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Tradition. Règles de conduite des élèves : la piété filiale (2/5)

CHINE ANCIENNE > Tradition

Honorer les parents par une bonne moralité

Les Normes pour être un bon élève et un bon enfant (Di Zi Gui, 弟子規) est un manuel traditionnel chinois qui enseigne aux enfants la morale et l’étiquette appropriée. Il a été écrit par Li Yuxiu sous la dynastie Qing, pendant le règne de l’empereur Kang Xi (1661-1722). Dans cette série, nous présentons quelques histoires chinoises anciennes qui illustrent les précieuses leçons du Di Zi Gui. Le premier chapitre du Di Zi Gui présente le concept chinois de xiao (孝), ou devoir filial envers ses parents.

Selon la culture traditionnelle chinoise, la piété filiale, le respect des parents et des ancêtres, est l’une des vertus humaines fondamentale. Dans la dernière partie, nous présentons ce concept à travers les histoires de Min Ziqian, dont la tolérance a changé le cœur de sa méchante belle-mère, et de Qi Jiguang, dont les remontrances du père lorsqu’il était jeune lui ont permis de devenir un grand général.

L’un des aspects de l’esprit filial consiste à honorer ses ancêtres. Les Chinois de l’Antiquité vénéraient leurs ancêtres dans un temple spécial et devaient suivre des codes stricts régissant les relations entre les membres les plus âgés et les plus jeunes de la famille, cependant le plus important était de conserver son caractère et son intégrité morale.

Savoir apprendre de ses erreurs

Le Di Zi Gui a déclaré :

無心非 名為錯
有心非 名為惡

Une erreur commise involontairement
Est appelée une erreur
Une erreur commise intentionnellement
S’appelle le mal

過能改 歸於無
倘掩飾 增一辜

Les erreurs peuvent être corrigées
Et être réduites à néant
Mais cacher ses actions
Ajoute de la culpabilité.

Le célèbre poète Zeng Gong entretenait une amitié étroite avec le premier ministre de la dynastie Song (960-1279), Wang Anshi. Un jour, l’empereur Shenzong a demandé à Zeng Gong : « Que pensez-vous de la personnalité d’Anshi ? »

Zeng Gong a répondu : « L’écriture d’Anshi est aussi belle que celle de Yang Xiong de la dynastie Han. Cependant, parce qu’il est avare, Anshi n’est pas aussi bon que Yang Xiong ! »

L’empereur a alors demandé : « Anshi ne se soucie pas trop de la gloire et de l’argent, alors pourquoi dites-vous qu’il est avare ? ».

Zeng Gong a répondu : « Ce que je veux dire par " avare ", c’est qu’Anshi n’est pas prêt à corriger ses erreurs, même s’il est entreprenant et a réalisé de grands accomplissements. » En entendant ces paroles, l’empereur a hoché la tête pour montrer son accord.

Wang Anshi était célèbre en raison de ses talents et de ses connaissances. Cependant, il était entêté et n’admettait jamais aucune de ses erreurs. Dans son insistance à faire appliquer des lois nouvelles et non établies, il a fini par causer du tort au peuple et sa réputation dans l’histoire s’en est trouvée entachée.

Les grands sages de la Chine ancienne commettaient aussi des erreurs mais ils étaient prompts à les rectifier. Ils étaient capables de se remettre en question et de se corriger.

Règles de conduite des élèves : la piété filiale (2/3)
Wang Anshi, un politicien accompli mais entêté de la dynastie des Song du Nord. (Image : wikimedia / Musée d’histoire sociale / Domaine public)

Un empereur teste le médicament de sa mère

Le Di Zi Gui indique que nous devons prendre soin de nos parents malades jour et nuit, sans quitter leur chevet. Nous devons toujours, après leur décès, nous souvenir d’eux avec gratitude et nous sentir tristes de ne pas pouvoir les remercier de nous avoir élevés. Nous devons commémorer les anniversaires de nos parents avec la plus grande sincérité, lors des cérémonies commémoratives, et servir nos parents défunts comme s’ils étaient encore en vie.

親有疾 藥先嘗
晝夜侍 不離床

Quand un parent est malade
Testez son médicament
Occupez-vous de lui jour et nuit
Sans quitter son chevet

喪盡禮 祭盡誠
侍死者 如事生

Accomplissez les rites funéraires
Et les cérémonies avec sincérité
Servez les morts
Comme vous serviriez les vivants.

L’un de ces modèles de vertu est l’empereur Wen du début de la dynastie Han, connue sous le nom de Han occidentaux.

Pendant la dynastie des Han occidentaux, après la mort du patriarche fondateur Liu Bang, le trône est revenu à son fils, Liu Heng, connu à titre posthume sous le nom de Han Wen Di (漢文帝) – « L’empereur savant des Han ». En tant que souverain, il a pratiqué une gouvernance rigoureuse et juste, et il a pris soin de ses citoyens, en les incitant à s’améliorer par l’éducation.

Dans le même temps, l’empereur Wen n’oubliait pas sa propre famille, même s’il devait gérer la cour impériale. L’histoire se souvient de son dévouement envers sa mère, dont il ne quittait pas le chevet lorsqu’elle était malade.

Pendant trois ans, tout de suite après avoir terminé son travail administratif de la journée, Liu Heng allait s’occuper de l’impératrice douairière. Il s’occupait d’elle jour et nuit, sans jamais se plaindre ou exprimer son mécontentement face aux tâches que d’autres auraient probablement confiées à un domestique.

Les soins de l’empereur étaient minutieux jusque dans les moindres détails. Souvent, l’empereur Wen oubliait de changer de robe pendant de longues périodes, de peur de laisser sa mère dans un certain inconfort. Dès que les serviteurs avaient préparé une dose de médicament, l’empereur commençait par tester lui-même le remède, s’assurant qu’il n’était ni trop chaud ni trop froid. Lorsque la température était idéale, il le faisait boire lui-même à sa mère, à la cuillère.

Le règne de l’empereur Wen s’est déroulé au temps de « l’âge d’or », connu sous le nom de « Règne de Wen et Jing » (文景之治) du nom des deux empereurs ayant régné sur une période de quarante ans, entre 180 et 141 av. J.-C. L’épouse de l’empereur Wen, l’impératrice Dou, était une fervente adepte du taoïsme, qui met l’accent sur l’ordre naturel des choses. Grâce à sa bonne influence, son époux et son fils, l’empereur Jing de Han, ont mené une politique gouvernementale harmonieuse, essayant de se conformer à l’idéal taoïste qui consiste pour un souverain à diriger ses sujets sans les asservir.

Quant à l’empereur Wen, il était aussi bien loué pour sa vertu personnelle que pour son humanité et sa patience dans son rôle de gouvernant. La piété filiale dont il a su faire preuve a servi d’exemple pour les souverains suivants, et ceux qui s’intéressent à l’histoire de la Chine ancienne considèrent sa conduite désintéressée comme admirable.

Rédacteur Swanne Vi

À suivre…

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