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Chine. Pourquoi les jeunes en Chine continentale se sentent-ils désespérés face à la vie ?

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En début de semaine dernière, quatre jeunes âgés de 23 à 34 ans se sont rencontrés sur un pont à chevalets à Zhangjiajie , dans la province du Hunan. Ils ont avalé du poison, puis se sont suicidés en sautant d’une falaise. Pourquoi ces jeunes dans la fleur de l’âge ont-ils agi ainsi ?

Aucune information concernant les causes du suicide n’a été trouvée

Lorsqu’ils ont décidé de se suicider, aucune plainte n’a été émise à l’encontre de ceux qui les avaient conduits à cet acte et aucune note expliquant la cause du suicide n’a été trouvée. Seule une jeune fille de 23 ans, la plus jeune, a levé vers le ciel une bouteille contenant de l’eau toxique, s’est prise en photo et l’a envoyée à Moments, disant : « bonjour le monde, au revoir ! » Les quatre jeunes avaient en commun le fait d’être tous issus de zones rurales, que leurs résultats scolaires n’étaient pas satisfaisants, qu’ils vivaient de façon basique et que leurs conditions familiales n’étaient pas bonnes, ce qui a entraîné des difficultés dans leurs relations familiales.

Après que les jeunes quittent leurs villes natales, les relations familiales deviennent altérées, les perspectives de développement sont pessimistes et il leur est difficile d’appréhender leur propre avenir et de faire face à la vie. Ce sont exactement les circonstances désespérées et les réalités étouffantes auxquelles de nombreux Chinois de la jeune génération actuelle sont confrontés.

On dit qu’il existe de nombreux « groupes de rendez-vous de décès » sur Internet en Chine continentale. La plupart d’entre eux n’ont pas de travail, manquent de nourriture, font face à une maladie grave et n’ont pas d’argent pour un traitement médical.

Combien de jeunes font face au désespoir

En Chine continentale, combien de jeunes dans une situation similaire éprouvent ce sentiment de désespoir dans leur cœur ? Combien de personnes ont eu l’idée de se couper du monde ? Concernant ces deux questions, si les responsables du PCC veulent répondre, ils diront certainement qu’« ils ne sont qu’un très petit nombre » et qu’il est également très probable que la cause profonde du suicide de ces quatre personnes soit due à leur faiblesse personnelle ou à une insuffisance de soutien familial.

Désespérés face à la vie

Mais si vous êtes honnête, vous saurez que ce n’est pas aussi simple et pas aussi stéréotypé que les caractéristiques du PCC. Bien sûr, des facteurs personnels ne peuvent être exclus pour les suicides de ces quatre personnes, mais ce qui ne peut pas non plus être ignoré, c’est la situation de vie qui a fait que chacun d’eux est tombé dans le désespoir et les causes profondes structurelles de cette situation. Beaucoup de jeunes dans la Chine contemporaine sont piégés dans une situation où ils sont perdus, leur direction n’est pas claire, leur destin est difficile à contrôler et ils se sentent même désespérés face à la vie. La principale raison est que sous le règne du PCC, afin de contrôler pleinement tout le pouvoir politique et social, l’atmosphère de toute la société a été étouffée, et cela a également rendu difficile pour l’économie de briser le goulot d’étranglement et d’améliorer le système à ce stade du développement économique. Les jeunes sont particulièrement défavorisés dans ce contexte.

Aujourd’hui, que ce soit en termes de perspectives de développement économique, de renouveau social et culturel, d’exigences d’individualité et de liberté qui accompagnent le développement économique, la société chinoise est tombée dans une situation où elle ne peut plus avancer. Couplé à la diplomatie du loup guerrier, il est difficile de garantir que les acquis de la réforme économique pourront être maintenus. La société chinoise dans son ensemble est tombée dans une situation inévitable de régression en termes d’économie, de politique, de société et de culture, et de moyens de subsistance. Les jeunes sont devenus des « poireaux à récolter », à savoir une mine sans cesse exploitée et utilisée par le système, les bénéfices ne leurs sont pas octroyés, et le fardeau devient de plus en plus lourd. S’ils n’ont nulle part où en profiter, ils doivent choisir de s’isoler. Il n’est pas trop surprenant que certains choisissent de se suicider dans une vie de désespoir.

On dit que sur Internet en Chine continentale, il existe de nombreux « groupes de rencontres avec la mort » de la jeune génération. Cette fois, les quatre personnes qui ont sauté du pont à chevalets à Zhangjiajie ne peuvent être exclues d’être connectées par le biais de tels groupes.

Pendant plus d’un demi-siècle, la jeune génération a été façonnée par le PCC en utilisant des outils idéologiques pour en faire des personnes militarisées, c’est vrai de la génération des gardes rouges, et c’est aussi vrai de la génération des « Little pink » (Petits roses) d’aujourd’hui. Incités par un nationalisme passionné, ils sont en fait une génération qui a été trompée, réprimée, dominée et même utilisée. Certains d’entre eux n’ignorent peut-être pas cette réalité, d’où l’apparition de nouveaux termes politiques et sociaux tels que « couper les poireaux », « mines humaines », « mettre à plat », et « hydrater ». Mais cette autodérision est-elle suffisante pour fournir une alternative au suicide ? Visiblement pas assez ! Un contrôle social strict peut empêcher plus de jeunes d’imaginer d’autres choix.

Mais ce qui est ironique, c’est que cet environnement général qui a poussé les quatre jeunes dans une impasse a aussi été décrit par le PCC et ses autorités comme une bonne situation, un pays puissant se relève, la civilisation est sur le point de renaître, et il faut étendre sa présence à voix sociale internationale.

Ce genre de propagande politique trompeuse ne changera évidemment pas la réalité sociale qui pèse sur la plupart de la jeune génération. La question est que ces quatre jeunes se sont sentis désespérés et ont finalement choisi de se libérer de la manière la plus décisive : peuvent-ils apporter un peu d’espoir pour le réveil de la société ?

Aujourd’hui, alors que la Chine est confrontée à la lente perte du dividende démographique, au vieillissement de la population qui s’accélère et à la réticence de la jeune génération à avoir des enfants, la situation de la nouvelle génération semble se détériorer. Récemment, de nombreux jeunes ont disparu et sont devenus des fournisseurs de ressources d’organes. L’émergence d’une série d’incidents de ce type a attiré l’attention pendant un moment, puis le calibre s’est unifié : les quelques cas impliquant des jeunes qui ont disparu ou ont perdu leurs organes n’étaient que des incidents occasionnels, et seul un très petit nombre de personnes étaient concernées.

Selon la logique officielle du PCC, ce n’est pas la minorité qui choisit de se suicider comme ces quatre jeunes ? Comme il n’y a qu’un très petit nombre de personnes, on ne peut bien sûr pas faire grand cas des petites choses, il n’y a aucune raison de blâmer la société et le système pour ces problèmes qui ne touchent qu’un très petit nombre de personnes.

Le problème est que le PCC, un groupe qui continue de voler les intérêts du pays et du peuple, ne peut pas voir la grande majorité des autres jeunes, ni entendre leurs voix. Ironiquement, le PCC ne cesse de dire qu’il représente les intérêts de la grande majorité du peuple chinois. C’est-à-dire que les intérêts de la grande majorité de la jeune génération ne peuvent être représentés que par le PCC : leur avenir ne peut être développé qu’en fonction de ce sur quoi le PCC insiste maintenant. La jeune génération en Chine ne peut-elle pas se sentir désespérée ?

(L’article ne représente que la position et le point de vue personnels de l’auteur)

Rédacteur Fetty Adler
Collaborateur Jo Ann

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