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Histoire. Le sauvetage des trésors de la Cité interdite par Chiang Kai-shek (1/4)

CHINE ANCIENNE > Histoire

Les trésors de la Cité interdite sont conservés séparément de part et d’autre du détroit de Taïwan. On a toujours dit des deux musées nationaux chinois que la Cité interdite à Pékin est « un palais sans trésors » et que le Musée national du Palais à Taïpei est « une île à trésors sans palais ». Avant de quitter la Chine continentale fin 1949, Chiang Kai-shek a transféré à Taïwan des centaines de milliers d’objets précieux provenant de la Cité interdite, ce qui les a sauvés de la destruction durant la révolution culturelle. Aujourd’hui, 95 % des meilleurs objets autrefois de la Cité interdite reposent paisiblement au Musée national du Palais à Taïpei.

Les trésors de la Cité interdite ont quitté le palais pour être mis à l’abri de la guerre sino-japonaise

Le 5 février 1933, par une nuit sombre et venteuse, la loi martiale est soudainement décrétée dans la Cité interdite.

Une caravane de chariots transportant 2 000 boîtes en bois scellées s’est faufilée hors de la porte de Shenwu, serpentant et s’étirant, tous les porteurs étant vêtus de noir et escortés par des policiers militaires munis d’armes chargées des deux côtés.

Il s’agit du début du sauvetage et de la relocalisation de reliques culturelles les plus importantes et les plus réussies de l’histoire moderne de la Chine. Son impact historique est également le plus profond.

Le 18 septembre 1931, le Japon a commencé à envahir le nord-est de la Chine, ce qui a suscité des inquiétudes quant à la sécurité des trésors de la Cité interdite. Le président du Musée du Palais (Cité Interdite), Yi Peiji, a proposé le déplacement des trésors de la Cité interdite vers le sud pour les mettre à l’abri, tandis que son secrétaire, Wu Ying, et d’autres personnes se sont opposés à cette proposition. Zhou Zhaoxiang, directeur de la Salle d’exposition des antiquités, s’est opposé au plus fort d’entre eux.

Le différend sur le futur des trésors de la Cité interdite a également déclenché une clameur dans l’opinion publique, une faction prônant la relocalisation et l’autre s’y opposant. Hu Shi, Lu Xun,Xu Zhimo et d’autres se sont fermement opposés à ce que les reliques culturelles quittent le palais, au motif que cela provoquerait inévitablement des troubles, des troubles sociaux. À cette époque, les célébrités culturelles et le public avaient encore du mal à voir que la survie des trésors de la Cité interdite et de la culturelle chinoise traditionnelle sera menacée par le Parti communiste chinois (PCC) après sa prise du pouvoir.

Pendant la révolution culturelle, le slogan La révolution n’est pas un crime a été inscrit sur une tablette de pierre du temple de Confucius à Qufu. (Image : wikimedia / Three Hunt / CC BY-SA 4.0)

Chaque jour, l’extérieur de la Cité interdite était rempli de gens qui venaient prendre des nouvelles sur le transfert des trésors afin de connaitre la conjoncture de la société.

En janvier 1933, l’armée japonaise a franchi le col de Shanhai. Considérant que le pays peut être restauré, tandis que les objets détruits sont difficilement récupérables, et que la destruction culturelle équivaut à la destruction du pays, l’exécutif par intérim du Yuan, Song Ziwen, a décidé de déplacer les trésors de la Cité interdite vers le sud, à Shanghai, afin de les mettre à l’abri de la guerre, et s’est engagé à restituer les trésors dès que le calme règnerait à Beiping (Pékin).

À l’époque, personne ne pensait que ces reliques culturelles seraient désormais séparées de la Chine continentale par la mer. Cependant, grâce à cela, des centaines de milliers de trésors de la Cité interdite, vecteur de l’ancienne civilisation chinoise, ont pu être sauvés de la destruction par la révolution culturelle, malgré les bouleversements et les terreurs qu’ils ont subis sur le chemin de leur relocalisation.

Quelques jours avant l’expédition des trésors de la Cité interdite, Zhou Zhaoxiang, directeur de la Salle des antiquités de la Cité interdite, a été arrêté sur ordre du maire de Pékin pour l’empêcher de détourner la cargaison par la force.

Le 6 février 1933, deux trains chargés de 19 557 caisses de reliques culturelles ont contourné l’exposition à la menace japonaise à Tianjin, en passant par la ligne Pinghan jusqu’à Longhai, puis par la ligne Jinpu jusqu’à Shanghai. Ce transfert comprenait la précieuse série complète du Siku Quanshu (la plus grande collection de livres de toute l’Histoire de la Chine) autrefois conservée par la bibliothèque impériale Wen Yuan Ge, l’œuvre du calligraphe Wang Xizhi Le temps s’éclaircit après la neige rapide (快雪时晴帖), la sculpture Chou en Jade (翠玉白菜) ainsi que d’autres livres, peintures et artefacts anciens.

Chou en jade exposé au Musée national du Palais à Taïwan. (Image : wikimedia / National Palace Museum / Domaine public)

Le niveau de sécurité du transport des reliques culturelles était très élevé, d’une part pour éviter les bombardements japonais, d’autre part pour se protéger contre les voleurs. Des mitrailleuses ont été installées sur le toit des trains, et la police militaire était armée à l’intérieur des trains. Les lumières ont été éteintes dans les trains lorsqu’ils arrivaient à un carrefour important. Les trains ne s’arrêtaient que temporairement, lorsqu’ils avaient besoin de se ravitailler.

Arrivés dans le district de Pukou à Nanjing, en l’absence d’instructions officielles pour le transfert à Shanghai, Zhiliang et d’autres escortes ont dû vivre dans les trains pendant un mois, avant de transporter les reliques culturelles jusqu’au palais Chaotian de Nanjing, ce qui représentait un travail considérable. Cependant, comparé aux difficultés et aux dangers des déplacements ultérieurs, ce transport aura été le moins pénible.

Rédacteur Yi Ming

À suivre...

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