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Tradition. Comment un médecin de grande compétence traite-t-il les maladies

CHINE ANCIENNE > Tradition

Il enseigne aux gens à cultiver la vertu et le corps, en éradiquant la cause des maladies à la racine, c’est-à-dire en profondeur 

Un bon médecin enseigne la prévention en traitant les causes des maladies avant que celles-ci n’apparaissent. (Musée National du Palais de Taïwan /@CC BY 4.0)
 

Selon le livre Le Maître à la crête de faisan · le seizième livre : Les grands savants du monde (鶡冠子·世賢第十六), le roi Wen de Wei (魏文王) a demandé au médecin Bian Que (扁鵲) lequel des trois frères de sa famille était le médecin le plus brillant.

Bian Que a répondu au roi que son frère aîné était le plus astucieux, que son deuxième frère l’était aussi, et que lui était le moins talentueux des trois. Comme le frère aîné éradiquait la racine de la maladie avant qu’elle ne se déclare, les gens ont eu une mauvaise compréhension, pensant que son traitement était inefficace, si bien que personne n’a aidé à sa bonne réputation. Le deuxième frère soignait les patients au stade précoce de la maladie, si bien que l’on pensait qu’il n’était capable de guérir que des maladies mineures.

Bian Que soignait les gens lorsqu’ils étaient gravement malades, donc les gens pensaient généralement que Bian Que était un excellent médecin. Il était donc plus célèbre que ses deux frères.

En Chine, un dicton dit : « un médecin supérieur est toujours dans la prévention, un médecin moyen traite les maladies qui sont sur le point d’apparaître et un médecin médiocre traite les personnes déjà malades ». Les médecins du niveau supérieur sont comme le frère aîné de Bian Que, ils dissipent les maladies avant que les gens ne tombent malades, mais ces médecins sont souvent méconnus du monde et les patients ne vont pas les consulter lorsqu’ils sont malades. Les connaissances des gens sont limitées à un certain niveau et dès que les choses dépassent leur niveau, ils vont se méfier et penser que c’est impossible.

Comment guérissait-on les maladies rares sans plantes ni acupuncture ?

Dans le livre Sept questions et réponses (七發), Mei Cheng (枚乘), le grand rhétoricien de la dynastie Han (漢, 206 av. J.-C. à 220 apr J.-C.) décrit le prince de Chu (楚太子), sa maladie, et comment l’invité de Wu (吳客) est allé lui rendre visite et l’a guéri en sept questions-réponses. L’invité de Wu pensait que la maladie du prince de Chu était due à l’avidité et aux plaisirs excessifs qui avaient épuisé totalement son énergie vitale. Il ne pouvait être guéri par les plantes médicinales ou l’acupuncture. La maladie du prince ne pouvait être guérie que par le dialogue, la prise de conscience.

L’invité de Wu décrit ainsi les bienfaits d’écouter de la belle musique, de goûter aux plats rares, de sortir en carrosse tiré par des chevaux uniques au monde, de voyager et de profiter de la gastronomie, d’aller chasser des animaux légendaires et d’admirer les grandes marées spectaculaires, guidant ainsi le prince pas à pas à imaginer une vie dynamique, saine, et proche de la nature afin qu’il change ses conceptions.

La meilleure prévention est de cultiver simultanément la vertu et le corps. (Image / Minghui)
La meilleure prévention est de cultiver simultanément la vertu et le corps. (Image : Minghui)
 

