De plus en plus, le Parti communiste chinois (PCC) étend sa répression au-delà de ses frontières. Ceux qu'il considère comme les cinq poisons à éliminer sont les pratiquants de Falun Gong, les indépendantistes tibétains, les indépendantistes ouïghours, les activistes pour l'indépendance de Taïwan et les partisans de la démocratisation, notamment à Hong Kong. Une enquête révèle l'ampleur de cette répression transnationale, y compris en France.

Le travail du Consortium international des journalistes d'investigation
Le Consortium international des journalistes d'investigation (ICIJ), avec 42 médias partenaires, a mené une enquête d'envergure intitulée China Targets, révélant une stratégie inquiétante du régime chinois : la répression transnationale. Menée dans plus de 30 pays pendant 10 mois, cette enquête documente les méthodes utilisées par le Parti communiste chinois (PCC) pour traquer, intimider, voire rapatrier de force les « dissidents » vivant hors de Chine. Selon l'ICIJ, le PCC utilise des cyberattaques, des espions locaux, des notices rouges d'Interpol et même des rapatriements forcés via l'opération Fox Hunt, (« chasse au renard », ou « chasse à courre », en français).
La désinformation sur le Falun Gong est telle qu'il est devenu tabou d'en parler. Les journalistes le cite en passant, sans jamais approfondir le sujet. Cet article aborde donc le sujet du Falun Gong, qui a une spécificité : ses membres ne revendiquent pas de territoire, ne cherchent pas le pouvoir, ils souhaitent seulement pouvoir pratiquer librement cette discipline méditative. Alors, pourquoi un gouvernement aurait-il peur d'une voie spirituelle qui allie exercices et travail sur soi pour développer la Vérité, la Bienveillance et la Tolérance ? Peut-être parce qu'un régime communiste avide de pouvoir ne peut concevoir que des gens choisissent la voie de la compassion.

Comment la Chine exporte sa répression contre le Falun Gong
Le régime chinois utilise ses ambassades, consulats et réseaux communautaires pour diffuser une propagande calomnieuse sur le Falun Gong, notamment lors d'événements culturels (Nouvel An chinois, séminaires, projections). La méthode est systématiquement diffamée. Des pressions sont exercées sur les médias à l'étranger pour qu'ils censurent toute mention positive sur le Falun Gong et publient des contenus accusatoires.
Le PCC n'hésite pas à s'ingérer dans les affaires intérieures des pays hôtes, par des pressions diplomatiques visant à interdire des stands, défilés ou films liés au Falun Gong. Des entreprises, écoles ou même festivals sont menacés pour qu'ils excluent toute référence à cette pratique spirituelle.
Même loin de Chine, les pratiquants sont surveillés, menacés, harcelés par des appels anonymes, une surveillance numérique et des mises sur écoute. Cela peut toucher aussi des pratiquants occidentaux. Ce fut le cas de Madame S. qui, en 2010, a créé une association et un site de pratique à Nice. Elle possédait des témoignages de persécutions en Chine, stockés sur son ordinateur et ses disques durs. Elle explique : « Un jour, alors que nous faisions les exercices sur la place Garibaldi à Nice, un homme d'origine chinoise, accompagné de deux jeunes femmes également chinoises, s'est assis sur un banc en face de nous sans bouger. Une fois la séance terminée, il a commencé à me poser des questions pertinentes qui n'avaient aucun rapport avec le Falun Gong. Je n'ai pas répondu ».
« Ils sont revenus la semaine suivante et nous ont photographiés. Je lui ai demandé de supprimer les photos, ce qu'il a refusé. » Depuis, elle a déménagé, mais son ancien propriétaire l'a appelée, peu après son départ, affolé : son appartement avait été saccagé. Pour elle, c'était cet homme chinois, sans doute un espion envoyé par la police chinoise pour voler ses fichiers, qui était derrière cette effraction. Dans les années 2000, de nombreux cas semblables ont été rapportés.
Selon l'IRSEM, le Parti communiste chinois détourne les mécanismes d'Interpol, notamment les notices rouges, pour cibler et rapatrier de force des dissidents à l'étranger : contournant ainsi les procédures judiciaires légitimes. La police française elle-même a cédé à la pression du PCC. En 2004, lors du défilé du Nouvel An chinois à Paris, elle a interpellé des personnes portant des symboles du Falun Gong. Des ONG et des parlementaires ont dénoncé cette atteinte à la liberté d'expression.
D’autre part, des personnes considérées comme dissidentes se voient refuser le renouvellement de leur passeport, après avoir été menés en bateau pendant plusieurs semaines. De ce fait, elles ne peuvent plus voyager.

