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Tradition. China’s Hidden Century : à la découverte de la fin de la dynastie Qing au British Museum, exposition en première mondiale

CHINE ANCIENNE > Tradition

L’abdication de l’empereur Qianlong en 1796, après un règne de 60 ans, a symbolisé la fin d’un siècle de prospérité sous le règne des trois empereurs : Kangxi, Yongzheng et Qianlong. De 1796 à 1912, pendant ce nouveau XIXe siècle, la Chine de la fin de la dynastie Qing et sous le règne des empereurs Jiaqing, Daoguang, Xianfeng, Tongzhi, Guangxu et Xuantong, a connu d’innombrables bouleversements internes et externes, culminant avec la Révolution chinoise de 1911, sous la houlette de Sun Yat-sen, qui a mis fin à 2 000 ans de règne impérial et a inauguré la naissance de la République de Chine (ROC) en tant que la première république moderne en Asie.

Bien que la fin de la dynastie Qing ait été une période de bouleversements violents et de chocs culturels, et que la tradition ait toujours considérée cette période comme un temps de déclin et de honte, les historiens ont, ces dernières années, jeté un regard neuf sur le passé et découvert qu’il s’agissait également d’une époque remarquable de changements politiques, culturels et technologiques. Dans l’ombre de ces problèmes internes et externes, de nombreuses histoires personnelles fascinantes se cachent encore. Démontrant la résilience de la nation chinoise comme une fleur de prunier qui résiste au froid dans la neige.

Une nouvelle perspective sur la fin de la dynastie Qing

Jusqu’au 8 octobre prochain, le British Museum de Londres accueille une exposition en première mondiale intitulée China’s Hidden Century (Le Siècle caché de la Chine : La Vie secrète du Monde chinois à la fin des Qing). Il s’agit d’une grande exposition qui expose pour la première fois, outre les objets traditionnels tels que la peinture et la photographie, les divers objets visuels et matériels liés à la Chine du XIXe siècle (1796-1912) et présente de manière exhaustive la vitalité de la vie quotidienne à la fin de la dynastie des Qing.

Cette exposition est le résultat d’un projet de recherche de quatre ans, menée conjointement par le British Museum et l’Université de Londres. Plus de 100 chercheurs, venant de 14 pays, ont collaboré à ce projet. Les 300 pièces exposées proviennent de 30 musées et collectionneurs du monde entier. Les expositions de ce genre ne rassemblent pas seulement un large éventail de chercheurs, mais s’appuient également sur les compétences d’autres professionnels, notamment des spécialistes de la conservation et de la restauration, des photographes, des concepteurs graphiques et tridimensionnels, des spécialistes de l’éclairage, des éditeurs, des spécialistes de l’audiovisuel et d’autres techniciens.

En présentant la vie de différentes catégories de personnes, telles que des impératrices, des danseurs/danseuses, des soldats, des artistes, des femmes au foyer, des commerçants et des diplomates, l’exposition offre aux visiteurs une vue complète de vie quotidienne en Chine au XIXe siècle.

Les visiteurs pourront se plonger dans l’ambiance de l’époque à travers divers supports tels que l’art, la mode, les journaux, les meubles et même les ingrédients alimentaires. Dans le monde agité de cette époque-là, de nombreuses personnes ont accompli des exploits remarquables même dans des conditions de vie difficiles. De nouvelles formes d’art, telles que la photographie et l’impression à plat, ont prospéré, tandis que les technologies et les modes de transport tels que le télégraphe, l’électricité et les chemins de fer ont également changé le visage de la société.

Carte postale envoyée à Tianjin en 1901, montrant la gare de Zhengyangmen à Pékin. (Image : wikimedia / scan by P. Crush of original c. 1901 post card from P.A.Crush Chinese Railway Collection / Domaine public)

Six grands thèmes sur la vie quotidienne des Chinois vers la fin de la dynastie Qing

Cette exposition couvre six grands thèmes : le palais impérial, le militaire, l’artiste, la vie urbaine, la communauté mondiale, le réformateur et le révolutionnaire, avec un accent particulier sur la présentation de la culture matérielle pour faire écho avec les archives traditionnelles dans le but de vérifier l’authenticité des documents traditionnels ou de combler les lacunes existant dans les archives anciennes.

