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Chine. Les procès de masse et les chasses à prime contre des militants chinois à l’étranger suscitent l’inquiétude à l’ONU

ACTUALITÉ > Chine

Les enquêteurs des Nations unies sur les droits de l’homme ont tiré la sonnette d’alarme concernant les procès de masse menés il y a quelques mois contre des militants pour la démocratie, dans le cadre de la loi répressive de Hong Kong sur la sécurité nationale (NSL).

Au cours du procès pour « subversion » qui a débuté en février, 47 accusés ont comparu devant le tribunal. Nombre d’entre eux, dont des législateurs élus, des militants, des travailleurs sociaux, des universitaires, des syndicalistes et des journalistes, s’étaient « présentés aux élections » lors de primaires non officielles en juillet 2020, selon un communiqué publié le 9 octobre.

Leur arrestation a déclenché une condamnation mondiale à l’encontre du gouvernement communiste chinois, les gens appelant tous les citoyens à s’opposer à l’oppression de Pékin.

« Nous sommes très préoccupés par le recours aux procès de masse dans les affaires de sécurité nationale et par la façon dont ils peuvent affecter négativement les garanties qui assurent une procédure régulière et le droit à un procès équitable », peut-on lire dans le communiqué.

« Les accusations semblent viser à punir les déclarations que chaque individu aurait faites pour critiquer les politiques du gouvernement chinois et leurs activités en faveur de la démocratie à Hong Kong », ajoutent les experts.

Les enquêteurs, Margaret Satterthwaite, Fionnuala Ni Aolain, Clement Nyaletsossi Voule et Irene Khan, constituent les procédures spéciales du Conseil des droits de l’homme, qui affirment avoir été en contact avec Pékin.

« La Chine devrait revoir sa loi sur la sécurité nationale afin de s’assurer qu’elle est conforme aux obligations internationales de la Chine en matière de droits de l’homme en ce qui concerne Hong Kong », ont-ils déclaré.

« Nous sommes prêts à engager un dialogue avec les autorités chinoises sur cette question très importante », ajoute le communiqué.

Mettre en danger la loi sur la sécurité nationale constitue un crime grave

Suite à l’opposition des enquêteurs, le gouvernement de Hong Kong a rejeté leurs « commentaires erronés », arguant que les 47 accusés « avaient droit à un procès équitable », comme l’a écrit le South China Morning Post (SCMP).

« Mettre en danger la loi sur la sécurité nationale est un crime grave, et aucun pays ne resterait les bras croisés face à des actions et des activités qui menacent la sécurité nationale », a déclaré un porte-parole du gouvernement de la ville.

Depuis le début du mouvement de protestation de 2019, plus de 10 000 personnes ont été appréhendées par le gouvernement et 1 618 d’entre elles ont été classées comme prisonniers politiques, a déclaré le Hong Kong Democracy Council, basé aux États-Unis. 230 ont été arrêtées en vertu de la loi sur la sécurité nationale, qui interdit de critiquer le gouvernement communiste chinois.

Des cibles à l’étranger qui ont un prix

Outre les procès de masse, l’équipe des Nations unies a également mis en garde contre les primes promises par Hong Kong sur huit militants de l’opposition, qui sont tous actuellement à l’étranger. On dit que jusqu’à un million de dollars de Hong Kong (128 000 dollars) ont été offerts pour des informations qui pourraient être utilisées dans le cadre de poursuites contre ces personnes.

Les huit cibles sont les anciens législateurs Nathan Law Kwun-ching, Dennis Kwok Wing-hang et Ted Hui Chi-fung, le syndicaliste Mung Siu-tat, l’avocat Kevin Yam Kin-fung et les militants Finn Lau Cho-dik, Anna Kwok Fung-yee et Elmer Yuan Gong-yi.

« Les accusations semblent viser à punir les prétendues déclarations que chaque individu aurait faites pour critiquer la politique du gouvernement chinois, et leurs activités en faveur de la démocratie à Hong Kong », a déclaré l’équipe de l’ONU.

Dennis Kwok et Kevin Yam ont également été visés par des procédures de radiation du barreau par des « organismes professionnels ».

Ted Hui, qui est actuellement en exil en Australie, a déclaré que les autorités harcelaient également les membres de sa famille à Hong Kong.

« Les familles de six sur huit d’entre nous ont fait l’objet d’un harcèlement intense », a déclaré Ted Hui. « Certaines ont été emmenées au poste de police pour y être interrogées au petit matin ».

« Peu importe l’ampleur de la propagande politique menée à Hong Kong ou en Chine, les mensonges (du parti communiste chinois) ne tromperont pas le monde entier », a ajouté Ted Hui.

Par ailleurs, Chow Hang-tung, une organisatrice de la veillée du massacre de Tiananmen à Hong Kong, a été placée à l’isolement, dans l’attente de son procès pour avoir « incité » d’autres personnes à participer à une veillée pour les victimes du massacre.

« Cette période l’a vraiment changée : ses lèvres sont gercées et elle est devenue si maigre qu’elle ressemble à une poupée Barbie…, » a déclaré Lau Ka Yee, un autre organisateur de la veillée, après avoir rendu visite à Mme Chow Hang-tung en prison. « Mais son état mental est toujours sain et son obstination à toujours choisir la voie du bien est toujours aussi forte. »

Rédacteur Fetty Adler
Collaborateur Jo Ann

Source : Mass Trials and Bounty Hunts of Overseas Chinese Activists Sparks Concern at UN

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