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Monde. Made in India : l’Inde incite les entreprises à quitter la Chine

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L’Inde apparaît comme une option intéressante pour de nombreuses entreprises qui envisagent de délocaliser leur production manufacturière de la Chine. (Image : pixabay / CC0 1.0)
 

La Chine a essuyé un énorme revers avec le Covid-19. Alors qu’elle se débat avec la crise économique due à l’épidémie, elle doit aussi faire face à une autre conséquence : que de nombreuses entreprises transfèrent leurs activités de fabrication dans d’autres pays.

L’Inde, en particulier, représente une option attrayante pour de nombreuses entreprises en raison de sa population dense, de sa société ouverte et démocratique et de son État de droit. En fait, le gouvernement indien aurait déjà pris contact avec plus de 1000 entreprises américaines en avril et leur aurait  offert des garanties pour qu’elles révisent leur engagement auprès de la Chine communiste.

S’installer en Inde

Selon plusieurs sources, l’Inde est en train de développer un territoire de près de 4640 km² à travers le pays, soit une superficie équivalente à celle du Luxembourg. Le gouvernement prévoit de l’utiliser pour attirer des entreprises étrangères dans le pays. La terre est l’un des plus grands problèmes auxquels de nombreuses entreprises sont confrontées lorsqu’elles cherchent à s’implanter en Inde. Elles doivent acquérir des terrains par leurs propres moyens, ce qui est un processus long et fastidieux. En fait, plusieurs entreprises comme Posco et Saudi Aramco avaient déjà été confrontées à cette difficulté.

Mais depuis que le gouvernement du Premier ministre Modi a mis en place une zone franche permettant l’acquisition rapide de terres à des conditions attractives, l’Inde semble se préparer à un essor massif de son industrie manufacturière et d’autres secteurs. « Nous avons l’avantage de disposer d’un littoral et de parcs industriels prêts à l’emploi, avec les autorisations nécessaires... Nous nous concentrons sur certains secteurs comme l’informatique et les industries manufacturières connexes, l’agroalimentaire et les produits chimiques et nous avons organisé des vidéoconférences avec des investisseurs », a déclaré Rajat Bhargava, secrétaire général spécial du ministère des revenus de l’État d’Andhra Pradesh, à NDTV.
 

Le gouvernement du Premier ministre Modi semble préparer l’Inde à un essor massif de l’industrie manufacturière et d’autres secteurs. (Image : Capture d’écran / YouTube)
Le gouvernement du Premier ministre Modi semble préparer l’Inde à un essor massif de l’industrie manufacturière et d’autres secteurs. (Image : Capture d’écran / YouTube)
 

L’Inde est déjà en pourparlers avec des entreprises comme Abbott Laboratories et Medtronic Plc, pour la relocalisation de leurs activités. Les deux entreprises sont déjà présentes dans le pays. Il sera donc plus facile d’intégrer et d’étendre leurs installations lorsqu’elles délocaliseront leurs chaînes d’approvisionnement de la Chine. Les responsables indiens ont assuré aux entreprises que même si les coûts de production globaux dans le pays pouvaient être légèrement plus élevés qu’en Chine, cela restait tout de même économiquement intéressant si l’on considère la facilité à obtenir des terres et une main-d’œuvre qualifiée. En outre, le gouvernement indien a accepté de modifier quelques lois sur le travail pour s’aligner sur les intérêts des entreprises.

Les États-Unis, le Japon et la Corée du Sud sont les trois principaux pays qui ont le plus grand intérêt à transférer leurs activités en Inde. Il n’y a pas de surprise à ce sujet, car ces trois pays sont en fait les plus grands partenaires commerciaux de l’Inde. Le secrétaire d’État américain Mike Pompeo a révélé en avril que le gouvernement américain travaillait avec l’Inde et d’autres pays pour restructurer les chaînes d’approvisionnement mondiales afin de réduire la dépendance vis-à-vis de la Chine.

Limiter les investissements chinois

En avril, le gouvernement indien a renforcé les règles sur les investissements directs étrangers (IDE) des pays voisins. Bien qu’aucun pays en particulier n’ait été nommé, cela sous-entendait que cette politique visait à limiter les investissements et l’influence de la Chine dans le pays. Au regard de la révision des réglementations, les entreprises des pays voisins devront désormais obtenir une autorisation supplémentaire de l’administration pour s’implanter dans le pays. Cette mesure permettra également d’éviter toute prise de contrôle hostile d’entreprises nationales affaiblies, par des investisseurs chinois.
 

Les nouvelles réglementations indiennes sur les investissements directs étrangers sont censées limiter les investissements et l’influence de la Chine dans le pays. (Image : faungg’s photos / flickr / CC BY-ND 2.0)
Les nouvelles réglementations indiennes sur les investissements directs étrangers sont censées limiter les investissements et l'influence de la Chine dans le pays. (Image : faungg’s photos / flickr / CC BY-ND 2.0)
 

Depuis 2014, les investissements chinois en Inde ont été multipliés par cinq et s’élevaient à environ 8 milliards de dollars en décembre de l’année dernière. Selon une analyse de Brookings India, la Chine prévoit actuellement d’investir environ 26 milliards de dollars US dans le pays. Avec les nouvelles réglementations, certains de ces investissements pourraient être bloqués. La bonne nouvelle, c’est que l’Inde est en mesure de le faire, puisqu’elle courtise déjà les investissements des États-Unis, du Japon, de la Corée et d’autres pays développés.

Rédacteur Camille Lane

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