L’invité de Wu a d’abord dit qu’une vie dissipée était mauvaise pour la santé. Le prince devait écouter la musique jouée sur un guqin, cette musique céleste qui fait grandir les arbres entre ciel et terre, qu’il devait manger une bonne nourriture, saine et naturelle, en provenance des montagnes et des rivières, qu’il devait chasser les proies en galopant dans les montagnes et les forêts, admirer la scène magnifique quand les vagues rejoignent le ciel à perte de vue, et écouter le grondement des rivières. Tout cela allait purifier ses organes, nettoyer en profondeur ses mains et ses pieds, et donner de l’éclat à son visage, ses cheveux et ses dents pour les rendre plus blancs et plus brillants. À ce stade, le prince voulait vraiment se lever et faire une sortie, mais il avait le sentiment que sa maladie n’était pas encore guérie. L’invité de Wu lui dit finalement : « Je vous recommanderai Zhuang Zhou (莊周) et d’autres savants pour vous dévoiler les secrets profonds et subtils du monde, vous montrer ce qui est bien et ce qui est mal en toutes choses, puis je demanderai à Confucius et à Lao Tseu d’examiner et de commenter… ». À ces mots, le prince s’est levé en s’appuyant sur la table, il transpirait abondamment alors que toutes ses maladies disparaissaient.

La méthode traditionnelle du traitement des maladies ne se limitait pas à la phytothérapie, à l’acupuncture ou à l’aiguille de pierre utilisée en acupuncture (Bian shi, 砭石). Il y avait beaucoup de grands médecins qui soulageaient les patients différemment. En 208 avant J.-C., le roi Min de Qi (齊閔王) a été frappé par une étrange maladie. De nombreux médecins n’ont pas réussi à le traiter, le roi a fait appel au célèbre médecin de Song, Wen Zhi (文摯). Après avoir diagnostiqué la maladie, Wen Zhi a guéri le roi Min de Qi en provoquant sa colère au lieu d’utiliser un quelconque médicament. Hua Tuo (華佗), un célèbre médecin chinois de l’époque de la dynastie Han ou Han postérieur, a également utilisé cette méthode pour soigner le gouverneur d’une commanderie (太守), qui a guéri en crachant une mare de sang noir sous l’effet d’une colère excessive.

Sun Simiao : « un sage sauve le monde par la morale »

Portrait de Sun Simiao. (Image : Zhiqing / Secretchina)
Portrait de Sun Simiao. (Image : Zhiqing / Secretchina)
 

Sun Simiao (孫思邈), un grand médecin de la dynastie Tang (唐, 618–690 et 705–907), a déclaré : « Un bon médecin guérit les maladies avec la phytothérapie et l’acupuncture, un sage sauve le monde par la morale et une bonne gouvernance, afin que tout soit ramené sur le juste chemin du ciel. Par conséquent, le corps humain peut être régulé, et certaines catastrophes entre le ciel et la terre peuvent être éliminées. Les médecins supérieurs soignent les gens avant qu’ils ne soient malades, les médecins moyens soignent les gens qui vont bientôt tomber malades, et les médecins médiocres soignent les gens qui sont déjà atteints de maladie. »

Par conséquent, l’homme sage et vertueux cultive la vertu pour son bien-être, c’est-à-dire qu’il cultive son cœur et sa nature, de manière à atteindre l’harmonie et entrer en résonance avec le ciel et la terre. Comme il est dit au début du livre Classique des trois caractères (San Zi Jing, 三字經) : « Quand les gens naissent, ils sont tous bons par nature ».

Lorsque le cœur humain est irrité par le monde extérieur, il montre ses préférences et ses aversions. Si les préférences et les aversions sont retenues, l’esprit cherchera à l’extérieur à satisfaire ses désirs personnels au détriment de sa conscience innée. Si nous ne pouvons pas revenir à notre nature originelle, notre rationalité sera perdue. Par conséquent, l’énergie positive sera insuffisante et le corps humain sera susceptible d’être envahi par l’énergie négative, ce qui entraînera de dangereux problèmes de santé. Lorsque nous pourrons distinguer le bien du mal et suivre le chemin du ciel, nous pourrons garder notre conscience morale dans notre cœur et le mal ne pourra pas s’infiltrer dans notre esprit ni notre cœur pour nuire à notre santé.

Rédacteur Jessica Wang

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