Nous utilisons nos smartphones pour communiquer, travailler, naviguer, nous divertir et nous détendre. Mais si ces petits appareils peuvent sembler indispensables, la façon dont nous les utilisons peut révéler quelque chose de plus profond. Selon des experts en santé mentale, certaines habitudes d’utilisation des smartphones pourraient être des signes avant-coureurs de dépression.
Dans le monde hyperconnecté d’aujourd’hui, un adulte américain moyen passe entre quatre et cinq heures par jour scotché à son téléphone. Si cette utilisation est parfois nécessaire, des études ont montré un lien inquiétant entre une utilisation intensive des smartphones et des taux élevés de dépression et d’anxiété.
Mais que signifie « trop » exactement ? Les experts affirment que ce n’est pas seulement une question de temps passé sur un smartphone, mais aussi de ressenti et de comportement lorsque vous n’utilisez pas votre téléphone. Si vous ressentez de l’anxiété lorsque vous ne pouvez pas consulter votre écran, que vous vous surprenez à faire défiler l’écran à des moments inappropriés (comme au volant) ou que votre téléphone perturbe vos conversations et votre travail, vous avez peut-être affaire à bien plus que de mauvaises habitudes.
Perdre le lien humain sans s’en rendre compte
Jim Houck, conseiller agréé en Pennsylvanie, prévient qu’une utilisation excessive des smartphones peut discrètement priver les personnes d’interactions sociales réelles. Cela peut être particulièrement néfaste pour les personnes déjà atteintes de dépression. « Les gens commencent à s’isoler », explique Jim Houck. « Ils perdent les compétences sociales fondamentales acquises lors d’interactions en face à face : le contact visuel, la compréhension du langage corporel. »
Au fil du temps, ce détachement numérique peut engendrer un sentiment d’inconfort en société, les poussant à éviter tout rassemblement ou sortie. À terme, même les amitiés peuvent s’estomper. L’American Medical Association confirme ce constat, soulignant que l’isolement social augmente le risque de dépression de 25 %.

Pas de place pour gérer les émotions
Il y a 30 ans, avant l’apparition des smartphones, nous profitions tous de pauses naturelles dans la journée pour réfléchir : en faisant la queue au magasin, en attendant le bus ou en nous nous allongeant sur le lit avant de dormir. Ces moments réservés à l’introspection étaient précieux. Cependant, la thérapeute et animatrice de podcast Jenny Wise affirme que les smartphones ont même absorbé ces pauses mentales.
Sans ces petites fenêtres de calme, nous ne pouvons pas nous recentrer sur nous-mêmes. « Êtes-vous fatigué ? Avez-vous faim ? Êtes-vous énervé ? Avez-vous besoin d’une promenade, d’un moment de repos, ou de pleurer ? » Jenny Wise demande : « Si votre cerveau est constamment occupé, vous ne pouvez pas vous poser ces questions, et encore moins y répondre. » Ce retard émotionnel peut s’accumuler, conduisant à une dépression non diagnostiquée ou non traitée. Autrement dit, on ne peut pas guérir de la souffrance lorsqu’on en ignore la cause.
Le piège de la lumière bleue : comment les smartphones perturbent le sommeil
Un autre problème souvent négligé est l’impact des smartphones sur le sommeil. Selon Jim Houck, de nombreuses personnes consultent les réseaux sociaux ou regardent des vidéos juste avant de se coucher. Or, cette habitude expose le cerveau à la lumière bleue, qui inhibe la production de mélatonine et retarde l’endormissement.
La Dre Rebecca Robbins, spécialiste du sommeil au Brigham and Women’s Hospital de Boston, explique que la lumière bleue des écrans envoie un signal au cerveau, comme la lumière du soleil : « Reste réveillé ». Cette stimulation peut rendre plus difficile l’endormissement ou le maintien du sommeil, deux facteurs étroitement liés à la santé mentale. Des études ont montré à maintes reprises qu’un mauvais sommeil augmente le risque de dépression et peut même en être un symptôme.

Vous pouvez réduire le temps passé sur le téléphone sans vous déconnecter
La bonne nouvelle, c’est qu’il n’y a pas besoin de vous débarrasser de votre téléphone pour vous sentir mieux. Des études montrent que même une réduction modeste du temps passé devant un écran - juste une heure de moins par jour - peut contribuer à atténuer les symptômes de la dépression.
Jim Houck recommande une approche progressive. Commencez par faire une liste de tout ce pour quoi vous utilisez votre téléphone - comme la messagerie, les e-mails, les opérations bancaires, les achats et les alarmes - puis voyez ce que vous pouvez supprimer. Remplacez l’alarme de votre téléphone par un simple réveil de chevet. Utilisez un carnet plutôt qu’une liste de tâches numérique. Ces petits changements peuvent vous aider à utiliser moins souvent votre téléphone.
Jenny Wise suggère d’aménager des zones sans téléphone chez vous. « Faites de votre salon ou de votre chambre une zone sans téléphone », conseille-t-elle. « Ainsi, vous aurez plus de chances de vous reposer, de réfléchir ou de communiquer avec les autres dans ces espaces. »
Faire de la place pour guérir
Il est important de se rappeler que le fait de réduire l’utilisation du téléphone ne guérira pas la dépression par magie. Cependant, cela donnera à votre esprit l’espace nécessaire pour gérer les émotions, résoudre les problèmes et reconnaître les anomalies. Cet espace peut vous aider à identifier ce qui vous tracasse et à agir avec plus de clarté.
« Il y aura toujours des moments difficiles dans la vie », explique Jenny Wise. « Mais si vous parvenez à reconnaître votre dépression ou votre anxiété au lieu de vous laisser obnubiler par votre téléphone, vous pourrez prendre les mesures nécessaires pour guérir et aller de l’avant. »
Rédacteur Fetty Adler
Collaborateur Jo Ann
Source : How Your Smartphone Habits Could Be Signs of Depression
www.nspirement.com
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