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Culture. La fabuleuse histoire de la langue d’oc, une langue culturelle par excellence 

FRANCE > Culture

La langue d’oc appelée aussi occitan est parlée dans 33 départements français situés dans le tiers sud de la France, dans le val d’Aran en Espagne et dans les vallées alpines du Piémont en Italie. C’est la langue régionale la plus parlée dans la France hexagonale. Avec ses mille ans d’existence, elle raconte une histoire qui en dit long sur l’histoire de France.

La langue d’oc : origines et évolution

À l’époque où la Gaule vivait sous domination romaine, la langue latine a fini par s’imposer sur l’ensemble du territoire jusqu’au Ve siècle ap. J. -C. le peuple parlait une langue issue du latin et des dialectes locaux. Puis vint le temps des invasions germaniques. Au Nord régnait la langue d’oïl plus teintée de germanismes tandis qu’au sud on parlait la langue d’oc latinisée proche de l’espagnol et du catalan. C’est le poète italien Dante né au XIIIe siècle qui eut l’idée de nommer les langues suivant la manière de dire « oui ». En langue occitane, « oui » se disait oc tandis que plus au nord, le mot « oui » se disait oïl. Ainsi ont coexisté la langue d’oïl, qui a donné le français moderne et la langue d’oc aussi appelée occitan. Cette dernière s’est répandue en Occitanie, région correspondant à l’ancien Languedoc-Roussillon.

Entre le Xe et le XIIIe siècle la langue d’oc devient une « langue de culture et de communication » dont le rayonnement s’étend dans toutes les cours d’Europe. C’est l’âge d’or de cette langue grâce notamment au mouvement littéraire des troubadours, des poètes et compositeurs qui chantaient l’amour courtois. Notons que le mot troubadour vient du mot occitan trobar qui veut dire « trouver » ou « inventer ».

La langue d’oc et la langue française

À partir du XIIIe siècle, les provinces méditerranéennes sont annexées par les provinces du Nord, et l’occitan écrit commence à décliner peu à peu. L’ordonnance de Villers-Cotterêts signé par François 1er en août 1539 rend obligatoire l’emploi du français dans les documents officiels, ce qui va réduire considérablement l’usage du latin et de l’occitan si influent dans le Sud.

La Révolution pour sa part accélère le déclin de la langue d’oc. Jugée plus apte à répandre les idées nouvelles, la langue française se voit privilégiée par l’Assemblée constituante qui lui confère une mission unificatrice. En revanche, la langue d’oc, ravalée au rang de « patois », autrement dit un dialecte grossier perd son statut de langue.

Si la langue occitane reste majoritaire, les élites préfèrent parler le français, la langue du pouvoir. Dans les écoles gratuites et républicaines du XIXe siècle, l’usage du français est obligatoire tandis que les langues régionales sont interdites et montrées du doigt. Dans les cours de récréation, les enfants qui osent parler l’occitan sont sanctionnés. Des voix s’élèvent contre ces mesures dépréciatives. Le mouvement littéraire Félibrige fondé en 1864 cherche à restaurer la langue et la culture occitanes. Son plus célèbre représentant, le poète Mistral reçoit le Prix Nobel en 1904 mais en dépit de cette reconnaissance, la langue d’oc n’est toujours pas enseignée à l’école.

Dans certaines villes comme Toulouse, les rues et les stations de métro sont indiquées aussi bien en français qu’en occitan. (Image : wikimedia / Didier Descouens / CC BY-SA 4.0)

L’ère de la reconnaissance 

Il a fallu attendre les années 1950 pour que les langues régionales soient admises à l’école. En 1951 avec la loi Deixonne, est autorisé pour la première fois l’enseignement des langues régionales de France, à savoir, le basque, le breton, le catalan et l’occitan. Le CAPES occitan (Certificat d’aptitude au professorat d’enseignement du second degré) est créé en 1992. Cette reconnaissance institutionnelle s’accompagne d’une prise de conscience identitaire. Les artistes et les auteurs occitans font preuve d’une créativité exemplaire qui remporte un vif succès auprès du public. Des écoles bilingues apparaissent. La langue d’oc suscite un véritable engouement. Dans certaines villes comme Toulouse, les rues et les stations de métro sont indiquées aussi bien en français qu’en occitan.

Assez paradoxalement au moment où on pourrait parler de renaissance linguistique il apparaît que la langue d’oc est menacée d’extinction. L’UNESCO (l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture) aurait déjà tiré la sonnette d’alarme depuis plusieurs années.

Le nombre de locuteurs est estimé à environ 540 000 personnes parlant l’occitan occasionnellement et souvent âgées de plus de 60 ans…

Toutefois savez-vous que de nombreux mots français sont d’origine occitane ? On pourrait citer « abeille » tiré de l’occitan abelho, ou « vignoble » , tiré de l’occitan vinhobre ou encore « rossignol », tiré de l’occitan rossinhol. C’est que la langue d’oc n’a pas dit son dernier mot !

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