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Histoire. D’étoile montante du PCC à fugitif de l’État, l’esprit de Xu Hongci resta inébranlable (2/2)

CHINE ANCIENNE > Histoire

PODCAST

La Révolution culturelle éclata en 1966 et Xu Hongci fut l’un des premiers à être persécuté. Chacun de ses « crimes » passés, comme « droitier » et fugitif, fut déterré et critiqué à nouveau. Défilant dans les rues, ligoté et humilié, il est à nouveau condamné, cette fois à 20 ans de prison, et incarcéré dans une prison de Lijiang, réservée aux grands criminels.

Le « sage » de la prison fait face à une nouvelle menace

Malgré les circonstances difficiles, Xu Hongci utilisa ses connaissances médicales pour devenir un « sage » aux yeux de ses codétenus. Qu’il s’agisse de réparer des chaussures malodorantes avec un peu d’alcool ou d’assouplir des serviettes dures avec du vinaigre, ses astuces utiles renforcèrent peu à peu sa réputation au sein de la prison. Cependant, son ingéniosité et sa sagesse inquiétèrent le directeur de la prison, Li Derong.

En 1969, la prison commença à rédiger un rapport accusant Xu Hongci de planifier une révolte massive des prisonniers. Si le rapport était présenté, Xu Hongci risquait d’être exécuté. Un détenu de rang inférieur risqua tout pour transmettre cette nouvelle à Xu, qui comprit alors que l’évasion était sa seule option. Il commença alors à préparer une quatrième tentative d’évasion.

D’étoile montante du PCC à fugitif de l’État, l’esprit de Xu Hongci resta inébranlable
En 1969, la prison commença à rédiger un rapport accusant Xu Hongci de planifier une révolte massive des prisonniers. (Image : Džoko Stach / Pixabay)

Evasion calculée et course vers la liberté

Prévoyant qu’il aurait besoin, en cours de route, d’un document officiel pour les inspections, Xu Hongci fabriqua un tampon à partir d’une savonnette jetée au rebut, sur lequel on pouvait lire Yunnan Province Yun County Revolutionary Committee (Comité révolutionnaire du comté de Yun, province du Yunnan). Il utilisa ensuite ce tampon pour falsifier trois lettres lui permettant de rendre visite à des membres de sa famille. Il conserva des tickets de rationnement, fit des réserves de nourriture et prépara une échelle démontable.

Le matin du 7 août 1969, l’électricité de la prison est coupée. Xu profita de l’occasion pour transporter son matériel d’évasion dans la salle de métallurgie, jetant les parties de l’échelle démontable dans un coin caché. Après l’appel, il simula une forme humaine avec ses vêtements et se cacha dans les parterres de fleurs, pendant l’heure mouvementée de la toilette. Lorsque tout le monde fut endormi, il assembla silencieusement l’échelle, utilisa deux poteaux et escalada le mur de la prison.

Une fois dehors, le fugitif courut résolument vers le Sud à travers les montagnes du Yunnan. Lorsqu’il avait soif, il buvait dans les rivières, lorsqu’il avait faim, il mangeait des larves d’insectes et des vers de terre. Pour éviter d’être repéré par les chiens, il traversa des rivières jusqu’à la poitrine. Après 14 jours de survie dans la nature, Xu Hongci sortit enfin du Yunnan.

Le voyage du fugitif vers une nouvelle vie

Un mois plus tard, Xu Hongci, voyageant à bord de divers véhicules, arriva à la frontière entre la Chine et la Mongolie, à Erenhot. Comme si le destin l’aidait, les lumières du poste frontière s’éteignirent inopinément à son approche. Il se glissa instinctivement le long de la tour de guet, entrant fort heureusement dans l’angle mort du radar frontalier.

Dans la nuit du 10 septembre 1972, Xu Hongci, échevelé, réussit à franchir la frontière avec la Mongolie. Là, il fut interrogé par un juge compréhensif, mais qui avait besoin de preuves qu’il n’était pas un espion. Xu Hongci présenta alors un article publié dans le Quotidien du Peuple le 2 août 1957, qu’il pouvait réciter de mémoire.

D’étoile montante du PCC à fugitif de l’État, l’esprit de Xu Hongci resta inébranlable
Dans la nuit du 10 septembre 1972, Xu Hongci, échevelé, réussit à franchir la frontière mongole. (Image : wikimedia / Rob Oo from NL / CC BY 2.0)

Xu Hongci ne fut pas renvoyé dans son pays d’origine, mais fut condamné à un an de travail dans la vaste forêt de Zun Hara pour avoir franchi illégalement la frontière. Bien que les hivers glaciaux puissent geler les orteils, Xu ressentit le bonheur d’être libéré de la prison du Parti communiste chinois (PCC). Après avoir purgé sa peine, Xu Hongci, alors âgé d’une quarantaine d’années, conquit le cœur d’une jeune infirmière de 21 ans, Oyuna, grâce à ses connaissances et à son talent. Ils s’installèrent dans l’arrière-pays de la Mongolie, élevèrent deux enfants et construisirent une vie heureuse ensemble.

Reprise de contact avec sa famille et retour en Chine

Pendant toutes ces années, Xu ne contacta pas sa famille en Chine, craignant d’être extradé. Ce n’est qu’après la fin de la Révolution culturelle qu’il reprit contact. Au cours de l’hiver 1981, sa mère lui écrit pour lui dire que son étiquette de « droitiste » avait été corrigée par le premier collège médical de Shanghai.

En 1983, après 11 ans d’exil, Xu Hongci revient à Shanghai avec sa femme, son fils et sa fille qui venait de naître. À son retour dans son ancienne école, ses anciens camarades de classe furent choqués et s’exclamèrent : « Tu es encore vivant ! Tu es encore vivant ! ». Malgré son retour en toute sécurité, Xu Hongci était toujours hanté par ses expériences passées, se réveillant souvent la nuit, incapable de se rendormir. Il mettait à profit ces heures d’agitation pour écrire ses pensées.

D’étoile montante du PCC à fugitif de l’État, l’esprit de Xu Hongci resta inébranlable
Xu Hongci était toujours hanté par ses expériences passées, se réveillant souvent la nuit, incapable de se rendormir. Il mettait à profit ces heures d’agitation pour écrire ses pensées. (Image : Capture d’écran / penguin.co.uk)

Xu Hongci s’éteint le 17 avril 2008, à l’âge de 75 ans, des suites d’une insuffisance respiratoire causée par un cancer. Son esprit indomptable reste une source d’inspiration pour beaucoup, un témoignage de la résilience humaine face à l’adversité.

Rédacteur Albert Thyme

Source : The Unyielding Spirit of Xu Hongci : From a Rising Communist Star to a Fugitive of the State (Part 2)
www.nspirement.com

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