Une vague de chaleur d’une ampleur exceptionnelle a frappé plusieurs régions des États-Unis et du Canada le 27 juin 2021, entraînant la fermeture d’écoles et de centres de tests Covid-19 et le report d’une épreuve de qualification olympique en athlétisme, les prévisionnistes annonçant le pire. Selon Environnement Canada, le village de Lytton, en Colombie-Britannique, a battu le record de chaleur de tous les temps au Canada, avec une température de 46,6 degrés Celsius (116 Fahrenheit). (Image : wikimedia / S.Stults / CC BY-SA 4.0)
La ville de Portland, dans l’état américain de l’Oregon, a connu un record de chaleur sans précédent au cours du week-end des 26-27 juin (le précédent record enregistré à l’aéroport international de Portland était de 46,6°C degrés, en 1981). Entre le 16 et le 22 juin, des températures inédites ont été atteintes dans plusieurs villes des États-Unis et du Canada, affectant 92 millions de personnes.
Des dizaines de morts dans la « Ville des Roses » alors que la demande en eau et en systèmes de refroidissement augmente aux États-Unis
Plus de 60 personnes sont décédées à Portland, « la Ville aux Roses » suite aux températures caniculaires qui culminaient à 46,6°C degrés le lundi 28 juin.
Un grand nombre de personnes sont mortes d’hyperthermie. Les températures élevées ont généré plusieurs coupures de courant, coupant l’accès aux appareils de climatisation et de rafraîchissement. L’âge des personnes décédées se situe entre 44 et 97 ans. 131 personnes se sont rendues à l’hôpital pour des soins d’urgence liés à la chaleur, selon le Daily Beast.
Les gens se reposent au Convention Center, une station de refroidissement de Portland dans l’Oregon, alors qu’une vague de chaleur se déplace sur une grande partie des États-Unis. (Image : wikimedia / Oregon Convention Center / CC BY 2.0)
Ce phénomène météorologique extrême est dû à un « dôme de chaleur » qui a étouffé le nord-ouest du Pacifique. Des températures supérieures à 37,7°C degrés ont été enregistrées dans d’autres parties de l’Oregon et dans l’État de Washington. Un nouveau record absolu de température a été enregistré dans un village de Colombie-Britannique, atteignant les 49,4°C, une température jamais enregistrée dans l’histoire du Canada.
Trente et un États ont connu une sécheresse modérée à exceptionnelle, selon les données publiées par le National Integrated Drought Information System (NIDIS). Parallèlement, près de 40 % des cultures du pays se trouvent dans des zones de sécheresse, en particulier le grenier à blé californien.
Dans la nuit du 28 au 29 juin, un autre record a été battu à Portland. La température de 46,6°C degrés a chuté de 11,1 degrés C à 17,7 degrés C, le précédent record montrait une différence de 8,88°C degrés en septembre 1988.
Le comté de Multnomah a mis en place trois centres de refroidissement pour des centaines de personnes, selon Jenny Carver du département des services du comté. Les centres offrent de l’eau froide, des repas et un endroit pour dormir « pour ceux qui en ont besoin », a-t-elle déclaré à l’AFP.
Préoccupation nationale
Les conditions de sécheresse dans l’ouest des États-Unis persistent depuis des mois, asséchant les lacs et provoquant des pénuries d’eau pour des millions de personnes dans des États comme la Californie, l’Utah et le Nevada.
Bien que la sécheresse soit monnaie courante en Californie, les conditions de cette année ont obligé les autorités à prendre des mesures drastiques.
Le lac Oroville, situé à environ 120 kms au nord de Sacramento, contribue à l’arrosage d’un quart des cultures du pays, il assure la protection des saumons et constitue un point d’ancrage pour l’économie touristique du nord de la Californie. Cependant, l’eau du lac s’évapore à une vitesse surprenante, ce qui amène les responsables à penser que la baisse de niveau atteindra un niveau record plus tard cet été. (Image : Capture d’écran / YouTube)
Le lac Oroville, situé à environ 120 kms au nord de Sacramento, contribue à l’arrosage d’un quart des cultures du pays, il assure la protection des saumons et constitue un point d’ancrage pour l’économie touristique du nord de la Californie. Cependant, le lac s’évapore à une vitesse surprenante, ce qui amène les responsables à penser que la baisse de niveau atteindra un palier record plus tard cet été.
