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Chine. Pékin décide d’assouplir sa politique zéro Covid à la suite des manifestations de masse

ACTUALITÉ > Chine

Suite aux manifestations de masse, le gouvernement chinois a annoncé un nouvel assouplissement des restrictions sanitaires draconiennes zéro Covid en vigueur depuis le début de la pandémie. Le 7 décembre, Pékin a fait l’annonce de 10 nouvelles mesures en plus des 20 mesures publiées à la mi-novembre.

Selon les nouvelles mesures d’« optimisation », les autorités locales ne doivent plus exiger de tests massifs d’acide nucléique ni imposer des mesures de confinement à l’échelle de la communauté. Des résultats de test négatif ne sont plus officiellement requis pour voyager en Chine.

Alors que le Parti communiste chinois (PCC) a assoupli sa politique zéro Covid depuis la conclusion du 20e congrès national du Parti en octobre, cette dernière série de mesures est significative car elle intervient une semaine après que des dizaines de milliers de personnes ont manifesté dans les villes de Chine.

Le tragique incendie survenu le 24 novembre à Urumqi, dans le Xinjiang, a catalysé la colère générale contre les confinements à répétition. Des dizaines de résidents sont morts brûlés, sans pouvoir s’échapper ou être secourus par les pompiers, car les autorités avaient verrouillé leurs appartements de l’extérieur.

De nombreux Chinois qui ont pris part aux manifestations dans les jours qui ont suivi l’incendie d’Urumqi ont réclamé non seulement la fin du zéro-Covid, mais aussi le retour à une liberté politique, voire le retrait du PCC.

Pékin décide d’assouplir sa politique zéro Covid à la suite des manifestations de masse
La Commission nationale de la santé a dévoilé 10 directives d’assouplissement des mesures anti-covid couvrant tous les aspects de la question, des confinements à la fréquence des tests. C’est le signe le plus clair à ce jour que Pékin prépare ses 1,4 milliard d’habitants à vivre avec la maladie. (Image : Capture d’écran / YouTube)

Selon The Wall Street Journal, les manifestations ont eu un tel impact que le dirigeant chinois Xi Jinping a reconnu la situation dans des propos privés. Le 1er décembre, alors qu’il s’entretenait avec le président du Conseil européen Charles Michel à Pékin, Xi Jinping a admis que les manifestations « étaient principalement le fait d’étudiants et le résultat de la frustration engendrée par trois années de restrictions liées à la Covid ».

Le 3 décembre, le compte officiel de médias sociaux WeChat de la Ligue de la jeunesse communiste a fait allusion aux manifestations de masse, notant : « ces derniers jours, il y a eu beaucoup d’opinions sur les contrôles épidémiques locaux ». Toutefois, le groupe de jeunes a également affirmé que « l’incident s’est d’abord calmé grâce à une communication rapide et à des améliorations » de la politique.

Pendant ce temps, lors de sa conversation avec Charles Michel, Xi Jinping aurait fait remarquer que les nouveaux variants de la Covid-19, qui sont apparus pour la première fois fin 2019 dans la ville chinoise de Wuhan, semblent « moins mortels que les versions précédentes » de la maladie.

Réponse aux protestations ou ordre du jour

Il est difficile de dire si les nouvelles mesures du PCC pour une prévention et un contrôle « optimisés » des épidémies font simplement partie des mouvements pré-planifiés par les dirigeants chinois et dans quelle mesure le tollé public les a influencés en réponse à l’incendie d’Urumqi.

Le fait est que les nouvelles mesures interdisent spécifiquement au personnel de prévention des épidémies d’obstruer ou de sceller les portes et les sorties de secours, un dispositif à l’origine de la tragédie du Xinjiang.

Les mesures réduisent également les exigences relatives à l’envoi de personnes dans des installations de quarantaine centralisées, les tristement célèbres camps d’isolement « fangcang » qui se sont multipliés dans les provinces chinoises.

The Wall Street Journal a observé que le message de la Ligue de la jeunesse pourrait être « le premier aveu officiel des failles de la politique zéro Covid ».

À la fin du mois de novembre et au début de ce mois, les étudiants de diverses universités chinoises ont demandé à être autorisés à rentrer chez eux plutôt que d’être confinés sur le campus, comme cela a souvent été le cas dans le cadre des précédentes mesures de lutte contre la pandémie.

Certains étudiants ont même averti les administrateurs des campus que si leurs demandes n’étaient pas satisfaites, ils créeraient une autre « situation Foxconn », en référence aux épisodes de fin octobre et de novembre où des milliers d’ouvriers de la plus grande usine d’iPhone au monde ont violemment affronté le personnel de sécurité, brisé les barricades sur leur lieu de travail et se sont enfuis à pied pour échapper au confinement.

Selon les médias chinois, de nombreux établissements d’enseignement supérieur avaient publié des avis concernant l’ajustement des vacances d’hiver « en fonction de la situation de prévention et de contrôle de l’épidémie, ainsi que des souhaits et des besoins des enseignants et des étudiants. »

Selon les médias chinois, des collèges du Henan, du Hubei, du Heilongjiang, du Jilin, du Liaoning et du Fujian ont commencé à acquiescer à ces demandes.

Pékin décide d’assouplir sa politique zéro Covid à la suite des manifestations de masse
Suite aux vastes manifestations de la semaine dernière contre les mesures anti-Covid, les autorités chinoises semblent vouloir assouplir les restrictions dans tout le pays. (Image : Capture d’écran / YouTube)

Difficulté de réouverture

Selon SinoInsider, une société de conseil en risque politique basée à New York et spécialisée dans la politique de l’élite chinoise, les événements de ces dernières semaines vont dans le sens des plans de Pékin pour la réouverture du pays et démontrent la grande difficulté d’inverser en douceur des années de zéro Covid.

Dans une lettre d’information du 8 décembre, SinoInsider a noté que les dirigeants chinois tentent toujours de maintenir leur politique zéro Covid en justifiant les amendements à la politique comme étant en accord avec la « science », comme en témoignent les remarques de Xi Jinping à Charles Michel.

Les analystes ont observé que, malgré les ordres de Pékin visant à atténuer la pandémie, les fonctionnaires pourraient se montrer confus et même saper le changement de politique en trouvant des moyens de contourner les 30 mesures d’« optimisation ». Les gouvernements locaux agiraient ainsi en raison du manque de clarté des formulations de Pékin et parce qu’ils pourraient craindre d’être tenus pour responsables de nouvelles épidémies de Covid et de décès lors de la réouverture des communautés.

Les entreprises, les investisseurs et les gouvernements ne devraient pas être trop optimistes quant à la détermination de Pékin à sortir du zéro Covid et à planifier le retour rapide (dans un délai d’un an) de la Chine à une relative « normalité », écrit SinoInsider.

Dans une mesure plus sinistre, les fonctionnaires chinois provinciaux et municipaux qui perçoivent des pots-de-vin de l’infrastructure et du personnel mis en place à grands frais pour maintenir le régime strict de tests et de quarantaines de masse, pourraient aussi être réticents à abandonner les politiques draconiennes.

Selon les analystes, tant que le zéro Covid n’est pas officiellement supprimé, les responsables locaux sont sujets à l’« effet cobra », c’est-à-dire qu’ils trouvent des moyens de lutter perpétuellement contre les épidémies et de justifier auprès du gouvernement central leur décision d’être « inébranlables » dans le maintien des mesures de confinement au lieu d’assouplir progressivement le zéro Covid.

Rédacteur Fetty Adler
Collaboration Jo Ann

Source : China Continues to Ease Out of ’Zero-COVID’ Following Mass Protests

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