1. Le Palais impérial

De 1796 à 1912, six empereurs se sont succédé, dont trois adultes auxquels ont succédé trois adolescents, représentés par l’impératrice douairière Cixi en tant que régente. En raison de l’adoption progressive de la culture chinoise Han par la famille impériale mandchoue et de l’influence de la technologie photographique, la culture matérielle des personnages de la cour a changé radicalement de style.

2. L’Armée

Au XIXe siècle, la Chine a traversé une période turbulente. Au sein de l’empire, la Chine a connu la Rébellion de la Société du Lotus blanc (1774-1805), la Rébellion des Ouïgours du Xinjiang (en 1820 et 1860) et la Révolte des Taiping (1850-1864) Sur la scène internationale, la Chine est entrée en période de guerres avec les impérialistes, marquée par les guerres de l’opium (1840-1842 et 1856-1860) avec le Royaume-Uni, la guerre franco-chinoise (1881-1885), la première guerre sino-japonaise (1894-1895), la révolte des Boxers et la guerre avec l’Alliance des huit nations (1898-1900).

Officiers chinois avec la Mitrailleuse de Montigny. (Image : wikimedia / John Thomson / Domaine public)

Le mécontentement des érudits traditionnels et des pauvres a conduit à une situation explosive. En raison de la guerre dans leurs régions d’origine, les Chinois ont afflué vers les villes plus sûres et les zones frontalières à la recherche de nourriture et de travail, ce qui a provoqué des tensions locales, une ségrégation ethnique et des conflits pour les ressources. Une série de soulèvements ultérieurs a mis fin à l’ère impériale chinoise en 1912. Et durant cette longue période de guerre et de turbulence, quel type de culture matérielle s’est développé en Chine ?

3. Les Artistes

Malgré les pressions et les bouleversements de la dynastie Qing au XIXe siècle, les peintures de paysages, les éventails et les albums présentés dans cette exposition montrent que les arts traditionnels n’ont pas décliné, mais ont plutôt coexisté avec les formes d’art plus modernes durant cette période.

Les artistes ont adopté de nouvelles techniques occidentales, telles que la lithographie, qui leur a permis de créer des œuvres entièrement nouvelles, publiées dans les nouveaux magazines et journaux des villes côtières.

La tradition qu’une classe de nobles instruits servait d’intermédiaires entre la cour et le peuple ayant débuté en 650 de notre ère s’est poursuivie jusqu’en 1905. À la fin de la période Qing, cependant, l’accès aux postes officiels diminuant, les gens ont commencé à chercher d’autres formes de soutien financier et social, de sorte que de nouveaux groupes artistiques et littéraires ont fait leur apparition.

Une œuvre du peintre Ren Xiong. (Image : wikimedia / CC0)

Un grand nombre des magnifiques objets présentés dans cette exposition proviennent de collectionneurs privés du monde entier qui partagent généreusement ces trésors avec le public. Les rouleaux de parchemin et les rouleaux de peinture suspendus chinois ne peuvent être exposés que quelques mois tous les dix ans en raison de la vulnérabilité de leurs couleurs à l’exposition à la lumière. Cette exposition offre aux visiteurs un rare aperçu de certaines de ces créations extraordinaires, dont la célèbre œuvre Vue d’automne à Liangxi peinte par l’artiste renommé Ren Xiong pour son épouse mécène.

4. La vie urbaine

À l’époque, la Chine comptait 450 millions d’habitants, mais l’espérance de vie moyenne n’était que de 40 ans. Fuyant la guerre et cherchant du travail, de nombreuses personnes ont afflué vers les villes, ce qui a donné naissance à des villes cosmopolites telles que Shanghai. Si la vie était très difficile pour beaucoup, certains jouissaient d’une grande richesse.

Les documents historiques font rarement état de l’existence des femmes, à moins qu’elles ne soient connues pour leurs époux ou leurs fils. Cependant, nous pouvons avoir un aperçu de leur vie grâce à des peintures, des gravures, des vêtements, des meubles de luxe et des objets de divertissement qui ont survécu.

