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Bien-être. Huit leçons intemporelles d’Épictète, le philosophe stoïcien grec

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PODCAST

« Accorde-moi la sérénité d’accepter les choses que je ne peux pas changer, le courage de changer les choses que je peux changer, et la sagesse de savoir faire la différence » - Épictète

Né esclave à Hiérapolis, en Phrygie, aujourd’hui Pamukkale, (Turquie), vers 55 ap. J.-C., Épictète était un philosophe grec qui préférait utiliser un langage simple et des leçons pratiques pour son enseignement philosophique. Suivant les traces des grands sages, il plaçait l’amélioration de soi et le raffinement du caractère comme le but de la vie humaine, exhortant ses disciples à progresser spirituellement, à travers les circonstances concrètes de la vie quotidienne.

Il a vécu à Rome, où il a passé sa jeunesse en tant qu’esclave. Il obtient sa liberté après la mort de Néron, cinquième empereur romain de la dynastie julio-claudienne. Il s’exila ensuite dans la ville grecque de Nicopolis, où il fonda une école de philosophie et vécut le reste de sa vie. Il mourut dans cette même ville entre 125 et 130. Ses enseignements, le Manuel d’Épictète et les Entretiens d’Épictète, ont été compilés par Arrien, Lucius Flavius Arrianus (45-146), un de ses disciples, qui prit par la suite le nom de Xénophon : rendant ainsi hommage à Socrate par le port du nom d’un de ses élèves.

Ruines de l’époque romaine, le Nymphée, à Nicopolis. Épictète s’exila par la suite dans cette ville où il fonda une école de philosophie et vécut le reste de sa vie. (Image : wikimedia / No machine-readable author provided. Marsyas assumed (based on copyright claims) / CC BY-SA 3.0)

Pour Épictète, le bonheur et l’épanouissement personnel étaient les conséquences naturelles d’un comportement moral. Une vie heureuse était donc synonyme de vie vertueuse. Cet article met en lumière certaines des leçons les plus mémorables d’Épictète. Transmis par ses disciples, ses conseils sur l’art de vivre sont extrêmement pratiques et peuvent aider à devenir une version meilleure et plus harmonieuse de nous-mêmes.

L’art de vivre selon Épictète

1- Savoir ce que l’on peut contrôler et ce que l’on ne peut pas contrôler

Selon Épictète, le bonheur et la liberté ne peuvent être atteints que lorsque nous comprenons que tout n’est pas sous notre contrôle. Lorsque nous voulons avoir la mainmise sur ce qui échappe à notre contrôle : comme la façon dont les autres nous considèrent, le fait d’être né dans une famille aisée ou non, ou le type de corps que nous avons, nous devenons frustrés, angoissés et nous cherchons les fautes.

Pour ce qui est des choses que nous pouvons contrôler, comme nos opinions et nos réactions, Épictète enseignait qu’en prendre activement la responsabilité était non seulement notre premier devoir, mais aussi notre chemin vers la paix intérieure.

  1. Le caractère compte plus que la réputation

Dans ses enseignements, le philosophe grec avait l’habitude de développer des dialogues avec ses disciples, en prévoyant les questions qui pourraient se poser et en y apportant rapidement une réponse. Lorsqu’il enseigne l’importance d’être une bonne personne plutôt que d’avoir de la renommée et du pouvoir, il ne ménage pas ses efforts pour expliquer la valeur d’un bon caractère.

« Si je peux devenir riche et puissant tout en préservant mon honneur, ma fidélité à ma famille, à mes amis, mes principes et mon respect de moi-même, montrez-moi comment faire et je le ferai. Mais si je dois sacrifier mon intégrité personnelle, il est stupide et idiot de m’y encourager. » - Épictète

Selon Épictète, la réputation est une quête vaine, car elle dépend de l’opinion d’autrui, ce qui échappe à notre contrôle. Il affirme que, malgré les avantages d’une bonne réputation - comme le fait de pouvoir aider des amis, d’occuper des positions de pouvoir et d’être invité à des soirées huppées : tout cela ne vaut rien si c’est au détriment du caractère moral, la seule chose sur laquelle nous ayons un contrôle et le seul aspect dans lequel nous pouvons faire une réelle différence.

Épictète encourageait également ses disciples à relever des défis et à affiner sans cesse leurs compétences. Les situations difficiles étaient considérées comme les meilleures conditions pour s’améliorer intellectuellement, physiquement et moralement. (Image : wikimedia / Léonard Gaultier / Domaine public)

3. La maîtrise de soi est notre véritable objectif

Le concept de culture de soi était populaire chez nos ancêtres orientaux et occidentaux. Tout comme les disciplines spirituelles du bouddhisme et du taoïsme enseignent à rectifier l’esprit et à purifier le cœur pour atteindre la perfection spirituelle, Épictète enseignait à ses disciples à renoncer aux habitudes néfastes, telles que la paresse, l’étourderie ou les distractions, pour retrouver le véritable but de leur vie.

