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Histoire. Les étudiants internationaux à Chang’an, la capitale impériale de la dynastie Tang (2/2)

CHINE ANCIENNE > Histoire

Après plusieurs siècles de développement, les cultures de différentes écoles de pensée, régions et ethnies ont fusionné sous la dynastie Tang (唐朝 – 618 à 690 et 705 à 907) pour former l’apogée de l’histoire chinoise. L’ouverture des transports terrestres et maritimes a amené un grand nombre d’envoyés, de marchands et d’étudiants internationaux, dont beaucoup ont étudié et séjourné à Chang’an, la capitale impériale de la dynastie Tang.

Comment la dynastie Tang admettait-elle et gérait-elle les étudiants internationaux ? Quel rôle ont-ils joué dans la diffusion de la culture chinoise ?

Le gouvernement de la dynastie Tang acceptait généralement les demandes du retour des étudiants étrangers et des moines. Il fournissait diverses commodités. Il faisait parfois don d’un grand nombre d’écritures et de livres bouddhistes. (Image : wikimedia / PHGCOM, anonymous Japanese painter 8-9th century / CC BY-SA 3.0)

Certains étudiants restaient en chine et occupaient des postes officiels

Le gouvernement de la dynastie Tang récompensait et recrutait également les étudiants étrangers qui avaient réussi leurs études. Il leur accordait de grands honneurs et une confiance totale.

Par exemple, après son entrée dans l’empire Tang, le moine japonais Genbō a étudié les principes de l’école bouddiste chinoise Wei Shi Zong ou Fa Xiang Zong et a si bien compris ces principes qu’il a reçu un manteau violet de l’empereur Xuanzong des Tang (685 - 762). Il a été intégré en tant que fonctionnaire de troisième rang.

Un autre moine, du nom de Kūkai, a étudié le tantra au temple Qinglong. Il a reçu le rite d’initiation pour sa bonne conduite et sa diligence dans son apprentissage. Il lui a été donné le nom de Dharma Mahavairocana. Il a été désigné comme étant la huitième génération de maîtres tantriques et a reçu une chaîne de chapelets Bodhi de l’empereur Shunzong des Tang (761 - 806).

Abe no Nakamaro, qui a été nommé, par le bureau du personnel, correcteur d’articles et de livres, a gagné la confiance des empereurs Xuanzong et Suzong (711 - 762 ) de la dynastie Tang. Il a été promu plusieurs fois et est devenu secrétaire de troisième rang. Il a été considéré comme « le premier secrétaire japonais dans l’histoire des secrétaires chinois ». Après sa mort à Chang’an en 770, il a été nommé à titre posthume gouverneur de second rang de Luzhou.

Le gouvernement de la dynastie Tang acceptait généralement les demandes de retour des étudiants étrangers et des moines. Il fournissait diverses commodités. Le gouvernement Tang faisait parfois don d’un grand nombre d’écritures et de livres bouddhistes. Selon la loi de la dynastie Tang : « Il était interdit d’amener son épouse et ses concubines chinoises, lorsqu’un étranger rentrait dans son pays ». Cependant, en 792, Dachunri Jingzu, un étudiant japonais, est retourné au Japon avec son épouse chinoise, Li Ziran. Ils ont reçu le titre de fonctionnaire de cinquième rang de la part de l’empereur japonais, ce qui était probablement une faveur exceptionnelle du gouvernement Tang.

Le gouvernement de la dynastie Tang a donné aux étudiants japonais, qui rentraient au Japon avec les missions japonaises, des animaux pour les rituels et de l’argent pour le voyage de retour. Quant aux étudiants qui ne rentraient pas dans leurs pays d’origine, ils étaient soit nommés fonctionnaires avec un salaire et pouvaient devenir ministres Tang, soit ils étaient affectés au registre monastique chinois et bénéficiaient du même traitement que les moines chinois, soit ils continuaient à être pris en charge par le Honglu Si, le département des affaires étrangères, et le temple où ils résidaient jusqu’à ce que l’envoyé suivant vienne les ramener dans leur pays. Ils pouvaient aussi repartir directement de Chine sur des navires marchands ou des navires Silla.

