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Chine. L’ONU divisé sur le rôle de la Chine dans le Xinjiang

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La question de savoir comment la Chine traite sa population minoritaire ouïghoure dans la région du Xinjiang a provoqué une division entre les États membres de l’ONU. (Image : Capture d’écran / YouTube)
 

Lors d’une récente réunion de l’Assemblée générale des Nations Unies, les États membres étaient divisés sur la façon dont la Chine traite sa population minoritaire ouïghoure dans la région du Xinjiang. De nombreux experts en politique estiment que les divergences d’opinion marquées entre les nations montrent à quel point le monde se polarise de plus en plus sur les pays pro-occidentaux et les pays pro-Chine.

Choisir son camp

Lors de la réunion, 23 pays, dont les États-Unis, le Japon, l’Australie et le Canada, se sont prononcés contre le traitement réservé par la Chine aux Ouïghours. Ils ont demandé à la Chine de respecter ses engagements en matière de droits de l’homme et d’ouvrir la région aux observateurs indépendants.

« Des informations crédibles font état de détentions massives, d’efforts visant à restreindre les pratiques culturelles et religieuses, d’une surveillance massive ciblant de manière disproportionnée les Ouïghours et d’autres violations et abus des droits de l’homme dans la région », a rapporté Karen Pierce, représentante du Royaume-Uni, dans une déclaration publiée au nom des 23 pays (CNN).

En réponse, 54 pays se sont prononcés en faveur de la Chine, dont la Russie, la Serbie, l’Égypte, la Bolivie, etc., qui ont approuvé avec force le programme « antiterroriste » de la Chine au Xinjiang. Le Bélarus a fait une déclaration au nom des 54 nations, faisant valoir que les mesures prises par la Chine dans la région ont protégé les droits de l’homme de toutes les communautés. Étant donné que seulement 37 pays ont soutenu Pékin en juillet, le fait que la Chine ait pu porter ce nombre à 54, en quelques mois à peine, montre l’influence croissante de la stratégie chinoise.

La Chine a permis à 54 pays d'exprimer leur soutien à son programme de « lutte contre le terrorisme » dans le Xinjiang. (Image : Capture d'écran / YouTube)
La Chine a amené 54 pays à exprimer leur soutien à son programme de « lutte contre le terrorisme » dans le Xinjiang. (Image : Capture d’écran / YouTube)
 

Pékin a critiqué les nations qui soutenaient la population ouïghoure, les accusant d’utiliser les droits de l’homme comme prétexte pour se mêler des affaires intérieures des autres nations. « La performance anti-Chine d’un petit nombre de pays occidentaux s’est soldée par un échec humiliant... Les actions de la Chine au Xinjiang ont effectivement sauvegardé les droits humains fondamentaux de tous les groupes ethniques et protégé la sécurité et la stabilité de la région », aurait ainsi déclaré Geng Shuang, porte-parole du ministère des Affaires étrangères (Hong Kong Free Press).

Selon le journal Le Monde du 22 novembre 2019, Le New York Times a publié 403 pages de documents internes au Parti communiste chinois fournissant des éléments jusqu’alors inconnus sur la politique d’internement massif des Ouïgours depuis 2017. On y apprend notamment que le président Xi Jinping – qui s’exprime très peu en public sur ce sujet – a donné l’ordre dès 2014 aux responsables locaux d’être « beaucoup plus durs » et même « absolument sans pitié ». Le chef sera écouté. A partir de 2017, entre 1 et 3 millions de Ouïghours seront, selon les Chinois, « rééduqués dans des camps de travail », et selon les Occidentaux « internés dans des camps de concentration ».

Lors d’une récente conversation avec le secrétaire américain à la Défense, Mark Esper, le ministre chinois de la Défense a justifié la politique de son pays sur le Xinjiang. Bien qu’aucun mot officiel sur les détails de la conversation ne soit connu, les médias suggèrent que le ministre chinois a fait des déclarations sévères sur le sujet, signalant la tentative de la Chine de maintenir ses revendications territoriales, par la force si nécessaire.

Menacer les familles

La Chine tente également de faire taire toute critique de la part des Ouïghours qui se sont installés à l’étranger. Pour ce faire, les autorités chinoises menacent leurs familles d’être confrontées à de graves conséquences si elles profèrent des propos négatifs sur le statut des Ouïghours en Chine. Un Ouïghour de 54 ans, Abdujelil Emet, qui a témoigné devant le parlement allemand lors d’une audition sur les droits de l’homme, a fait face à une surprise. Sa sœur, qui vit sur le continent, lui a demandé d’arrêter son activisme.

La Chine tente également de faire taire toute critique de la part des Ouïghours qui se sont installés à l'étranger, en menaçant leur famille dans leur pays d'origine. ( Image : Capture d'écran / YouTube)
La Chine tente également de faire taire toute critique de la part des Ouïghours qui se sont installés à l’étranger, en menaçant leur famille dans leur pays d’origine. (Image : Capture d’écran / YouTube)
 

Un fonctionnaire qui était à ses côtés a averti Emet qu’il devait penser à la sécurité de sa famille lorsqu’il parlait contre la Chine à l’étranger. « Je ne garderai pas le silence et le gouvernement chinois ne devrait pas utiliser ma famille pour me menacer... J’ai été clair avec eux au téléphone : s’ils font du mal à ma famille, je parlerai plus fort et je deviendrai un plus gros problème pour le gouvernement », a dit Emet au The Guardian.

Margarete Bause, membre du parlement allemand, a critiqué le gouvernement chinois pour avoir proféré des menaces et a averti que de telles actions ne devraient pas être normalisées par son pays. Originaire d’Aksu dans le Xinjiang, Emet vit en Allemagne en tant que citoyen naturalisé depuis environ deux décennies.

Rédacteur Fetty Adler

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