L’école philosophique hellénistique enseignait que la vertu suffit au bonheur et qu’elle est donc plus importante que les choses extérieures telles que la santé, la richesse, le plaisir et la réputation. « Lorsque nous nous rappelons que notre objectif est le progrès spirituel, nous nous efforçons à nouveau de donner le meilleur de nous-mêmes. C’est ainsi que l’on gagne le bonheur ».

Le philosophe grec explique que la maîtrise de soi est possible lorsque nous sommes honnêtes avec nous-mêmes et que nous reconnaissons clairement nos aptitudes et nos défauts. Lorsque nous identifions les talents que la divinité nous a accordés et que nous écoutons notre vocation particulière au sein de l’ordre divin, nous nous développons naturellement dans les domaines où nous sommes destinés à exceller.

  1. Jouez bien le rôle qui vous est dévolu

Selon Épictète, le divin nous assigne à tous un rôle dans la vie. Ainsi, que nous soyons des dirigeants publics ou des citoyens publics, des célébrités ou des personnes ordinaires, nous devons remplir notre rôle au mieux de nos capacités, sans nous plaindre. Ce n’est qu’en offrant une performance impeccable que nous pourrons vivre en harmonie avec l’ordre légitime du monde et atteindre le bonheur.

  1. Aborder la vie comme un banquet

Le philosophe grec enseignait que le comportement d’une personne devait refléter son progrès spirituel et le raffinement de son caractère. C’est pourquoi il exhortait ses étudiants à éviter les extravagances et à faire preuve de retenue.

Pour transmettre cette leçon, Épictète comparait la vie à un banquet. Lorsque la nourriture est servie, une personne doit se servir avec modération. Lorsqu’un plat lui échappe, il doit chérir ce qui se trouve déjà dans son assiette. Et si un plat est encore à venir, il doit attendre patiemment son tour.

Par cette modeste analogie, Épictète exprime l’importance de contrôler ses impulsions, de couper ses désirs et d’apprécier ce que l’on a déjà. Un comportement gracieux et une retenue polie sont les traits d’un homme supérieur.


Marc Aurèle (176-177 ap. J.-C.) a été fortement marqué par les enseignements d’Épictète. Guidé par ces enseignements, il fut considéré comme l’un des cinq bons empereurs de l’histoire romaine, qui régnèrent sous l’égide de la sagesse et de la vertu. Ses écrits personnels, compilés sous le nom de Pensées offrent un aperçu important de la philosophie stoïcienne. (Image : wikimedia / Luis García / CC BY-SA 2.0)
  1. Il ne sert à rien de blâmer

Épictète a expliqué que nous ne sommes pas affectés par les événements, mais par les sentiments et les réactions que nous adoptons à leur égard. Les situations sont simplement ce qu’elles sont et l’effet qu’elles ont sur nous est déterminé par notre état d’esprit. Ainsi, lorsque nous subissons des revers, des frustrations ou des déceptions, nous ne devons pas chercher la faute plus loin que dans nos propres attitudes.

« L’un des signes de l’avènement du progrès moral est l’extinction progressive du blâme. » - Épictète

Blâmer les autres pour les malheurs perçus est une habitude des personnes à l’esprit étroit. Reprocher aux autres est une pratique courante chez les gens ordinaires. Cependant, la personne sage renonce à la futilité de pointer du doigt et considère les difficultés comme une occasion de travailler sur elle-même.

7. Rien ne nous appartient

Le philosophe stoïcien pensait que rien ne nous appartenait vraiment et que tout ce que nous possédons finira par retourner d’où il vient. Le triste exemple d’un enfant décédé peut être considéré comme un retour à son lieu d’origine, plutôt que comme une perte pour ses parents.

Épictète conseille en cas de perte matérielle, comme lorsqu’une personne malveillante prend nos biens, nous devrions nous abstenir de nous sentir lésés et plutôt voir cela comme le retour des choses à l’endroit d’où elles viennent. Ce n’est qu’alors que nous verrons la perte sous son vrai jour.

Il exhortait donc ses élèves à prendre grand soin de ce qu’ils ont tant que le monde le leur permet, en plaçant le contentement et la gratitude au rang des vertus essentielles d’un homme moral.

Devise gravée dans le marbre à l’hôtel Molinier, 1556, à Toulouse : SUSTINE ABSTINE, « Supporte et abstiens-toi ». (Image : wikimedia / Frédéric Neupont / CC BY-SA 4.0)

8. Harmoniser ses actions avec la vie telle qu’elle est

Selon Épictète, la paix intérieure est possible lorsque les actions d’une personne sont accomplies au mieux de ses capacités. Lorsque l’on se consacre entièrement à l’activité en cours, sans forcer les circonstances ni chercher à obtenir des résultats, la performance est impeccable, ce qui conduit à la réalisation de soi et à la sérénité.

De cette façon, même si des difficultés surviennent, difficultés qu’Épictète décrit comme faisant naturellement partie de l’ordre divin, le monde intérieur de l’individu restera intact, car il aura atteint la finalité de son être : l’accomplissement ultime de son devoir dans le monde.

Rédacteur Charlotte Clémence

Source : 8 Timeless Lessons from Epictetus, the Greek Stoic Philosopher

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