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Culture. Que nous apprend la fable de Léon Tolstoï : Les Deux Frères et l’Or

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Léon Tolstoï, Lev Nikolaïevitch Tolstoï (1828-1910), est célèbre non seulement pour ses chefs-d’œuvre Guerre et Paix, Anna Karénine et Résurrection, mais aussi pour ses nombreuses paraboles, récits intemporels qui distillent des vérités profondes sur la vie, la morale et l’esprit humain. Parmi celles-ci, une fable moins connue mais profondément émouvante, Les Deux Frères et l’Or, explore la nature humaine, le libre arbitre et les choix qui façonnent notre destin.

Que nous apprend la fable de Léon Tolstoï : Les Deux Frères et l’Or
Les Deux Frères et l’Or, une fable profondément émouvante moins connue de Tolstoï, explore la nature humaine, le libre arbitre et les choix qui façonnent notre destin. (Image : wikimedia / Nikolai Ge / Domaine public)

Un choix qui révèle le cœur

Non loin de Jérusalem vivaient deux frères dévoués, Athanase et Jean. Du lever au coucher du soleil, ils travaillaient sans relâche, non pour eux-mêmes, mais pour les pauvres, les malades, les orphelins et les veuves. Leur vie était marquée par un sacrifice silencieux, offrant leurs mains et leur cœur au service de tous ceux qui étaient dans le besoin.

Que nous apprend la fable de Léon Tolstoï : Les Deux Frères et l’Or
Du lever au coucher du soleil, les deux frères travaillaient sans relâche pour les pauvres, les malades, les orphelins et les veuves. Leur vie était marquée par un sacrifice silencieux, offrant leurs mains et leur cœur au service de tous ceux qui étaient dans le besoin. (Image : wikimedia / Enrique Simonet / Domaine public)

Pendant la semaine, les frères travaillaient dans différents villages, se rendant là où ils étaient appelés. Mais chaque samedi soir, ils se retrouvaient et rentraient ensemble. Le dimanche était sacré : un jour de prière, de réflexion et de partage des histoires des personnes qu’ils avaient aidées. En compagnie les uns des autres, ils trouvaient force, réconfort et un but renouvelé. Ainsi, année après année, ils vécurent avec une dévotion inébranlable, satisfaits de la simplicité de leur vocation.

Un lundi matin, alors que les frères s’apprêtaient à se séparer, Athanase jeta un coup d’œil à Jean et remarqua quelque chose d’inhabituel. Son frère marchait la tête baissée, plongé dans ses pensées, comme s’il portait un fardeau invisible. Soudain, Jean s’arrêta net, bondit dans les airs comme pour éviter un danger invisible, puis dévala la colline sans un regard en arrière: tel un homme fuyant une bête sauvage.

Athanase resta figé un instant, déconcerté. Lentement, il s’avança pour voir ce qui avait surpris son frère. Là, brillant au soleil, gisait une énorme pile de pièces d’or, éparpillées sur la terre comme des étoiles filantes. « Pourquoi mon frère s’enfuirait-il ? », se demanda Athanase, le cœur battant de confusion et de curiosité. Debout devant les pièces scintillantes, Athanase se tourna vers lui, l'esprit en ébullition. « L'or n'est pas mauvais en soi », se dit-il. « Seuls les gens en abusent. Mais, avec cette richesse, combien de veuves pourraient être nourries ? Combien d'orphelins pourraient être vêtus ? Combien de malades et de souffrants pourraient enfin être guéris ? ».

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Au prix d'un grand effort, Athanase ramassa l'or et, après deux voyages épuisants, le transporta jusqu'à Jérusalem. Là, il résolut de transformer cette fortune inattendue en bien. (Image : iheartcreative / envato)

Les frères avaient toujours œuvré pour les pauvres, donnant généreusement leur travail. Mais leurs moyens étaient limités. Malgré leur inlassable dévouement, ils ne pouvaient pas faire grand-chose sans ressources. Maintenant, devant lui, se présentait l'opportunité de tout changer. Athanase sentit son cœur s'emplir d'espoir. S'il utilisait l'or à bon escient, cela pourrait sûrement devenir une bénédiction plutôt qu'une malédiction. Il se retourna, impatient de partager ses pensées avec Jean, mais son frère déjà au pied de la colline, avait disparu de son champ de vision.

Au prix d'un grand effort, Athanase ramassa l'or et, après deux voyages épuisants, le transporta jusqu'à Jérusalem. Là, il résolut de transformer cette fortune inattendue en bien. Avec l'or, il construisit trois maisons : une pour abriter les veuves et les orphelins, une pour servir d'hôpital aux malades, et une pour servir de refuge aux sans-abri et aux errants.

Il confia la garde de ces maisons à trois anciens respectés, leur remettant mille pièces à chacun pour les distribuer aux pauvres. Bientôt, les abris furent pleins, les malades soignés et les affamés nourris. La générosité d'Athanase se répandit dans toute la ville, et les gens prononcèrent son nom avec admiration et louanges.

Que nous apprend la fable de Léon Tolstoï : Les Deux Frères et l’Or
La générosité d'Athanase se répandit dans toute la ville, et les gens prononcèrent son nom avec admiration et louanges. (Image : wikimedia / Bernhard von Breydenbach, CC0)

Son cœur se gonfla d'une satisfaction silencieuse. Pourtant, sous cette fierté se cachait une douleur sourde. Athanase regrettait profondément l’absence de son frère. Alors, quittant Jérusalem, vêtu des mêmes vêtements simples qu'il avait toujours portés et sans emporter d'or, il entreprit le long chemin du retour.

