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Histoire. À la recherche de la source de la culture divine chinoise, le dieu suprême Tai Yi

CHINE ANCIENNE > Histoire

PODCAST

Où se trouve la source de la culture divine chinoise ? Les anciens Chinois, comme les Occidentaux, croyaient en un dieu suprême qui transcende tous les dieux. Dans la mythologie chinoise, ce dieu est appelé « Tai Yi » (qui signifie « l’Un », le « Premier », « Ce qui est le plus élevé », le « Suprême », « l’Origine » ou bien le « Tao » que désigne Lao Tseu).

Le Grand Tao ou la Grande Voie mentionnée dans le Tao Te Ching

« Avant que le ciel et la terre n’existent, une chose a été créée. Celle-ci est silencieuse et vaste. Elle existe de façon indépendante et n’a jamais vacillé. Elle circule et ne s’arrête jamais. On peut la considérer comme la racine de tout ce qui existe entre le ciel et la terre. Ne sachant pas comment l’appeler, je lui ai donné le nom de " Tao ", avant de lui donner à contrecœur le nom de " Grand Tao ". » (Tao Te Ching)

Les anciens Chinois croient que toutes les choses du ciel et de la terre, y compris les êtres humains et les dieux, ont une source commune, baptisée « Tao » par Lao Tseu et « Dharma » par les bouddhistes.

Dans la vision chinoise du monde, « le Tao engendre un, un engendre deux, deux engendre trois, et trois engendre toutes choses » (Tao Te Ching). Le Tao engendre et fait évoluer toutes choses, et toutes les croyances ne sont finalement que les moyens de la recherche pour nous emmener vers une seule fin : la vérité ou le Tao.

Les similitudes avec le néoplatonisme

De manière curieuse, on retrouve cette description de façon similaire dans le néoplatonisme. Le néoplatonisme considère Dieu comme l’Un ou le Premier et comme le Bien, que l’Un est supra-rationnel, ineffable et transcendant. De l’Un émane l’intelligibilité, puis l’intelligibilité émane l’âme, passant de l’Un au Multiple.

À la recherche de la source de la culture divine chinoise, le dieu suprême Tai Yi
Selon Plotin (205 - 270 apr. J.-C.), l’âme aspire de ce qu’elle provient, l’Un.  (Image : wikimedia / Jorge Valenzuela A / CC BY-SA 3.0)

Selon Plotin (205-270 ap. J.-C.), l’âme aspire de ce qu’elle provient, l’Un. Or l’Un est transcendant et ineffable au Multiple, toute révélation de l’Un aux humains, qui appartient au Multiple, ne peut être donc qu’une forme plus grossière et moins divine de la vraie nature de l’Un. Le seul moyen de la conversion du Multiple vers l’Un est de passer par l’amour platonicien, dans un mouvement de purification méditative, de rapprocher notre âme auprès de l’Un.

Il est intéressant de penser à la description du « Tao » dans le Tao Te Ching, ainsi au dieu suprême de la mythologie chinoise, Tai Yi, considéré comme l’Un ou l’incarnation du Tao. On retrouve finalement cette analogie entre le néoplatonisme et le taoïsme.

Le dieu suprême Tai Yi et les empereurs chinois, les fils du Ciel

Le Tao n’est pas une théorie abstraite, mais une existence suprême, ineffable et sans forme, qui transcende le concept des divinités au sens ordinaire du terme. Cependant, dans les rituels de vénération des cieux pratiqués par les empereurs chinois ou dans les croyances populaires en Chine, le Tao avait souvent une incarnation appelée Tai Yi.

Les anciennes dynasties chinoises organisaient de grandes cérémonies de vénération au Ciel et l’empereur se faisait appeler fils du Ciel. Les textes anciens indiquent que le concept chinois du Ciel est synonyme de Tao et du dieu suprême Tai Yi. Dans les Chants de Chu, Tai Yi est également connu sous le nom de « l’Empereur Tai Yi de l’Est ».

Wang Fuzhi (1619–1692), un célèbre philosophe de la dynastie Ming, explique dans son livre Explication générale des Chants de Chu (楚辞通释) que « Tai Yi est le dieu suprême ».

Tai Yi était également connu sous le nom de « l’Empereur Céleste » dans les dynasties successives et du « Ciel » dans le folklore, et jouissait du statut suprême dans l’esprit des peuples anciens. Aujourd’hui encore, le mot « Ciel » est souvent mentionné par les Chinois.

Un poème ancien qui vénère le dieu Tai Yi

Sous la dynastie Han (206 av. J.-C. à 220 apr. J.-C.), durant les rituels de vénération au Ciel organisés par la famille impériale à la campagne, Tai Yi était autrement appelé « l’Esprit divin ».

À l’époque de l’empereur Wu de la dynastie Han ou Han Wudi (30 juillet 157 av. J.-C. – 29 mars 87 av. J.-C.), la cour impériale a fondé un institut appelé Yuefu (樂府, Bureau de la musique), qui avait pour mission de composer de la musique et recueillir des poèmes chantés, pour les rituels de vénération du Ciel, organisés par la cour et les banquets au palais.

Le premier poème dans le Recueil de Poèmes chantés du Bureau de la musique (樂府詩集) décrit l’ensemble du processus de la cérémonie de vénération du dieu Tai Yi à la campagne, où les gens ont accueilli la divinité Tai Yi avec respect et joie, et où Tai Yi est descendu lentement, avec des milliers d’aurores de lumière.

À la recherche de la source de la culture divine chinoise, le dieu suprême Tai Yi
La porte du ciel est ouverte. (Image : minghui.org)

Les neuf couches du ciel s’ouvrent et la divinité vole au ciel, gratifiant les royaumes mondains et répandant sa grâce aux quatre coins du monde.

Le char divin de la divinité est entouré de nuages, la divinité chevauche un dragon chinois volant et d’innombrables drapeaux flottaient dans le vent.

La divinité descend vers la terre, comme un cheval galopant ou un vent rapide, et à gauche et à droite de la divinité se trouvent respectivement le dragon cyan et le tigre blanc, qui ouvrent le chemin pour la divinité.

Quelle descente sacrée, opulente et imminente de la divinité ! D’abord, il y a eu une pluie abondante.

À l’arrivée de la divinité, la grâce s’est répandue dans les quatre coins du monde, balayant les troubles et les chagrins du cœur des gens, et la puissance divine a ébranlé le cœur des gens.

Une fois la divinité assise, une musique solennelle du rituel sonne et, du petit matin au coucher du soleil, d’innombrables personnes ont servi la divinité avec des cœurs reconnaissants.

Le rituel se poursuit dans la nuit, imprégné du parfum frais des herbes et des orchidées, et les douces vagues de l’eau semblent ne pas vouloir s’éloigner tandis que les gens offrent du vin doux à la divinité.

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