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Tradition. La pêche : symbole chinois d’immortalité

CHINE ANCIENNE > Tradition

Dans la culture traditionnelle chinoise, la pêche est un élément très présent dans la littérature et la tradition. Son symbole est utilisé lors des mariages, des célébrations d’anniversaires et également dans les romans.

Dans les temps anciens, lorsqu’une jeune fille se mariait, les gens chantaient trois vers du poème : Le pêcher luxuriant (桃夭), extrait du Classique des vers (詩經), pour féliciter les nouveaux mariés: « Le pêcher est si vert et luxuriant, et ses fleurs sont en pleine floraison. Cette fille rendra la famille heureuse et harmonieuse lorsqu’elle sera mariée ». Lorsqu’une personne âgée fêtait son anniversaire, on lui offrait une pêche fraîche pour célébrer cet événement.

Dans l’Antiquité, le pêcher était vénéré comme l’« arbre des immortels », pour sa capacité à éloigner les mauvais esprits. Ainsi, dans de nombreux romans classiques, comme l’Investiture des dieux (封神演義), le maître taoïste Yun Zhongzi (雲中子) utilise une épée en bois de pêcher pour supprimer Daji (妲己), l’esprit d’un renard qui a occupé le corps d’une concubine de l’empereur et le faire apparaître sous sa forme originelle de renard.

Le Classique des Rites (禮記) rapporte également que le bâton et le balai en bois de pêcher peuvent éloigner la malchance. Le Zuo Zhuan (左傳) rapporte que le bois de pêcher était utilisé pour fabriquer des arcs destinés à éloigner les catastrophes et à éviter les malheurs. Selon les archives, pendant la période des Royaumes combattants (475 - 221 av. J.C.), les gens utilisaient le bois de pêcher pour fabriquer des marionnettes qu’ils plaçaient de part et d’autre de leurs portes au moment du nouvel an chinois pour éloigner les mauvais esprits.

La pêche et la légende de Kuafu

Outre la signification symbolique de l’immortalité, de la célébration du mariage et de la protection contre le mal, la pêche est également dotée d’une connotation de retour à l’origine. Cette connotation provient probablement d’une légende chinoise très connue, intitulée Kuafu chassa le soleil (夸父逐日).

La pêche : symbole chinois d’immortalité
Légende chinoise: Kuafu poursuit le soleil. (Image : wikimedia / Encyclopédie Impériale - Esprits et surnaturel (古今圖書集成)

Selon le Livre des monts et des mers (山海經), dans les temps anciens, dans les régions sauvages du nord, il y avait une montagne majestueuse et imposante. Au fond de la montagne, vivait un groupe de géants d’une force immense. Leur chef, Kuafu, était le petit-fils de Houtu, dieu du monde souterrain, et de Xin.

Dans les temps anciens, après le grand déluge, la terre était dévastée et les gens étaient malheureux à cause des serpents venimeux et des bêtes féroces. Une année, le temps était si chaud que les gens s’effondraient de chaleur. Voyant la scène devant lui, Kuafu a couru après le soleil afin de libérer les gens de la chaleur torride. Après neuf jours et neuf nuits, Kuafu a finalement rattrapé le soleil. Comme le soleil était brûlant, Kuafu était fatigué et avait soif. Il a couru jusqu’au fleuve Jaune et l’a vidé d’une seule gorgée. N’étant pas encore désaltéré, il a bu toute l’eau du fleuve Wei (渭河). Mais n’étant toujours pas désaltéré, il a couru vers le nord jusqu’au Grand Marais (大澤), qui s’étendait sur des milliers de kilomètres et contenait assez d’eau pour étancher sa soif.

Il est cependant mort de soif, avant d’atteindre le Grand Marais. Alors qu’il était en train de mourir, Kuafu était toujours préoccupé par son peuple et son cœur était plein de regrets. Il a alors lancé son bâton loin devant lui. À l’endroit où son bâton s’est posé, une luxuriante forêt de pêchers a poussé. L’essence du corps et du sang de Kuafu s’est ensuite transformée en un sol fertile s’étendant sur des milliers de kilomètres, qui a nourri l’esprit du pêcher pendant des milliers d’années, bénéficiant au monde ancien et moderne.

La pêche : symbole chinois d’immortalité
Larmes de tristesse et de joie, Zhang Kunlun, huile sur toile.120 x 300 cm, 2007.(Image : avec l’aimable autorisation de Zhang Kunlun / Exposition Zhen Shan Ren)

Il est étonnant de voir que le caractère chinois « pêche » fait référence à tant de personnages, de scènes, d’allusions et de significations symboliques. Cette tradition liée à la pêche, qui dure depuis des milliers d’années, a-t-elle aussi pour mission d’aider les gens à échapper aux calamités, tout comme le bois de pêcher qui éloigne le mauvais esprit et les efforts de Kuafu qui veut sauver le monde ? Par coïncidence, en chinois, « pêche » et « s’échapper » ont le même son. Face au monde imprévisible où les catastrophes naturelles et humaines sévissent, lorsque l’on déguste les délicieuses pêches, ne devrions-nous pas aussi nous demander pourquoi les ancêtres chinois ont laissé autant de traditions liées à la pêche ?

Rédacteur Jessica Wang

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