Les étudiants internationaux à Chang’an, la capitale impériale de la dynastie Tang
Pendant qu’ils étudiaient la culture Tang à Chang’an, certains étudiants de Silla étudiaient également les caractères chinois. À leur retour dans leur contrée, ils ont pu créer une écriture basée sur les caractères chinois, ce qui a eu un impact profond sur les efforts culturels et éducatifs de leur pays. (Image : wikimedia / Domaine public)

Ce système a contribué à la création d’une écriture dans certains pays

Pendant qu’ils étudiaient la culture Tang à Chang’an, certains étudiants de Silla et du Japon étudiaient également les caractères chinois. À leur retour dans leur contrée, ils ont pu créer une écriture basée sur les caractères chinois, ce qui a eu un impact profond sur les efforts culturels et éducatifs de leur pays.

Au milieu du VIIe siècle, Seol Chong, un érudit de Silla, a créé la Méthode de lecture mandarin, qui utilisait les caractères chinois comme symboles phonétiques pour la transcription écrite du coréen oral. Car le coréen écrit n’existait pas encore, ce qui a permis de promouvoir la culture chinoise ainsi que son développement à Silla.

Pour illustrer la promotion de la culture chinoise, il y a eu, en 828, un envoyé de Silla qui a rapporté des graines de thé provenant de l’empire Tang, et la culture du thé a commencé à se développer en Corée. Durant la période des Cinq Dynasties et des Dix Royaumes à la fin de l’ère Tang, l’impression avec des blocs de bois a été introduite à Silla. L’empereur Xuanzong de la dynastie Tang pensait que « Silla est un pays de gentilshommes et sait écrire, comme la Chine ». On peut voir que sous l’influence de la dynastie Tang, la culture de Silla s’est considérablement développée.

Au Japon, la même dynamique s’est développée. À l’origine, le Japon n’avait qu’une langue orale, mais pas d’écriture. Plus tard, l’écriture japonaise a été formée en empruntant des caractères chinois. À partir du Ve siècle, la langue japonaise a été progressivement enregistrée à l’écrit en utilisant les sons et les significations des caractères chinois.

Les étudiants internationaux à Chang’an, la capitale impériale de la dynastie Tang
À la fin de la période Nara (710 - 794), Kibi no Makibi, qui avait étudié à Chang’an et appris la calligraphie, a créé le katakana en utilisant les radicaux des caractères chinois du style régulier. (Image : wikimedia / CC0 1.0)

À la fin de la période Nara (710 - 794), Kibi no Makibi, qui avait étudié à Chang’an et appris la calligraphie, a créé le katakana en utilisant les radicaux des caractères chinois du style régulier.

Un autre moine érudit, Kūkai, qui avait étudié à Chang’an et avait atteint un certain niveau de maîtrise de la calligraphie chinoise, a créé le hiragana en utilisant les caractères chinois cursifs. Il en a fait une chanson à sept notes qui a été largement diffusée et chantée. Kūkai a également compilé le premier dictionnaire chinois du Japon ancien le Tenrei Banshō Meigi (篆隷萬象名義).

À la fin du IXe siècle, le célèbre moine Annen, de l’école bouddiste Tendai, a finalement établi le tableau du gojūon, soit les cinquante sons de l’alphabet japonais. Depuis lors, la langue et l’écriture japonaises se sont développées rapidement. L’art en lien avec les caractères chinois, la calligraphie chinoise, a également été introduit au Japon. À ce jour, l’art de la calligraphie est toujours populaire au Japon et est devenu l’un des liens d’amitié entre la Chine et le Japon.

Diffusion du confucianisme et du système politique dans leur pays

Les descendants des familles nobles de Silla sont venus en grand nombre à Chang’an pour étudier le confucianisme à l’Académie impériale. Sous la dynastie Tang, Silla envoyait également les enfants de la famille royale, ce qui a été en fait la meilleure occasion pour eux d’étudier le confucianisme chinois à l’Académie impériale.

À leur retour de Chine, ces étudiants brillants occupaient des postes élevés à la cour royale de Silla, ou apprenaient à leurs disciples à écrire et à rédiger des livres, contribuant ainsi de manière remarquable à la diffusion du confucianisme chinois et au développement culturel de Silla.

