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Sagesse. Han Xin, un exemple de gratitude dans la Chine ancienne

CHINE ANCIENNE > Sagesse

Alors qu’en Occident, nous considérons la gratitude comme une vertu présente dans notre cœur mais qui s’exprime avec discrétion, les Chinois estiment que la gratitude doit être activement manifestée sous la forme d’un remboursement de la gentillesse. Confucius a toujours préconisé « d’être un homme noble dans tous ses comportements (jūn zǐ 君子) », et l’un des aspects les plus importants pour être un homme noble était de rembourser la bonté et de se souvenir de l’aide reçue autrefois.

Cet esprit de gratitude est profondément ancré dans les traditions chinoises, comme en témoignent les expressions idiomatiques courantes. Par exemple, l’expression « rendre une pêche par une prune » est largement utilisée pour signifier « remercier et rendre les faveurs ».

Cette phrase provient du plus ancien recueil de poèmes de Chine, le Classique des vers (詩經), datant du XIe au VIIe siècle av. J.-C. : « Tu m’offres une pêche, et je te donne une prune en retour (tóu táo bào lǐ 投桃報李) », signifie que nous devons toujours rendre la bonne volonté et la bonté par une gentillesse égale ou supérieure.

Les anciens Chinois disaient également : « Qu’une goutte de bonté soit rendue par une fontaine de récompense. » Ce concept est parfaitement illustré par Han Xin (韓信), un grand général qui a contribué à l’édification de la dynastie des Han (漢朝), de 202 av. J.-C. à 220 ap. J.-C.

Han Xin, un modèle de gratitude

Han Xin a vécu il y a plus de 2 000 ans, soit environ 200 ans av. J.-C. Dans sa jeunesse, il était très pauvre et ne pouvait pas se permettre de manger. Lorsque la nourriture était présente autour de lui, il s’attardait souvent dans l’espoir d’obtenir un repas.

Un endroit qu’il fréquentait était la maison du chef de pavillon du village local (亭長). Le fait de lui rendre visite lorsque l’heure du repas approchait lui permettait de rester et de manger avec la famille. Il l’a fait tous les jours pendant quelques mois. La femme du chef commença à s’agacer et suggéra à la famille de manger avant l’arrivée de Han Xin. Lorsque Han Xin est arrivé et a vu que la famille avait déjà mangé, il a compris et a cessé de lui rendre visite.

Han Xin essaya alors de pêcher dans une rivière pour se nourrir. Près de la rivière, de nombreuses lavandières étaient en train de rincer des fibres de coton fraîchement récoltées (charpie) pour les préparer à être utilisées dans des tissus. C’était un gros travail, et elles apportaient de la nourriture pour leur pause. L’une d’elles a vu le jeune appauvri et a eu pitié de lui, donnant à Han Xin sa propre nourriture à manger.

Le travail a continué pendant des dizaines de jours, et chaque fois que cette femme venait laver le coton, elle apportait de la nourriture pour Han Xin et elle-même. Puis un jour, elle lui dit : « Ce travail est terminé. Je ne viendrai pas demain, alors tu dois trouver un moyen de te nourrir. » Han Xin répondit : « Vous m’avez gentiment offert de la nourriture pendant de nombreux jours. Je dois vous rendre la pareille à l’avenir. »

La femme était sceptique : « Jeune homme, vous ne pouvez même pas vous nourrir vous-même. Je vous ai nourri par pitié. Vous n’avez pas besoin de me rembourser. »

L’humiliation remboursée par la gentillesse

Plus tard, Han Xin en vint à pratiquer les arts martiaux, et porta donc une épée. Un jour, alors qu’il marchait dans la rue, il rencontra un voyou qui lui bloqua le passage.

Cherchant à se battre, le voyou défia Han Xin, exigeant soit qu’il rampe entre ses jambes avant de continuer, ou alors qu’il lui coupe la tête.

Ramper entre les jambes d’un autre était considéré comme un acte incroyablement humiliant, surtout pour un combattant. Couper une tête serait considéré comme courageux, mais Han Xin connaissait les conséquences d’un meurtre et décida de ne pas le faire. Alors que l’homme se moquait de lui, il se baissa, rampa sous les jambes du voyou et continua son chemin.

Au fil des ans, Han Xin devint un grand homme. Fidèle à sa parole, il retourna dans sa ville natale et rechercha ceux qui l’avaient aidé auparavant.

Il retrouva la lavandière qui l’avait autrefois nourri avec ses maigres moyens et lui donna mille taels d’or. Cette histoire a évolué en un idiome connu sous le nom de « Rembourser un repas avec mille pièces d’or (yī fàn qiān jīn 一飯千金) », qui nous dit d’être reconnaissant et de rembourser ceux qui nous ont aidé dans le passé.

La deuxième personne que Han Xin est allé chercher était le chef du pavillon, qui était très bien loti mais qui s’était débrouillé pour ne pas continuer à nourrir un jeune pauvre et affamé, de peur de déplaire à sa famille. Han Xin lui dit : « Tu es une personne mesquine qui ne peut pas mener une bonne action jusqu’au bout, voici donc cent pièces de cuivre pour toi ».

La troisième personne était l’homme qui avait humilié Han Xin et l’avait fait ramper entre ses jambes. Cet homme devait être mort de peur en rencontrant Han Xin à nouveau, car ce dernier était devenu le roi de Chu !

Mais Han Xin annonça : « Cet homme est un combattant. Quand il m’a insulté, n’aurais-je pas pu le tuer ? À quoi cela servirait-il de le tuer aujourd’hui ? Cela ne ferait que soulager un moment de colère. Parce que j’ai eu le cœur d’endurer l’humiliation au nom d’ambitions plus nobles, je suis ici aujourd’hui pour rembourser cet homme ! »

Pour le remercier de l’avoir fait grandir en patience, Han Xin fit de cet homme un lieutenant de l’État de Chu, un poste à peu près équivalent à celui de commandant des forces de police. Han Xin était un homme qui remboursait même ses griefs par la vertu.

Voyant que le garçon qu’il avait brutalisé était devenu une personnalité aussi distinguée, l’homme s’est incliné devant Han Xin et a demandé pardon.

Rédacteur Swanne Vi

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