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Homme. Charles Proteus Steinmetz et le capital moral de l’homme

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Connaissez-vous la vraie histoire de Charles Proteus Steinmetz (1865 -1923), celui qui fut à l’origine du slogan : Le savoir est une richesse. Cet article propose d’éclairer un autre aspect souvent mis de côté. Un aspect qui met en avant la véritable valeur de l’homme : celle de son capital moral : sa loyauté et son sens de l’engagement.

Au début du XXe siècle, la Ford Motor Company connaissait une croissance sans précédent, produisant des voitures à la chaîne pour des acheteurs passionnés par ces modèles. Mais, quand l’un des imposants moteurs Ford tomba en panne, presque tout l’atelier fut paralysé. La production s’ arrêta complètement , entraînant d’énormes pertes économiques.

Charles Proteus Steinmetz et le capital moral de l’homme
Visite de groupe de la station de télégraphie sans fil Marconi à Somerset, dans le New Jersey, en 1921, avec notamment Charles Steinmetz (au centre) et Albert Einstein (à sa droite). (Image : wikimedia / Radio Corporation of America (RCA) Restored by: Bammesk / Domaine public)

Dix mille dollars… pour tracer une ligne

Les dirigeants de l’entreprise firent appel à tous les experts disponibles, mais personne ne parvint à trouver la panne, encore moins à la réparer. À ce moment critique, quelqu’un suggéra de faire appel au célèbre physicien et ingénieur électricien Charles Steinmetz. Il fut rapidement dépêché sur place.

M. Steinmetz demanda qu’un tapis soit placé près du moteur. Il écouta attentivement pendant trois jours, puis demanda une échelle, qu’il gravit et descendit pendant des heures. Finalement, il traça une ligne à la craie sur une partie du moteur et écrivit : « La bobine ici a 16 spires supplémentaires ». Lorsque les ouvriers suivirent ses instructions, la panne fut miraculeusement résolue et la production reprit immédiatement.

Le directeur de Ford demanda alors à Charles Steinmetz ses honoraires. Charles Steinmetz répondit : « Pas grand-chose, seulement dix mille dollars ». Dix mille dollars… pour tracer une ligne ! C’était l’équivalent de plus d’un siècle de salaire pour un ouvrier ordinaire, bien au-delà du fameux salaire de cinq dollars par jour chez Ford.

Voyant la confusion générale, M. Steinmetz rédigea une facture. Tracer une ligne : 1 $. Savoir où la tracer : 9 999 $. Le directeur de Ford non seulement paya la somme, mais embaucha également Charles Steinmetz avec un salaire généreux à la clé. Beaucoup s’arrêtent à ce moment de l’histoire, et même les manuels scolaires la présentent ainsi, aboutissant à un slogan extrêmement inspirant : Le savoir est une richesse.

Charles Proteus Steinmetz et le capital moral de l’homme
Charles Proteus Steinmetz possédait une petite cabane surplombant la rivière Mohawk près de Schenectady, dans l’État de New York. Celle-ci fut déplacée à Greenfield Village, à Dearborn, dans le Michigan. (Image : wikimedia / Andrew Balet, CC BY-SA 3.0)

La valeur inestimable de l’homme révélée par Charles Proteus Steinmetz

Mais l’histoire continue. M. Steinmetz avait d’abord été un ingénieur marginalisé en Allemagne. Après avoir perdu son emploi, il émigra aux États-Unis. Sans famille ni soutien, il erra jusqu’à ce qu’un petit industriel l’accueille et l’embauche pour travailler sur la conception de moteurs. Reconnaissant envers son propriétaire, Charles Steinmetz maîtrisa rapidement les technologies de base de la fabrication de moteurs et aida la petite usine à obtenir de nombreuses commandes.

Lorsque Henry Ford apprit le talent de Charles Steinmetz, il l’invita personnellement à rejoindre son entreprise et lui offrit 10 000 dollars. Mais Charles Steinmetz refusa, expliquant qu’il ne pouvait quitter la petite usine car son propriétaire l’avait soutenu dans une période particulièrement difficile. S’il partait, l’usine ferait faillite.

Henry Ford fut d’abord déçu, puis profondément touché. Ford Motor Company était une entreprise puissante, et y entrer était considéré comme un honneur. Pourtant, Charles Steinmetz renonçait à cette opportunité par gratitude et par sens des responsabilités.

Peu après, Henry Ford décida d’acquérir la petite usine où travaillait Charles Steinmetz. Les membres du conseil d’administration furent stupéfaits : pourquoi Henry Ford s’intéresserait-il à une si petite entreprise ? M. Ford expliqua : « Parce qu’il y a là quelqu’un qui comprend la gratitude et le sens des responsabilités ».

Aujourd’hui, beaucoup de gens ne se focalisent que sur le mot « richesse ». Ils pensent à monétiser leur savoir-faire. La gratitude et le sens des responsabilités sont souvent relégués au second plan au profit d’un gain immédiat.

Et nous déplorons donc le déclin des mœurs, la perte d’intégrité et l’érosion des valeurs humaines. Nous ne réalisons pas qu’en promouvant l’idée que « le savoir est une richesse », nous avons oublié ce qui est plus important : que Henry Ford, en fin de compte, accordait bien plus de valeur au capital moral – la loyauté et l’engagement de Charles Proteus Steinmetz – qu’aux simples connaissances techniques qu’il vendait. Rares sont ceux qui s’arrêtent pour réfléchir à ce que nous avons déjà perdu.

Car nous n’avons retenu que le début de l’histoire, et non l’histoire dans son intégralité.

Rédacteur Charlotte Clémence

Source : Charles Steinmetz, a Misleading Half Story
www.nspirement.com

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