Sous l’influence de la dynastie Tang, l’Académie royale de Silla s’est inspirée du programme, de la sélection du matériel pédagogique et des examens des Tang. En 682 ap. J.-C., Silla a créé une Académie royale sous l’égide du ministère des Rites, spécialisée dans l’enseignement du confucianisme chinois.

Les étudiants internationaux à Chang’an, la capitale impériale de la dynastie Tang
À ce jour, l’art de la calligraphie est toujours populaire au Japon et est devenu l’un des liens d’amitié entre la Chine et le Japon. (Image : wikimedia / Hachiro Onoue / Domaine public)

Dans la quatrième année de Zhengyuan (788), Silla a également adopté le système d’examen impérial pour sélectionner les fonctionnaires, avec Zuo Zhuan, ou Commentaire de Zuo, Li Ji, Le Classique des Rites et Xiao Jing, Le Classique de la Piété filiale, comme sujets principaux. Ce royaume a mis en place un système de sélection des fonctionnaires basé sur les examens impériaux, tout comme cela était pratiqué sous la dynastie Tang. Silla a également mis en place des temples confucéens dans les écoles et organisé des rituels. Ainsi, les rituels d’offrir un cadeaux aux professeurs à la première rencontre, le rite cérémoniel en l’honneur de Confucius et la coutume de la consommation d’alcool dans le canton sont des héritages de la dynastie Tang.

De 639 à 749, Silla a octroyé le titre professionnel de Master à ceux qui se sont spécialisés dans un métier donné, tel que Master en médecine, Master en astronomie et Master en mesure du temps, de manière à permettre l’étude de la médecine, de l’astronomie et des calendriers de la dynastie Tang. En 675, Silla a commencé à adopter le calendrier de la dynastie Tang.

Au milieu du VIIIe siècle, Silla a réformé son organisation administrative en imitant la dynastie Tang. Le gouvernement central a créé le Secrétariat du Palais, et les autorités locales étaient divisées en plusieurs niveaux différents tels que les États, les préfectures, les comtés et des cantons semblables à ceux de la dynastie Tang.

De même, au Japon, en 645, la réforme de Taika a été guidée par la pensée confucianiste : du coup d’État à la mise en place des lois et règlements après le coup d’État. Les étudiants internationaux ont également rapporté un grand nombre de textes confucéens et ont donné des conférences sur les textes confucéens et l’historiographie chinoise à leurs disciples.

En 768 ap. J.-C., Zendaiqiu, un étudiant japonais, a proposé à la cour japonaise de consacrer Confucius en tant que roi Wenxuan, suivant le système Tang d’honorer le confucianisme. L’empereur du Japon a approuvé la proposition et a fait de Confucius le roi de Wenxuan. Dès lors, la culture du respect de Confucius devint plus populaire.

De nombreux envoyés japonais se sont rendus à Chang’an pour étudier la science juridique et découvrir l’administration de la dynastie Tang, ainsi que toutes les règles, y compris les lois et les règlements, et les ont introduits au Japon. En 646, après la réforme de Taika, le Japon a créé le ministère de la Justice en imitant le système Tang, et établi le département des biens volés et le département des prisons sous son autorité. Il a commencé à élaborer des lois pénales, dont le contenu était identique aux lois et règlements Tang, soit 420 articles.

Les étudiants internationaux à Chang’an, la capitale impériale de la dynastie Tang
Les descendants des familles nobles de Silla sont venus en grand nombre à Chang’an pour étudier le confucianisme à l’Académie impériale. (Image : wikimedia / Christian140 / CC BY-SA 3.0)

Les moines étudiants et la diffusion orientale du bouddhisme

Après l’introduction du bouddhisme en Chine à la fin de la dynastie des Han occidentaux et au début de la dynastie des Han orientaux, il a progressivement fusionné avec le confucianisme et le taoïsme et est entré dans la lignée de la culture traditionnelle chinoise, formant le bouddhisme chinois.

Pendant la dynastie Tang, le bouddhisme s’est développé et les écoles bouddhistes ont fleuri, notamment les écoles Tiantai, Huayan, de la Terre pure et le Zen, qui avaient toutes leurs propres écrits théoriques systématiques et leurs propres styles de prédication. En outre, un grand nombre d’écritures bouddhistes indiennes ont également été importées en Chine et traduites en chinois au cours de cette période.