Si le niveau du lac Oroville descendait en dessous de 200 mètres - ce qui pourrait se produire en août ou en septembre si les conditions persistent - les responsables de l’État se verraient contraints de fermer, pour la première fois, une grande centrale électrique de la région, en raison du faible niveau de l’eau, ce qui mettrait à rude épreuve le réseau électrique déjà sous tension.
Jay Lund, le co-directeur du Center for Watershed Sciences de l’université de Californie-Davis, a déclaré à la station américaine Fox2 KTVU que le niveau des quelques 1 500 réservoirs de l’État sont 50 % plus bas qu’ils ne devraient l’être à cette époque de l’année.
En Utah, la sécheresse a incité le gouverneur Spencer J. Cox à demander aux habitants de prier. Il a également signé trois décrets prévoyant des restrictions d’eau, le plus récent ayant été promulgué le 8 juin pour limiter l’utilisation de l’eau dans les installations de l’État.
« Tous les indicateurs montrent que cette année pourrait être la pire année de sécheresse jamais enregistrée », a déclaré le gouverneur Cox. « Le gouvernement de l’État de l’Utah montre la voie en réduisant la consommation d’eau dans toutes les installations de l’État, mais nous tous - des entreprises privées aux gouvernements locaux en passant par les particuliers - devons plus que jamais préserver l’eau. »
Le gouverneur du Nevada, Steve Sisolak, a signé une loi interdisant environ 31% de l’herbe «non fonctionnelle» que l’on trouve dans la région de Las Vegas, pour réduire la consommation d’eau.
La désignation d’« herbe non fonctionnelle » s’applique à l’herbe que pratiquement personne n’utilise dans les parcs de bureaux, dans les terre-pleins et aux entrées des lotissements. L’interdiction, qui doit prendre effet en 2027, exclut les maisons unifamiliales, les parcs et les terrains de golf.
« Il nous incombe, pour la prochaine génération, d’être plus conscients de la préservation de nos ressources naturelles - l’eau étant particulièrement importante », a-t-il déclaré.
Des périodes de sécheresse plus fréquentes et plus conséquentes dans les années à venir
La sécheresse est un phénomène fréquent dans l’ouest des États-Unis, mais ce qui est inhabituel, c’est que cette année elle a duré plus longtemps que les autres années depuis 2012, selon un rapport de Statistica. Même si la sécheresse touchait 60% de la partie continentale des États-Unis auparavant, « elle y est rarement restée aussi longtemps. Pendant la sécheresse de 2018, le seuil a été dépassé pendant seulement cinq semaines », peut-on lire dans le rapport, rédigé par Katharina Buchholz.
« La dernière fois qu’une sécheresse majeure aux États-Unis a duré aussi longtemps, c’était entre avril 2012 et mai 2013, lorsque la sécheresse a touché plus de 60 % de la superficie des États-Unis pendant 60 semaines consécutives et s’est étendue à environ 80 % momentanément. »
Même au cours de cette sécheresse, les zones touchées par une « sécheresse exceptionnelle » n’ont jamais dépassé 7 %. Cependant, à partir de la fin de 2020, plus de 8 % du pays a connu une sécheresse exceptionnelle pendant 31 semaines d’affilée, ce chiffre atteint presque les 10% maintenant.
« Ces phénomènes météorologiques extrêmes devraient devenir plus fréquents et plus graves en raison du changement climatique. Les scientifiques ont établi un lien entre la sécheresse récurrente dans l’ouest des États-Unis et le changement climatique, en citant par exemple les vagues de chaleur qui commencent plus tôt dans l’année et qui sont devenues plus longues et plus fortes », selon Katharina Buchholz.
« Les climatologues prévoient que ces vagues de chaleur sans précédent ne resteront pas extraordinaires longtemps », rapporte le Daily Beast. « L’augmentation de l’activité cyclonique au-dessus des océans, causée par le changement climatique qui réchauffe les températures de l’eau, conduit à davantage de systèmes de haute pression le long des côtes, comme cela se produit actuellement près du Nord-Ouest du Pacifique. »
Rédacteur Fetty Adler
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