Intimidation des familles restées en Chine
En 2024, Jiang Shengda, artiste considéré comme dissident par le régime chinois, reçoit un appel menaçant de sa mère restée en Chine, au moment même où il manifeste à Paris contre Xi Jinping. Ce cas est fréquent. D'ailleurs, certains pratiquants chinois ne souhaitent pas parler de ce qu'ils vivent au quotidien. Une pratiquante française a confié que leur famille avait été gravement harcelée après un témoignage, et qu'ils préféraient éviter de les mettre à nouveau en danger.
Néanmoins, des pratiquants de La Réunion ont transmis des articles relatant des cas d'intimidation sur le sol réunionnais. « À La Réunion, des réfugiés chinois pratiquant le Falun Gong ont été physiquement agressés ou intimidés à plusieurs reprises (2020, 2023, 2025). Lors de la Fête des Lanternes 2025, Mme Shan, réfugiée, qui a été torturée en Chine, est agressée et bousculée pour avoir distribué des tracts. En 2023, au Tampon, un pratiquant est attaqué en pleine rue alors qu'il tenait un stand d'information. Il avait déjà été menacé en 2020. »

Le cas emblématique de Cuba
Le 13 mai 2024, à La Havane, un petit groupe de pratiquants de Falun Gong, composé d'Occidentaux et de Cubains, est agressé verbalement et photographié par deux employés de l'ambassade de Chine, venus interrompre leur rassemblement pacifique. L'incident, suivi de l'intervention de la sécurité de l'hôtel puis de la police cubaine, illustre la capacité d'action directe du PCC, même dans des pays tiers.

La menace des Instituts Confucius
Les Instituts Confucius, présents à Lyon, Paris, Rennes ou La Rochelle, sont accusés d'être des instruments d'ingérence du Front uni chinois. À Lyon, des pratiquants ont été exclus d'événements culturels après l'intervention de l'institut local. Les Instituts Confucius participent parfois à la surveillance idéologique des étudiants chinois à l'étranger et à l'autocensure des universités partenaires.
Le rapport de l'IRSEM, Les opérations d’influence de la Chine : Un moment machiavélien, révèle que la Chine mène en France une stratégie d'influence discrète mais structurée, en s'appuyant sur des réseaux associatifs, des instituts culturels comme les Instituts Confucius et des relais politiques, pour façonner l'opinion publique et dissuader toute critique à l'égard du régime.

Qu’engendre la répression du Falun Gong ?
Bien que le Falun Gong (ou Falun Dafa) soit devenu une cible du régime chinois depuis 1999, des diplomates chinois eux-mêmes savaient que cette pratique est pacifique. En 1998, plusieurs d'entre eux assistaient aux conférences de M. Li Hongzhi, le fondateur du mouvement. Jusqu'à l'été 1999, certains affirmaient encore que le Falun Gong ne serait pas persécuté. Mais le virage autoritaire du régime a changé la donne, transformant le Bureau 610 en une machine dédiée à la répression.
Les réactions politiques à l'étranger condamnent ces persécutions par des résolutions parlementaires et un soutien accru au Falun Gong. Il y a une prise de conscience dans les démocraties sur le fait que la Chine tente d'exporter son autoritarisme. Le Falun Gong a reçu plus de 1 200 lettres de soutien et proclamations officielles dans le monde. Des luttes juridiques se font entendre dans plusieurs pays contre la propagande du régime chinois.
Derrière des façades culturelles ou diplomatiques, le PCC déploie une stratégie méthodique pour faire taire ses opposants, au mépris des souverainetés étrangères. En persécutant les pratiquants de Falun Gong à Paris, à La Réunion, à La Havane ou à San Francisco, le PCC montre qu'il ne reconnaît aucune frontière quand il s'agit de contrôler la dissidence. La vigilance est donc essentielle, tant pour protéger les libertés individuelles que pour défendre l'intégrité des démocraties.
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