reçu un témoignage d'un cadre intermédiaire de la CCTV. Cet employé se décrit comme travaillant dans le célèbre siège de la chaîne à Pékin, un bâtiment surnommé « grand caleçon » en raison de son architecture en forme de pantalon.
Dans son message, il affirme que le personnel de la CCTV critique ouvertement Xi Jinping en privé. Il évoque notamment un moment embarrassant lors du défilé militaire du 3 septembre 2025, où Xi Jinping aurait tenu des propos incohérents avec Vladimir Poutine sur la transplantation d'organes et le fait de vivre jusqu'à 150 ans. « Ce n'est pas que nous l'avons diffusé intentionnellement, explique-t-il, c'est juste qu'il y a tellement de gaffes qu'on ne peut pas toutes les rattraper. »
« Un rustre qui ne sait même pas lire un prompteur »
Le témoignage est particulièrement virulent : « Je travaille dans ce bâtiment iconique du troisième périphérique de Pékin. En termes de compétences professionnelles et de culture générale, qui, parmi nous, n'est pas supérieur à cet homme sur scène qui bafouille même en lisant un prompteur ? Franchement, dans nos discussions privées, pas une seule personne, je dis bien pas une seule, ne le respecte vraiment. Que comprend-il réellement ? Sa soi-disant " pensée diplomatique de la nouvelle ère ", sa "pensée économique de la nouvelle ère ", son " plan millénaire " ? Tout cela n'est que du vent. »
L'employé poursuit en listant les nombreuses bourdes du président chinois : erreurs de prononciation en direct, déclarations absurdes sur la longévité, confusions diverses. « Ce que vous voyez n'est que la partie émergée de l'iceberg. Ses moments gênants et ses erreurs pourraient remplir plusieurs disques durs », assure-t-il.
Une propagande qui dégoûte ses propres créateurs de contenu
Le lanceur d'alerte décrit également son travail quotidien avec amertume : « Quand nous montons les émissions, nous devons ouvrir les fenêtres tellement l'odeur de la flagornerie est insupportable. Tout n'est qu'éloges et propagande glorifiant le régime, pendant qu'on dépeint l'Occident comme un enfer. Je n'autorise même pas mes propres enfants à regarder ce que nous produisons. C'est écœurant. »
Il conclut son témoignage par un avertissement aux services de sécurité : « N'essayez pas de m'identifier, vous n'en êtes pas capables. Si vous me poussez à bout, j'ai suffisamment de documents compromettants pour causer de sérieux problèmes à votre " grand leader ". »
La chasse au lanceur d'alerte est lancée au sein de la CCTV
Le 13 octobre, le même compte X a publié une mise à jour : « Le lanceur d'alerte nous fait savoir que la chaîne est sens dessus dessous. De nombreux services ont reçu l'ordre de mener une enquête stricte pour identifier les fuites. Mais rassurez-vous, je reste inébranlable. Tout est sous contrôle ! »
Sur les réseaux sociaux, les internautes chinois de l'étranger multiplient les messages de soutien : « Protégez ce lanceur d'alerte », « Il porte même des gants sur les photos pour ne pas être identifié par ses empreintes, quel courage ! », « J'espère qu'il efface toutes ses traces. Le Parti communiste chinois est redoutable dans ses purges internes. »
Un présentateur vedette de la CCTV submergé d'appels des internautes suite à cette révélation
Pour prouver l'authenticité de son témoignage, l'employé a joint une liste partielle du personnel de la CCTV, incluant Kang Hui, l'un des présentateurs les plus célèbres du journal télévisé chinois et directeur du département de présentation. Mais dans sa précipitation, il n'a pas suffisamment masqué certaines informations : des internautes ont réussi à deviner le numéro de téléphone de Kang Hui.
Résultat : le présentateur vedette a été submergé d'appels et de messages. Le 14 octobre, il a été contraint de désactiver la fonction de transfert d'argent de son téléphone mobile, visiblement dépassé par le flot de « soutiens » ironiques des internautes.
Un incident technique majeur au sein de la CCTV suite à cette révélation
Fait troublant : le lendemain de la publication de ce témoignage explosif, la CCTV a connu un incident technique majeur. Le 5 octobre au soir, le bulletin météo national diffusé était quasiment identique... à celui du 5 octobre 2024, un an plus tôt.
À l'échelle nationale, seules quelques grandes villes comme Shanghai avaient des prévisions correctes. Les données erronées correspondaient étrangement aux relevés météorologiques de l'année précédente à la même date. La direction a invoqué un « problème technique », mais cette explication a déclenché une vague de sarcasmes sur les réseaux sociaux chinois. Beaucoup d'internautes ont ironisé sur le fait que « rien n'est vrai à la CCTV ».
Certains observateurs se demandent si cet incident n'était pas en réalité un acte de sabotage interne, une forme de résistance passive de la part d'employés mécontents. Une hypothèse que la direction de la chaîne se garde bien de commenter publiquement.
Contexte : la CCTV est l'équivalent chinois de France Télévisions, mais entièrement contrôlée par le Parti communiste chinois. Elle emploie des milliers de personnes et constitue le principal outil de propagande du régime. Ce témoignage d'un lanceur d'alerte CCTV Chine révèle des tensions inédites au cœur même de l'appareil médiatique du pouvoir chinois.
Rédacteur Yi Ming
Soutenez notre média par un don ! Dès 1€ via Paypal ou carte bancaire.
Pour améliorer votre expérience, nous (et nos partenaires) stockons et/ou accédons à des informations sur votre terminal (cookie ou équivalent) avec votre accord pour tous nos sites et applications, sur vos terminaux connectés.
