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Histoire. Le coup de maître diplomatique de l’empereur Taizu de Song

CHINE ANCIENNE > Histoire

En 964, l’empereur Taizu de Song réprima les Tang du Sud et s’apprêtait à poursuivre sa conquête en s’emparant du royaume de Wuyue. De manière inattendue, le roi Qian Chu de Wuyue lui rendit personnellement visite et lui présenta une carte de son territoire en signe de soumission.

Un accueil chaleureux

L’empereur Taizu se réjouit de la visite de Qian Chu et l’invita à visiter la capitale, Bianliang, et à y tenir des conversations approfondies. Durant ce séjour, Qian Chu courtisa secrètement les hauts fonctionnaires de la dynastie Song, espérant qu’ils plaideraient en sa faveur pour préserver son royaume. L’une de ses principales cibles fut le Premier ministre Zhao Pu, proche de l’empereur et très influent. L’empereur Taizu, parfaitement au courant de ces manigances, choisit de ne pas intervenir.

Une découverte inattendue de l’empereur Taizu


Un jour, Qian Chu envoya 10 grandes jarres à la résidence de Zhao Pu, prétendument remplies de fruits de mer de Wuyue. Après la livraison, Zhao Pu décida d’inspecter les jarres, mais il fut surpris par l’arrivée soudaine de l’empereur Taizu. Zhao Pu s’empressa d’expliquer qu’il s’agissait de cadeaux de Qian Chu. Comme il s’agissait soi-disant de fruits de mer, l’empereur exprima le souhait de les goûter.

Le coup de maître diplomatique de l’empereur Taizu de Song
Le roi Qian Chu demanda l’autorisation de rentrer chez lui. Selon le frère cadet de Taizu, le laisser partir revenait à relâcher un tigre dans les montagnes. (Image : wikimedia / China’s Tiger at English Wikipedia / CC BY-SA 2.5)

En ouvrant l’une des jarres, ils découvrirent non pas des fruits de mer, mais un trésor d’or. Toutes les jarres étaient remplies d’or. Zhao Pu fut stupéfait, mais l’empereur Taizu sourit simplement et dit : « Quel beau cadeau ! Quel beau cadeau ! Dommage que Qian Chu l’ait envoyé à la mauvaise personne. Il pense que c’est vous qui décidez des affaires de l’État. Si seulement il me l’avait envoyé directement. Puisqu’il t’est offert, ne sois pas embarrassé. » Il répéta à Zhao Pu de ne pas trop réfléchir à la situation.

Une résolution diplomatique

Le roi Qian Chu passa plusieurs mois à Bianliang sans grand succès et finit par demander l’autorisation de rentrer chez lui. À l’annonce de cette demande, les conseillers de l’empereur Taizu soumirent l’un après l’autre des pétitions demandant l’exécution ou la détention de Qian Chu. Zhao Kuangyi, le frère cadet de Taizu, se montra particulièrement inflexible, arguant que Qian Chu avait des objectifs et des capacités extrêmement ambitieux. Selon lui, le laisser partir revenait à relâcher un tigre dans les montagnes.

Cependant, l’empereur Taizu avait un point de vue différent. Il affirma : « Nous avons conquis les Tang du Sud et balayé les montagnes du Sud. Nous pouvons certainement vaincre Wuyue aussi. Mais Qian Chu est un homme rusé qui comprend l’importance de s’adapter à la situation. J’ai l’intention de le persuader sincèrement. Ainsi, nous n’aurons pas besoin de recourir à la violence. Le royaume de Wuyue a beau être petit, son peuple est féroce et fier. Les provoquer inutilement ne ferait qu’accroître la résistance à notre objectif d’unifier le royaume. »

Finalement, l’empereur Taizu escorta personnellement Qian Chu hors de la ville et lui offrit un mystérieux cadeau avant son départ.

La gratitude d’un roi

Alors que Qian Chu approchait de la frontière de Wuyue, il ouvrit la boîte qu’il avait reçue de l’empereur et la trouva remplie de pétitions de ministres qui voulaient qu’il soit détenu ou exécuté. Ébranlé mais reconnaissant, il retourna à Bianliang six mois plus tard, abandonnant toute la puissance militaire de Wuyue et soumettant sa nation à la dynastie Song sans une seule bataille.

Le coup de maître diplomatique de l’empereur Taizu de Song
Qian Chu abandonna toute la puissance militaire de Wuyue et soumit sa nation à la dynastie Song sans une seule bataille. (Image : wikimedia / Ike no Taiga / Domaine public)

Stratégie politique

Les termes « tromperie », « ruse » , « machiavélique » et « tricher sans rendre de comptes » reviennent souvent lorsqu’on pense aux intrigues politiques. Cependant la véritable stratégie politique implique de « peser » et de « planifier », ce qui peut nécessiter l’utilisation de certaines tactiques et compétences, mais ce ne sont pas des choses négatives en soi. En fait, les meilleures stratégies ne sont pas du tout négatives. Il était naturel pour les empereurs féodaux d’employer de telles tactiques dans des batailles politiques brutales, la « bonne volonté » étant la stratégie ultime.

En utilisant les pétitions pour gagner la gratitude de Qian Chu, l’empereur Taizu put dissoudre la perspective d’une guerre et gagna le soutien des peuples de Song et de Wuyue. Qian Chu était un chef talentueux et respecté à Wuyue, et s’il avait choisi de combattre jusqu’au bout contre l’empereur Taizu, même s’il avait été vaincu, il aurait porté un coup dur à la dynastie Song.

Le traitement sincère de l’empereur Taizu à l’égard de son adversaire n’était pas un acte de bonté spontané, mais un geste calculé après avoir soigneusement évalué son adversaire et saisi l’occasion. Cette manœuvre remarquable confirma la « bonne volonté » comme la meilleure des stratégies politiques.

Rédacteur Albert Thyme

Source : The Diplomatic Masterstroke of Emperor Taizu of Song
www.nspirement.com

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