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Chine. La Chine accentue sa campagne de désinformation

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Selon un rapport du groupe de réflexion Atlantic Council, « les troubles civils aux États-Unis suite aux violences policières contre les Afro-Américains, ont également été utilisés pour contrer les critiques concernant les abus de la police contre les manifestants à Hong Kong. » (Image : wikimedia / VOA / Domaine public)

Un rapport publié en décembre 2020 par l’Atlantic Council, un groupe de réflexion basé aux États-Unis, avertit que Pékin utilise les tactiques russes dans le cadre de sa campagne de désinformation contre les nations occidentales. Face aux accusations de plus en plus nombreuses de violation des droits de l’homme et de persécution religieuse, le Parti communiste chinois (PCC) passe à l’offensive en soulignant les faiblesses de l’Amérique et en exploitant les tensions raciales et les inégalités de revenus en Occident.

Selon un rapport de L’Atlantic Council, « les troubles civils aux Etats-Unis suite aux violences policières contre les Afro-Américain, ont également été utilisés pour contrer les critiques à l’égard de la police pour ses abus à l’encontre des manifestants à Hong Kong. » Les principaux instigateurs de la stratégie de désinformation sont des acteurs gouvernementaux clés tels que « l’Armée populaire de libération (APL), le Conseil d’État et son Bureau des affaires taïwanaises, l’Administration chinoise du cyberespace et le Département du travail du Front uni (UFWD) du PCC ».

D’importantes ressources humaines et financières sont consacrées aux efforts de désinformation

Dexter Roberts, membre senior du groupe de réflexion et auteur du rapport, avertit que les tentatives de désinformation du PCC deviennent « plus sophistiquées », l’armée chinoise évoquant ouvertement son utilisation de l’intelligence artificielle pour « adapter ses messages afin d’influencer les consommateurs des médias sociaux à Hong Kong, à Taïwan et aux États-Unis. »

Sarah Cook, directrice de recherche à Freedom House, a abondé dans ce sens, affirmant que « d’importantes ressources humaines et financières sont consacrées à l’effort de désinformation. » Les liens entre de nombreux comptes de médias sociaux pro-PCC et le gouvernement chinois sont de plus en plus évidents, ce qui diminue la capacité du régime à invoquer un déni plausible.

« Lorsque les réseaux de bots (provocateurs virtuels) et de trolls (robots numériques) liés à la Chine sur les médias sociaux sont apparus sur la scène mondiale de la désinformation en 2019, la plupart des analystes ont conclu que leur impact et leur portée étaient assez limités... Comme de nombreux observateurs de la Chine l’avaient prévu, cette évaluation semble maintenant changer », a déclaré Sarah Cook.

Propagande « grotesque » du PCC sur le Xinjiang

L’ambassade de Chine à Canberra, Australie, a récemment tenu une conférence de presse présentant cinq vidéos de propagande sur la situation au Xinjiang, où plus d’un million de Ouïghours, de Kazakhs et d’autres minorités ethniques musulmanes sont détenus. La campagne de propagande, qui nie les atrocités présumées commises à l’encontre de la minorité ouïghoure, a suscité une vive réaction de la part des dirigeants de la communauté ouïghoure et des défenseurs des droits de l’homme. Les vidéos, intitulées Xinjiang Is A Wonderful Land, contiennent des récits visant à réfuter les préoccupations en matière de droits de l’homme concernant les camps de concentration, les stérilisations forcées et le travail forcé. Dans l’une des vidéos, une femme ouïghoure déclare qu’après avoir reçu une « formation » dans un camp de rééducation, elle est devenue plus satisfaite de sa vie.

Le 5 juillet 2017, des manifestants se sont rassemblés à Munich, en Allemagne, pour protester contre les violations des droits humains à l’encontre des Ouïghours au Xinjiang. (Image : Wikimedia / Jordan Peterson / CC BY-SA 4.0)
Le 5 juillet 2017, des manifestants se sont rassemblés à Munich, en Allemagne, pour protester contre les violations des droits humains à l’encontre des Ouïghours au Xinjiang. (Image : Wikimedia / Jordan Peterson / CC BY-SA 4.0)

Dans une autre vidéo, une femme a déclaré qu’elle s’était portée volontaire pour se faire poser un dispositif intra-utérin (DIU) afin de contrôler les naissances. Le PCC a invoqué sa politique autorisant les parents ouïghours du Xinjiang à avoir plus d’un enfant, comme preuve contre le génocide.

Toutes les vidéos reprennent le même message, à savoir celui de Ouïghours faisant l’éloge du gouvernement chinois. Lors d’une conférence de presse en Australie, l’ambassadeur chinois Cheng Jingye a accusé les médias occidentaux de diffuser des fake news et a déclaré que l’événement visait à « aider les journalistes australiens à comprendre la situation réelle au Xinjiang. » ErkinTuniyaz, vice-gouverneur du Xinjiang, a déclaré que le gouvernement maintient « l’harmonie ethnique » dans la région et réprime le terrorisme.

Cependant, les vidéos sur les Ouïghours sont visiblement des mises en scène, car beaucoup d’entre eux semblant agités et nerveux. Mamutjan Abdurrahim, un Ouïghour qui a été séparé de sa famille en Chine par le régime communiste et qui réside actuellement en Australie, a déclaré à ABC que les vidéos sont dangereusement trompeuses.

« C’est tout simplement absurde. Cela me rend furieux et me fait même frissonner car je ne trouve aucun mot... pour décrire ces affirmations scandaleuses. Il est scandaleux de dire que les gens sont heureux... Comment des gens qui subissent une persécution aussi massive peuvent-ils être heureux ? », a-t-il déclaré.

Les campagnes publicitaires internationales du PCC ont encore été exposées en mars 2021, lorsque le porte-parole du parti, le Quotidien du Peuple, s’est ouvertement vanté d’avoir publié plus de 750 articles de propagande chinoise contre la pauvreté dans près de 200 médias de plus de 40 pays. Le journal soutenu par l’État a affirmé avoir « coopéré » avec 15 autres entreprises pour publier 25 éditions spéciales thématiques, évitant souvent de qualifier le contenu de communiqué de presse ou de publicité payante.

Rédacteur Fetty Adler

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