Tout au long du chemin, ses pensées revinrent sans cesse à Jean. La tristesse se mêlait à la perplexité. Comme mon frère avait eu tort de fuir une telle occasion ! se dit Athanase. Combien de bien ai-je fait en utilisant cet or à bon escient ?

La leçon de vie issue de l’histoire Les Deux Frères et l’Or

Que nous apprend la fable de Léon Tolstoï : Les Deux Frères et l’Or
À ce moment précis, un ange apparut devant Athanase : un ange qui avait longtemps veillé sur les deux frères et les avait bénis. Mais cette fois, le visage de l'ange était solennel, rayonnant d'une autorité qui fit trembler le cœur d’Athanase. (Image : thichaa / envato)

À ce moment précis, un ange apparut devant lui : un ange qui avait longtemps veillé sur les deux frères et les avait bénis. Mais cette fois, le visage de l'ange était solennel, rayonnant d'une autorité qui fit trembler le cœur d'Athanase.

« Tu ne demeureras pas avec ton frère Jean », dit l'ange d'une voix calme, mais ferme. « Car aux yeux du Ciel, son bond loin de la tentation est plus précieux que tout ce que tu as bâti avec l'or. Le cœur de Jean est resté pur. Il s’est détourné du piège sans hésitation, et à cet instant, son obéissance a brillé plus fort que tes œuvres. »

Troublé au plus profond de lui-même, Athanase tomba à genoux et protesta, la voix tremblante d'émotion. Il parla des maisons qu'il avait construites, des veuves qu'il avait hébergées, des malades qu'il avait guéris et des affamés qu'il avait nourris. Assurément, c'étaient des actes bons et justes. Mais le regard de l'ange ne s'adoucit pas.

« Le tas d’or n’était pas un don du Ciel », expliqua l’ange avec douceur, mais avec une autorité inébranlable. « C’était un piège du diable, tendu sur ton chemin pour éprouver ton cœur. Même les pensées qui t’incitaient à “ faire le bien ” avec cet or étaient murmurées par le tentateur lui-même. Car tes actes, bien que généreux, n’ont pas conduit les gens vers Dieu. Ils t’ont seulement apporté honneur, louange et satisfaction de ton cœur. Ton frère Jean s’est détourné, choisissant l’obéissance plutôt que la gloire. Et aux yeux du Ciel, sa foi est plus grande que tes œuvres.»

Enfin, la compréhension s’imposa à Athanase, telle une grande lumière perçant les nuages. Son cœur s’affaissa sous le poids de la vérité : ses œuvres, bien que nobles en apparence, n’étaient pas nées de l’amour pur et divin, mais de la subtile vanité de l’orgueil humain. Accablé de chagrin, il tomba à terre et pleura amèrement.

Puis, tandis que l'ange s'écartait, Athanase leva son visage baigné de larmes. Son frère Jean se tenait là, attendant tranquillement, les yeux emplis d'une douce compassion. Sans un mot, Jean lui tendit la main.

À partir de ce jour, Athanase marcha aux côtés de son frère, le cœur humble et l'esprit libéré. Jamais plus il ne fut pris au piège de l'éclat de l'or, ni des vains éloges des hommes. Car il avait appris qu'aux yeux du Ciel, la pureté du cœur est plus précieuse que les plus grandes actions.

Que nous apprend la fable de Léon Tolstoï : Les Deux Frères et l’Or
Les Deux Frères et l’Orde Tolstoï nous enseigne que la véritable bonté ne se mesure pas à la grandeur des bonnes œuvres que nous accomplissons, mais à la pureté du cœur qui les inspire. (Image : wikimedia / Ilya Repin/ Domaine public)

Que peut-on retenir de cette fable de Tolstoï

La véritable bonté ne se mesure pas à la grandeur des bonnes œuvres que nous accomplissons, mais à la pureté du cœur qui les inspire. Même des actes en apparence nobles : aider les autres, donner généreusement ou accomplir une œuvre caritative, peuvent être entachés de motivations cachées, comme : l’orgueil, le désir de reconnaissance ou la satisfaction personnelle. Souvent, nous ne percevons même pas ces penchants égoïstes, prenant le bien extérieur pour une vertu authentique. Parfois, le plus grand courage moral ne consiste pas à saisir l'opportunité, mais à se détourner de la tentation, de l'attrait des louanges et du besoin d'être vu.

Dans le monde d'aujourd'hui, où le succès se mesure à la richesse, au statut social et à la renommée, la fable de Tolstoï nous rappelle avec douceur et force, que ce qui compte vraiment, c'est l'esprit qui nous anime.

Que nous apprend la fable de Léon Tolstoï : Les Deux Frères et l’Or
En fin de compte, n'est-ce pas l'humilité, la sincérité et la pureté du cœur, et non l'ampleur, la visibilité ou l'impact apparent de nos réalisations, que le Ciel valorise le plus ? (Image : wikimedia / Ilya Repin / Domaine public)

Les opportunités peuvent briller comme de l'or, mais tous les chemins brillants ne mènent pas à la véritable bonté. En fin de compte, n'est-ce pas l'humilité, la sincérité et la pureté du cœur, et non l'ampleur, la visibilité ou l'impact apparent de nos réalisations, que le Ciel valorise le plus ?

Rédacteur Charlotte Clémence

Source : Tolstoy’s Fable: The 2 Brothers and the Pile of Gold
www.nspirement.com

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