Société. La période de l’Avent : un voyage intérieur vers la lumière

La fin de l’année est de retour avec son cortège de fêtes et de réjouissances. Il est souvent question de la période de l’Avent. Que signifie donc exactement une telle expression largement répandue pour la circonstance ? S’agit-il seulement de se préparer en fonction du calendrier à recevoir et distribuer d’innombrables cadeaux ? Tâchons d’approfondir la question.

 La période de l’Avent : signification et histoire

L’Avent, du latinadventus, qui signifie « venue », « avènement » représente pour les chrétiens la période précédant les quatre semaines avant Noël. Le croyant se prépare intérieurement à préparer la naissance de Jésus-Christ, célébrée comme le veut la tradition, le 25 décembre.

 L’Encyclopédie Universalis précise à ce sujet : « Temps qui est réservé, dans la liturgie des Églises chrétiennes d’Occident, à la préparation de Noël. Il commence le dimanche le plus proche du 30 novembre et se célèbre avec plus de solennité à partir du 17 décembre ». Le terme « Avent » de par ses origines latines désigne l’arrivée d’un empereur ou d’un personnage important.

En célébrant l’Avent, l’Église rappelle aux fidèles deux éléments clés de leur croyance : la venue sur terre du Seigneur et l’attente de son retour aux derniers jours en tant que Messie. Dès le IV e siècle, l’Avent apparaît en Espagne et en Gaule sous une forme comparable au carême dans une version moins rigoureuse. La période de l’Avent est annoncée dans la Bible dans diverses écritures, dont : Ésaïe 7:14 : « C’est pourquoi le Seigneur lui-même vous donnera un signe, Voici, la jeune fille deviendra enceinte, elle enfantera un fils, Et elle lui donnera le nom d’Emmanuel ». L’Avent, période très riche en symboles et traditions permet les préparatifs les plus solennels au niveau intérieur aussi bien qu’extérieur.

La crèche de Noël : tradition la plus populaire de l’Avent

Composée de la Sainte Famille, c’est-à dire de Jésus, de Joseph et de Marie, la crèche est l’élément incontournable de Noël. La tradition veut que Jésus soit placé dans la crèche à partir du 25 décembre seulement. Il incarne l’espoir et la rédemption pour les chrétiens. Marie est l’incarnation de la douceur et la maternité tandis que Joseph, souvent représenté comme un patriarche symbolise la protection.

Une crèche complète s’accompagne des animaux emblématiques, le bœuf et l’âne ainsi que les moutons soulignant la simplicité et l’authenticité de la Nativité. Jésus naît dans une grande pauvreté.

Il ne faut point oublier les Mages, autres figures emblématiques de la crèche vivante. Melchior, Balthazar et Gaspard venus rendre hommage au Seigneur se sont laissés guider par l’Étoile de Bethléem. Ainsi représentent-ils la quête de la vérité.

La couronne de l’Avent : signification édifiante

Une autre tradition liée à la période de l’Avent consiste à accrocher chez soi une couronne. La couronne de l’Avent est un élément de décoration utilisé à l’église et à l’intérieur des maisons. Originaire d’Allemagne au XVI siècle, son usage se répand dans le monde luthérien et catholique. Elle serait inspirée de la couronne de Sainte Lucie, représentation de la lumière fêtée le 13 décembre. La couronne elle-même revêt une symbolique forte. Sa forme circulaire renvoie à l’éternité : Dieu est l’Alpha et l’Oméga, sans commencement ni fin. Citons à cet effet les versets d’Apocalypse 21 : 6 -7. « Et il me dit : C’est fait ! Je suis l’alpha et l’oméga, le commencement et la fin. A celui qui a soif je donnerai de la source de l’eau de la vie, gratuitement. Celui qui vaincra héritera ces choses ; je serai son Dieu, et il sera mon fils ».

La couronne évoque la couronne d’épines du Christ, dont la mort s’est transformée en victoire. C’est une couronne porteuse d’espérance et de vie. Par ailleurs la présence de conifères qui la constituent renvoie également à la persistance, la vie et l’éternité.

Les quatre bougies : rituel au sens profond

Une autre tradition est liée à la couronne mentionnée plus haut : il s’agit des quatre bougies de l’Avent associées à la couronne. Elles sont dotées d’une signification profonde. La première bougie est allumée lors du premier dimanche de l’Avent puis la deuxième bougie est allumée le deuxième dimanche de l’Avent et ainsi de suite. Avant la nuit du 24 décembre, quatre bougies auront été allumées. Chaque fois, la lumière s’accroît, pour atteindre un degré maximal la nuit du 24 décembre. Pour les croyants, les quatre bougies allumées correspondent à la venue de la lumière suprême comme le laisse entendre le théologien Saint Grégoire de Nysse : « Aujourd’hui, l’obscurité commence à se raccourcir et la lumière à s’allonger, car les heures de lumière se font plus rares. […] Voyez-vous que les rayons de lumière sont plus intenses et le soleil plus haut qu’il ne l’a jamais été ? Comprenez que la vraie lumière est maintenant là et que, par les rayons de l’Évangile, elle illumine toute la terre. »

Chaque bougie a une signification profonde. Le premier dimanche de l’Avent, la bougie est allumée pour représenter l’espérance dès le début de l’année liturgique. La deuxième bougie allumée le deuxième dimanche de l’Avent représente la paix. Souvent appelée « la bougie de Bethléem », elle rappelle le voyage accompli par Joseph et Marie à Bethléem avant la naissance du Christ.

Quant à la troisième bougie, appelée aussi « bougie du berger », elle personnifie la joie. La joie innocente des bergers ayant accouru pour aller saluer l’Enfant Jésus. Deux mille ans plus tard, la « magie » de Noël semble toujours vivace. Chacun semble disposé à se réjouir, chrétien ou non chrétien. La quatrième bougie ou « bougie de l’ange », c’est la bougie de l’amour. Il est recommandé de l’allumer le dimanche qui précède le 24 décembre. Elle invite les chrétiens à attendre l’avènement du royaume de Dieu sur terre.

Le calendrier de l’Avent : une école de patience

La pratique du calendrier de l’Avent vient d’Allemagne et date du XIX e siècle où il était d’usage chez les familles protestantes de donner chaque jour aux enfants une image pieuse. L’idée était de les inciter à la patience en attendant le jour de Noël. Le procédé est devenu un calendrier à fenêtres. Au début du siècle, en 1908, un Allemand, Gerhard Lang, se mit à commercialiser les petites images sous forme de calendrier à fenêtres.

Au fil des années, les petites fenêtres donnaient droit à des friandises, ce qui contribua à rendre la fête de Noël de plus en plus commerciale, regrettent certains observateurs. Cependant l’idée du calendrier aux petites fenêtres à ouvrir est salué par les psychologues.

 « L’ouverture quotidienne des petites fenêtres inscrit cette période dans un temps linéaire qui se déroule lentement. Un temps un peu différent du nôtre, éclaté, zappé. Nous sommes en permanence dans le présent, l’instantané. Le calendrier de l’Avent, lui, inscrit l’enfant dans le futur et lui permet de suspendre son désir. (…) Le plaisir n’est pas immédiat. Cette capacité à attendre l’aide à se construire » Tels sont les propos de la psychanalyste Geneviève de Taine, recueillis par le journal La Croix. Cette dernière confie aussi : « Le calendrier de l’Avent est un formidable rituel pour apprendre aux enfants à attendre Noël ».

La période de l’Avent invite à un voyage intérieur conduisant à l’espérance, autre expression de la lumière. N’est-ce-pas le message universel de Noël, adressé chaque année à chacun d’entre nous ?

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