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Société. Découvrir en quoi consiste la notion de travail chez les Français

TENDANCE > Société

Les aléas de l’économie, la crise sanitaire et surtout le confinement ont mis à jour des changements notoires dans le monde du travail. Que représente la notion de travail pour les Français ? Il faudrait s’interroger sur la question pour en savoir un peu plus à l’heure où le report de l’âge de la retraite soulève une vague de mécontentement.

La notion de travail : Origines et évolution

Si l’on s’en tient à l’étymologie, le mot travail vient du mot latin tripalium, terme qui désignait un instrument de torture à trois pieux, destiné aux esclaves rebelles pour entraver leur marche ! Selon la tradition chrétienne, le travail résulte d’une punition divine en réponse au péché originel. Le travail est resté longtemps assimilé à un tourment ou une souffrance physique et mentale. Au fil des siècles, la notion de travail a perdu sa connotation négative pour acquérir un sens plus proche de la définition actuelle. « Activité de l’homme appliquée à la production, à la création, à l’entretien de quelque chose », telle est la définition du Larousse. Pour les économistes modernes, le travail ne s’accompagne pas forcément d’un salaire puisqu’il peut inclure le bénévolat. Peu à peu le travail s’est vu de plus en plus valorisé au point d’occuper une place centrale dans la société. La notion de valeur travail est apparue.

Découvrir en quoi consiste la notion de travail chez les Français
Les notions de quête de sens du travail ou de bien-être au travail prennent le pas sur la notion de travail proprement dit. (Image : Werner Heiber / Pixabay)

La notion de travail bascule

En 1990 pour les personnes interrogées, le travail occupait une position centrale. Toutefois une série de sondages récents tendent à révéler que 25 % des Français ne placent plus le travail au centre de leurs vies. 54 % d’entre eux le considèrent comme une contrainte ou comme un simple moyen de subsistance. De nouveaux types de comportements sont apparus tels que le quiet quitting ou « démissions silencieuses ». Il s’agit de « faire le strict minimum », ne pas s’engager outre mesure sur le lieu de travail. Par ailleurs, les notions de quête de sens du travail ou de bien-être au travail prennent le pas sur la notion de travail proprement dit. D’après une enquête menée par une société d’études et de conseils en 2021 auprès de jeunes générations âgées entre 18 et 24 ans, « les valeurs les plus convaincantes que les entreprises peuvent promouvoir sont le respect (52 %), l’esprit d’équipe (31 %) et la bienveillance (31 %) ».

Un autre phénomène se multiplie. Il s’agit des « bifurcations », plus radicales que les « reconversions » classiques. Ainsi donc des cadres supérieurs issus des écoles les plus prestigieuses renoncent à leurs postes pour occuper des postes d’artisans. Le brillant ingénieur renonce à sa carrière pour devenir ébéniste ou boulanger. Les jeunes générations en particulier accordent la priorité à l’éthique au travail plutôt qu’à la performance, d’où l’attrait pour le travail artisanal autrefois sous-estimé. La notion de travail a basculé.

Découvrir en quoi consiste la notion de travail chez les Français
Les Français sont prêts à travailler plus si les conditions de travail le permettent. Ils dénoncent une dégradation des conditions de travail. (Image : Pexels / Pixabay)

Des chiffres contrastés qui dépassent les idées reçues

Une pluie de sondages aurait tendance à mettre en exergue une crise de la valeur-travail en France. Les Français vivraient-ils un certain désamour du travail et leur goût pour les loisirs y serait-il plus prononcé qu’ailleurs ? Qu’en est-il réellement ? Une étude de l’Institut Montaigne, réalisée en février 2023, va à l’encontre des idées reçues et révèle que 77 % des Français se révèlent satisfaits au travail. Ceux qui travaillent le plus, en moyenne 46 heures par semaine (contre 40 heures pour l’ensemble des actifs) s’avèrent être les plus heureux. Ces résultats concernent toutefois les travailleurs indépendants, ou les cadres supérieurs, précise l’Institut Montaigne. Les ouvriers de commerce, les administratifs, représentent les plus insatisfaits, leur principal sujet d’insatisfaction étant la rémunération (46 %) et le manque de reconnaissance au sein de l’entreprise (38 %). Ceux qui occupent les postes les moins qualifiés déplorent des conditions de travail dégradées ou des perspectives d’avancement peu alléchantes, ce qui justifierait le manque d’appétence pour le travail. Pour une meilleure approche des sondages, certains commentateurs préconisent de prendre en compte non seulement les chiffres mais l’origine des sondés. La notion de travail selon les Français serait alors perçue de façon plus nuancée.

En fait les problèmes se situeraient davantage au niveau du management que du travail proprement dit. Les Français sont prêts à travailler plus si les conditions de travail le permettent. Ils dénoncent une dégradation des conditions de travail. La France obtiendrait de bien piètres résultats dans ce domaine…

La notion de travail a certes changé. La question est plus complexe qu’elle y paraît. Plus exigeants face au travail, les actifs recherchent un équilibre entre vie professionnelle et vie privée, un équilibre qui laisse plus de place à l’autonomie et à la créativité. Au fond d’eux-mêmes ils recherchent un travail correspondant à cette célèbre citation de Confucius : « Choisissez un travail que vous aimez et vous n’aurez pas à travailler un seul jour de votre vie ».

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