Le royaume de Silla et le Japon ont envoyé des moines et des moines érudits dans l’empire Tang pour apprendre les enseignements bouddhistes et obtenir des sutras. La plupart des étudiants moines se sont rendus dans les célèbres monastères de Chang’an pour étudier le bouddhisme sous la direction de moines chevronnés, de sorte que le bouddhisme chinois était également pratiqué par le royaume de Silla et le Japon.

Le nombre de moines envoyés par Silla a atteint 64. Parmi eux, après son entrée dans la dynastie Tang en 628 ap. J.-C., Woncheuk a étudié les sutras bouddhistes avec les moines Tang Fa Chang et Seng Bian à Chang’an, et plus tard avec Xuanzang pour étudier la Théorie du Vijñānavāda, la Voie de la conscience. Il a finalement réussi à établir son propre système, formant sa propre théorie unique du Vijñānavāda. Il refusa de retourner dans sa patrie pour enseigner et mourut finalement dans l’empire Tang. Mais ses écrits bouddhistes et sa théorie unique de Vijñānavāda furent transmis à Silla et eurent un grand impact sur le bouddhisme dans sa patrie.

Après l’étude du soutra de l’Avatamsaka, Uisang a créé une nouvelle école Huayan, Avatamsaka, à Silla. En 733, Huichao a étudié le bouddhisme tantrique avec Vajrabodhi au temple Jianfu à Chang’an et a co traduit des textes bouddhistes avec Vajrabodhi. Il est resté dans l’empire Tang jusqu’à la fin de sa vie. Ses écrits ont eu une profonde influence sur le développement du bouddhisme tantrique à Silla.

Après leur arrivée dans l’empire Tang, la plupart des moines érudits japonais ont intégré les célèbres monastères de Chang’an, cherchant leur maître, participant à diverses activités bouddhistes dans les monastères, et copiant et achetant des sutras bouddhistes. Leur contribution importante a été de transplanter au Japon les principales écoles bouddhistes qui prévalaient dans la dynastie Tang.

Les étudiants internationaux à Chang’an, la capitale impériale de la dynastie Tang
Le royaume de Silla et le Japon ont envoyé des moines et des moines érudits à Tang pour apprendre les enseignements bouddhistes et obtenir des sutras. (Image : Musée National du Palais de Taïwan / @CC BY 4.0)

Les érudits venus à Chang’an pour chercher le Dharma pendant la période Nara au Japon, étaient Tao Zhao et Zhi Tong. Tous deux ont étudié le Vijñānavāda, la voie de la conscience, avec Xuanzang à Chang’an et ont fondé le Hossō-shū japonais après leur retour au Japon.

Les célèbres moines qui sont venus étudier à Tang pendant la période Heian étaient au nombre de huit : Saichō, Kūkai, Yuan Xing, Chang Xiao, Ennin, Yuan Zhen, Hui Yun et Zong Rui. Selon les archives historiques, six d’entre eux ont étudié le bouddhisme à Chang’an, et après leur retour au Japon, ils ont activement promu le bouddhisme et obtenu de grandes réalisations.

Parmi eux, le plus influent a été le Vénérable maître Kūkai. Il s’est rendu à Tang en 804 ap. J.-C. et a étudié le tantra auprès du moine Huiguo, au temple Qinglong de Chang’an. Après son départ de Chine, il a fondé la religion tantrique japonaise Shingon et a activement prôné la réforme religieuse, et l’éducation monastique avec le moine Saichō.

Ces huit moines ont également rapporté plus de 1 700 sutras et 3 600 volumes de sutras, ainsi qu’un grand nombre de statues bouddhiques, de peintures, d’outils bouddhiques et de reliques bouddhiques, qui ont joué un rôle important dans le développement du bouddhisme et l’éducation culturelle du Japon pendant la période Heian.

La formation du cercle culturel Tang a non seulement contribué à la prospérité de la péninsule coréenne et de la société japonaise, mais a également renforcé le sentiment d’identité culturelle de la Chine avec ses voisins d’Asie de l’Est, amélioré la compréhension de la dynastie Tang envers les pays étrangers et jeté les bases des futurs échanges culturels et éducatifs entre les pays d’Asie de l’Est.

Rédacteur Charlotte Clémence
Collaboration Yi Ming

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