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Opinion. Massacre de la place Tiananmen : les échos du 4 juin résonnent encore aujourd’hui

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Le 15 avril 1989, après la mort de Hu Yaobang , ancien secrétaire général du Parti communiste chinois (PCC) et réformateur apprécié d’une majorité de chinois, une commémoration organisée par des étudiants sur la place Tiananmen se transforma rapidement en un mouvement démocratique le plus grand de l’histoire de la Chine. Dans la nuit du 3 juin aux premières heures du 4 juin, les troupes du PCC commettaient un massacre, place Tiananmen, tuant des étudiants et de nombreux civils. La répression sanglante des troupes du PCC, désormais connue sous le nom de Massacre de la place Tiananmen ou simplement du « 4 juin », choqua le monde entier.

Massacre de la place Tiananmen : les échos du 4 juin résonnent encore aujourd’hui
Les voix du passé continuent d’alimenter les appels indéfectibles en faveur d’une réévaluation du Massacre de la place Tiananmen. (Image : wikimedia / dbking / CC BY 2.0)

Une grande division sur le nombre de victimes

Le nombre d’étudiants et de citoyens tués par le PCC est contesté. Selon les médias occidentaux, plusieurs milliers de personnes ont été tuées lors du « 4 juin ». Des documents déclassifiés de l’ex-Union soviétique concernant l’incident du « 4 juin » du PCC ont révélé en avril 2013 qu’environ 3 000 personnes avaient été tuées ou blessées lors du massacre.

Des appels incessants à une réévaluation

Le public n’a cessé de réclamer une réévaluation du « 4 juin ». Ces dernières années, un nombre croissant d’universitaires et de participants au « 4 juin » en sont venus à penser que le PCC, considéré comme le criminel de l’événement, ne peut pas être en mesure de réévaluer le « 4 juin » de façon crédible.

Massacre de la place Tiananmen : les échos du 4 juin résonnent encore aujourd’hui
Ding Zilin a créé  le groupe Les Mères de Tian’anmen. Il est constitué de 128 mères d’étudiants chinois disparus à Pékin en juin 1989. (Image : wikimedia / Voice of America / Domaine public)

Se souvenir du 4 juin

Chaque année, les jours entourant le 4 juin deviennent une période très sensible pour le PCC. Cette année a marqué le 34ème anniversaire du Massacre de la place Tiananmen. Combien de Chinois s’en souviennent encore ? Parmi les jeunes Chinois, combien connaissent la tragédie du 4 juin ?

Témoignages du Massacre de la place Tiananmen

Jin Ran, qui était également sur les lieux de l’incident de la place Tiananmen, a raconté ce qui suit.

« Mon souvenir du Massacre de la place Tiananmen reste vif. J’étais à Pékin le 4 juin 1989. J’ai entendu les tirs intenses à l’aube, j’ai vu des Pékinois trempés de sang transportés sur des tricycles à plateau et j’ai appris que deux étudiants de mon université étaient morts au cours de la répression militaire chinoise. Plus tard, j’ai vu des impacts de balles couvrir les murs des immeubles des deux côtés de la rue Chang’an, près de la Tombe de la Princesse ».

Massacre de la place Tiananmen : les échos du 4 juin résonnent encore aujourd’hui
Des bannières de deuil accrochées à la porte sud de l’Université de Pékin. Photo prise entre le 7 et le 11 juin 1989, quelques jours après la répression du 4 juin sur la place Tiananmen. (Image : wikimedia / Daiwenchen / CC BY-SA 4.0)

« Pékin à cette époque était extraordinaire. Il y avait probablement plus de cent mille bicyclettes garées près de la place Tiananmen chaque jour, mais aucune n’était volée. La rumeur voulait que tous les voleurs aient déclaré une grève -" l’arrêt des vols "- en soutien aux étudiants. Il n’y avait pas de police pour diriger la circulation aux carrefours, mais l’ordre régnait. Dans les bus, si vous portiez un badge de l’université sur la poitrine, les conducteurs ne voulaient pas prendre votre argent. De nombreuses voitures s’arrêtaient dans la rue pour vous demander si vous aviez besoin d’un chauffeur.

Personne ne sait combien de personnes sont mortes après que l’Armée populaire de libération a ouvert le feu. Certains parlent de dizaines de milliers, d’autres de milliers, et bien sûr, il y a l’affirmation du porte-parole du Parti communiste chinois : " Pas une seule personne n’est morte " ».

C’est ce qu’a déclaré Yuan Mu, le porte-parole du Conseil d’État du PCC de l’époque, qui s’est fait connaître pour avoir affirmé, lors d’une interview avec des médias étrangers après l’incident de Tiananmen, que « pas une seule personne n’est morte, pas une seule personne n’a été écrasée ».

Xu Qinxian : « Plutôt être décapité que d’être un criminel de l’histoire »

Voilà un homme dont tout le monde devrait se souvenir. Il s’appelle Xu Qinxian et fut le commandant du 38ème groupe d’armées de l’Armée populaire de libération. C’est lui qui refusa d’exécuter l’ordre du PCC de mobiliser la 38ème armée pour massacrer les étudiants désarmés, ce qui lui valut d’être condamné par un tribunal militaire à cinq ans de prison. Bien des années plus tard, Xu Qinxian déclara au monde extérieur ces mots dont tout le monde devrait se souvenir : « Je préférais être décapité plutôt que d’être un criminel de l’histoire ».

Massacre de la place Tiananmen : les échos du 4 juin résonnent encore aujourd’hui
Les voix du passé continuent d’alimenter les appels indéfectibles en faveur d’une réévaluation du massacre de la place Tiananmen. (Image : wikimedia / The original uploader was Spacecry at Chinese Wikipedia. / CC BY-SA 3.0)

Soutien de l’industrie du divertissement de Hong Kong

Le jour même de la manifestation massive à Pékin, l’industrie du divertissement de Hong Kong organisa un concert de collecte de fonds intitulé Democratic Songs Dedicated to China (Chansons démocratiques dédiées à la Chine) à Happy Valley pour soutenir le mouvement étudiant de Pékin. Plus de 200 artistes du cinéma, de la télévision et de la musique, ainsi que 500 000 citoyens, assistèrent à ce concert marathon de 12 heures.

Parmi ces personnes, combien ont encore une posture morale droite aujourd’hui ? Combien chérissent encore leur « conscience » ? Et combien ont plié le genou pour la « gloire » et le « pouvoir » ? Certains flattent même le PCC en affirmant que le peuple chinois a besoin d’être contrôlé !

Faire face à nos choix

Nous devrons tous un jour lever la tête, faire face au Ciel et répondre de nos actes. Personne ne peut y échapper. C’est un constat, le cœur des gens descend continuellement. Où était la ligne de fond du cœur humain il y a dix ans ? Et où est-elle aujourd’hui ?

Rédacteur Albert Thyme

Source : Tiananmen Square Massacre: The Echoes of June 4 Still Resound Today
www.nspirement.com

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