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Histoire. Troubadours, trouvères, ces ambassadeurs indéfectibles de la musique, de la poésie et du chant

FRANCE > Histoire

Troubadours, trouvères et trouveresses : des noms associés au divertissement et aux sentiments chevaleresques. Cet article va lever le voile sur ces artistes du monde médiéval promenant leurs talents de château en château et quelque peu auréolés de mystère.

Les troubadours : qui étaient-ils ?

Poètes, musiciens, compositeurs, apparus à la fin du XIe siècle, les troubadours avaient pour particularité de s’exprimer en langue d’oc, la langue parlée dans la moitié sud de la France. Ils étaient souvent accompagnés du ménestrel qui interprétait leurs œuvres à leur place. Il faut retenir que les troubadours étaient issus de diverses couches de la société. Ils pouvaient être aussi bien de grands seigneurs comme Guillaume IX d’Aquitaine ou d’origine modeste, comme un certain Bernard de Ventadour, l’un des troubadours occitans les plus réputés.

Troubadours, trouvères, ces ambassadeurs indéfectibles de la musique, de la poésie et du chant
Il existait des femmes troubadours, trobairitz en occitan. Quoiqu’en minorité, elles représentaient un nombre non négligeable. (Image : Capture d’écran / YouTube)

Il existait des femmes troubadours, trobairitz en occitan. Quoiqu’en minorité, elles représentaient un nombre non négligeable : une vingtaine parmi les 400 troubadours connus selon les sources. Certains noms sont passés à la postérité comme la comtesse Béatrice de Die. Pour sa part, Aliénor d’Aquitaine était la petite-fille du premier troubadour Guillaume IX, cité plus haut. Elle avait hérité des passions de son éminent aïeul. Femme puissante, deux fois reine, elle a su maintenir et promouvoir l’influence des troubadours en France puis en Angleterre.

Origines et évolution 

Le mot troubadour vient du mot trobar en bas latin qui signifie trouver. Le troubadour est celui qui trouve le mot juste et la mélodie adéquate. La poésie des troubadours a pris de l’ampleur en Occitanie puis elle s’est répandue un siècle plus tard, dans la moitié nord de la France, où se parlait la langue d’oïl. Sont apparus alors les trouvères et trouveresses, répliques des troubadours tandis que leurs équivalents germaniques, les minnesängen se sont déployés Outre-Rhin. 

L’art des troubadours, très codifié, le trobars’adressait essentiellement à la noblesse et comprenait un répertoire assez diversifié passant par la chevalerie, la poésie courtoise et les thèmes politiques et satiriques, voire juridiques et comiques. Leur poésie vouée à être plus chantée que récitée a connu son apogée entre 1150 et 1230.

Troubadours, trouvères, ces ambassadeurs indéfectibles de la musique, de la poésie et du chant
Selon la tradition de l’amour courtois, « La dame est suzeraine, le chevalier est son vassal ». (Image : wikimedia / Master of the Codex Manesse / Domaine public)

Chantres de l’amour courtois

Les troubadours et les trouvères sont étroitement liés à l’amour courtois. Qu’est-ce que l’amour courtois ? D’après le Larousse, « L’amour courtois n’est ni libertinage, ni passion brutale, il est presque une ascèse pour le chevalier, qui doit, pour mériter la femme qu’il aime, se soumettre entièrement à elle. La dame est suzeraine, le chevalier est son vassal ». Il s’agit d’une dame de haut rang quasi inaccessible, selon le schéma courant dans la poésie courtoise des troubadours appelée fin’amor.

Pour ces derniers, les valeurs chevaleresques de l’amour courtois reposent sur l’art d’aimer avec courtoisie, patience et mesure pour accéder à la joie. L’amour courtois était l’apanage des troubadours puis des trouvères. Chrétien de Troie, trouvère et illustre auteur de romans de chevalerie, rappelle en effet : « Nul s’il n’est courtois ni sage ne peut d’amour rien apprendre ». 

Le troubadour Raimond de Miravals dans un extrait de son poème Des troubadours et des cours d’amourdéveloppe l’idée suivante : 

L’amour est si habile, si ingénieux, qu’il a de quoi récompenser tous ceux qui se dévouent à son service.

Je ne vois jamais de serviteur fidèle et zélé qui n’obtienne enfin son juste salaire.

Les chevaliers ne parviennent à un certain mérite qu’autant qu’une digne amie les a façonnés à l’art de plaire.

Instruments et chants d’une grande diversité

Quels instruments étaient le plus souvent employés pour accompagner les compositions des troubadours et des trouvères,

La maîtrise d’au moins neuf instruments était requise, dont la flûte à bec, la flûte traversière, la flûte de pan, la vielle, la harpe, le triangle, ou encore le luth. Précisons que le troubadour composait surtout. Il ne manipulait pas forcément ces instruments dont le maniement était confié au ménestrel qui l’accompagnait.

Comme nous l’avons indiqué précédemment, l’exercice du chant poétique était privilégié. Un répertoire d’une grande variété était de rigueur afin de divertir le seigneur au mieux et ainsi bénéficier de son mécénat et de son soutien financier. Suivant les thèmes abordés, l’auditoire avait droit, par exemple, aux balades incitant à la danse, ou aux sérénades, pour les chants d’amour, ou encore aux pastourelles présentant les dialogues entre un chevalier et une bergère.

Déclin et renouveau

 Les troubadours ont joué un rôle important dans la vie culturelle et politique au sein de la France médiévale. Vers la fin du XIIIe siècle toutefois, s’amorce en France un certain déclin de leur mouvement. Historiquement, il correspond à l’épisode appelé « la croisade des Albigeois ». 

En revanche, peu de temps après, la poésie des troubadours a pris de l’ampleur en Castille, en Aragon, en Italie.

Plus près de nous, que reste-t-il des troubadours ? Depuis quelques années, un nombre croissant de chanteurs et de groupes contemporains, hantés par le souvenir des troubadours, s’octroient le nom de « troubadours modernes » ou de « trobador ». Ces choix parfois contestés témoignent de la fascination qu’exercent encore ces poètes musiciens passés maîtres dans l’art du chant amoureux et de la poésie lyrique.

C’est dire l’empreinte qu’a laissée dans nos imaginaires l’héritage à la fois si lointain et si proche des troubadours et des trouvères…

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