La présentation de millions de personnes non fortunées est une tâche ardue, car très peu de documents ont été conservés. L’exposition a tout de même permis de découvrir quelques trésors. Par exemple, les bottes et les chapeaux imperméables portés pendant des siècles par les pêcheurs et les agriculteurs à la campagne. En milieu urbain, les personnes les plus pauvres, notamment les porteurs, les nettoyeurs et les ouvriers, portaient également ce type de vêtements pour se protéger contre les intempéries.

5. La Communauté mondiale

Jusque dans les années 1840, Guangzhou était le seul endroit en Chine où le commerce international était légal et où les étrangers étaient accueillis. Les marchands de Guangzhou échangeaient avec les marchands d’Europe, d’Amérique, du Japon, de Russie, d’Asie du Sud (les Parsis) et avec les communautés d’expatriés d’Asie du Sud-Est.

Depuis la signature du traité inégal de Nanjing en 1842, d’autres ports chinois ont été ouverts de force au commerce étranger. Les technologies et les transports modernes ont révolutionné l’industrie et la vie des Chinois. Les développements dans l’électricité et le nouveau système postal ont changé la façon dont les gens travaillaient et communiquaient. La presse écrite et la traduction des livres étrangers ont ouvert une fenêtre à double sens sur le monde, par le biais des voyages, de l’industrie et de l’éducation.

Le Ministère des affaires étrangères de la dynastie Qing vers 1897. (Image : wikimedia / Enrique Stanko Vráz / Domaine public)

6. Réformateurs et révolutionnaires

Après la victoire du Japon dans la première guerre sino-japonaise (1894-1895) et la perte de la Corée en tant qu’État vassal, la dynastie Qing a dû faire face à une nouvelle division de son territoire par les puissances impérialistes occidentales. En réaction, la recherche d’une nouvelle identité nationale a commencé. Les armes, les uniformes et l’organisation ont été modernisés et les nouveaux ministères diplomatiques, commerciaux, policiers et éducatifs ont été créés par la cour. Cependant, après la révolution chinoise de 1911, le dernier empereur Puyi a abdiqué en février 1912, mettant fin à 2 000 ans de règne impérial.

Au milieu de ces changements, certains personnages ont fait preuve d’un courage extraordinaire. Vers la fin de l’exposition, les visiteurs peuvent découvrir les histoires de ces réformateurs, révolutionnaires et poètes remarquables.

Découvrir un siècle d’histoire cachée

À la veille de la République de Chine, la fin de la dynastie Qing n’est en fait qu’à quelques centaines d’années d’aujourd’hui. Confronté à des changements sans précédent, le peuple de la fin de la dynastie Qing a lancé une série de réformes, et les gens du peuple ont montré la résilience du peuple chinois.

Cependant, avec le mouvement du 4 mai (précurseur du mouvement communiste en Chine) et la révolution culturelle lancée par le Parti communiste chinois (PCC), qui ont critiqué la dynastie Qing et voire la Chine traditionnelle dans son ensemble, « démodée » et « corrompue » demeurent les premières impressions des Chinois sur la dynastie Qing.

De plus, avec le changement des mœurs et la modernisation dans les domaines matériel et idéologique, les gens d’aujourd’hui ont beaucoup évolué par rapport aux ancêtres des Chinois vivant à l’époque, de sorte que la distance qui sépare les Chinois de l’étranger n’est pas plus grande que celle qui les sépare de la Chine ancienne.

L’exposition organisée par le British Museum, qui cherche à explorer une histoire longtemps négligée, nous offre une perspective nouvelle et nous permet de nous rapprocher de l’histoire lointaine avec une autre approche.

Informations pratiques sur l’exposition :

Titre de l’exposition : China’s hidden century
Lieu : British Museum, Great Russell St, Londres WC1B 3DG
Dates d’exposition : 18 mai - 8 octobre 2023
Heures d’exposition : 10:00-17:00 (prolongé jusqu’à 20:30 le vendredi)
Prix du billet d’exposition : Adultes £16, Membres et moins de 16 ans gratuit.
Site web : www.britishmuseum.org

Rédacteur Tchen Sixuan

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