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Monde. Un agent chinois m’a proposé de financer le laboratoire P4

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Guo Wengui, un milliardaire chinois exilé aux États-Unis. ( Image : Capture d’écran / YouTube)
 

Le Covid-19 est un fléau planétaire et le laboratoire P4 situé à Wuhan – ville-épicentre de la pandémie mondiale - est soupçonné d’être à l’origine de cette maladie. Guo Wengui, a révélé que le Parti communiste chinois (PCC) avait construit le laboratoire P4 dans l’hypothèse d’une guerre bactériologique.

« La classification P4 d’un laboratoire signifie " pathogène de classe 4 " et le rend susceptible d’abriter des micro-organismes très pathogènes. Dans le monde, les laboratoires de ce type sont également nommés " BSL 4 ", de l’anglais : biosafety level4. Ces agents de classe 4 sont caractérisés par leur haute dangerosité (taux de mortalité très élevé en cas d’infection), l’absence de vaccin protecteur, l’absence de traitement médical efficace, et la transmission possible par aérosols. La protection maximale exigée pour manipuler ces germes est désignée par le sigle NSB4 (niveau de sécurité biologique 4) ». (Source Wikipédia)

« En 2012 un agent secret des services de renseignement communistes chinois est venu me demander si je voulais investir », a déclaré le milliardaire en exil Guo Wengui. (Image : Wikimedia / 美国之音东方拍摄 / Domaine Public)
« En 2012 un agent secret des services de renseignement communistes
chinois est venu me demander si je voulais investir »
, a déclaré le milliardaire
en exil Guo Wengui. (Image : Wikimedia / 美国之音东方拍摄 / Domaine Public)
 

Les révélations de Guo Wengui

Guo Wengui, un milliardaire chinois exilé aux États-Unis, avait expliqué à l’AFP fin 2017 vouloir lutter pour restaurer la démocratie en Chine. Lors d’une conférence de presse organisée dans un grand hôtel new-yorkais, MM. Bannon et Guo ont annoncé qu’ils allaient enquêter ensemble, grâce à un fonds doté de 100 millions de dollars par le milliardaire, sur des crimes commis en Chine, qui vont de l’emprisonnement arbitraire à des assassinats maquillés en suicides ou morts accidentelles, en passant par la torture. Selon les deux hommes, le Parti communiste chinois est coupable de persécutions massives, en Chine comme à l’étranger.

Le 25 avril, Guo Wengui, interviewé par l’ancien stratège en chef de la Maison Blanche, Steve Bannon, a déclaré : « Le financement de l’Institut de virologie de Wuhan (laboratoire P4) est venu des États-Unis et du Royaume-Uni. Ce laboratoire a également recruté de nombreux experts américains pour mener des recherches. En 2012, un agent secret des services de renseignement communistes chinois m’a demandé si je voulais investir ». « Cet agent a affirmé que tôt ou tard, il y aurait une guerre entre la Chine et les États-Unis, et la façon la moins coûteuse de faire tomber les États-Unis serait une guerre bactériologique. J’ai poliment refusé, mais ils ont trouvé des investisseurs aux États-Unis, et en Grande-Bretagne ».

Guo Wengui a également ajouté que l’homme qui l’avait sollicité à l’époque et, dont il n’a pas mentionné le nom, est maintenant membre du Comité permanent du Politburo du Parti communiste - ce comité regroupe les 7 membres les plus influents du PCC après le Secrétaire général et il dirige avec ce dernier le PCC et la République populaire de Chine.

La pneumonie de Wuhan s’est répandue dans plus de 200 pays et régions du monde, causant d’énormes dégâts dans le monde entier à différents niveaux : sanitaire, vies humaines, économique, politique et culturel. Aux États-Unis, au 29 avril, le nombre cumulé de cas confirmés de pneumonie de Wuhan dépassait 1 038 000, le nombre de décès 60 000 et le nombre de cas guéris 119 000.

Dans son podcast War Room, Steve Bannon a rappelé aux Américains que le bilan du virus du PCC (Covid-19) aux États-Unis se rapprochait de celui de la guerre du Vietnam, « qui a atteint ce chiffre en 9 à 10 ans, alors qu’avec le virus communiste chinois, il a suffit de 9 à 10 semaines ».

Pour Steve Bannon, il s’agit bien d’une guerre bactériologique voulue et conduite par le Parti communiste chinois. Cette information a été confirmée par Guo Wengui lors de son interview.

Guo Wengui a révélé que la construction du laboratoire du virus P4 à Wuhan a été financée, non seulement, par des fonds de pays occidentaux, mais aussi, par Jiang Mianheng, fils de Jiang Zemin, ancien président de la Chine.

Guo Wengui a aussi déclaré: « Un " camarade " employé au Laboratoire P4 de Wuhan a réussi à s’échapper avec toute sa famille en France ». Steve Bannon a également révélé dans War Room, le 24 avril, qu’un témoin important serait interviewé, sans doute dans les prochains jours, pour révéler des informations top secrètes sur l’Institut de virologie de Wuhan (Laboratoire P4).

Le laboratoire P4 est le premier laboratoire de niveau de biosécurité 4 (P4) en Chine, qui compte également un laboratoire P2 et deux laboratoires P3.

Dans son Podcast War Room, Steve Bannon a rappelé aux Américains que le bilan du virus du PCC (COVID-19) aux États-Unis se rapprochait de celui de la guerre du Vietnam. (Image : wikimedia / Gage Skidmore / CC BY-SA)
Dans son Podcast War Room, Steve Bannon a rappelé aux Américains
que le bilan du virus du PCC (Covid-19) aux États-Unis se rapprochait
de celui de la guerre du Vietnam. (Image : wikimedia / Gage Skidmore / CC BY-SA)
 

Le laboratoire P4 de Wuhan exporté par la France

En avril, RFI – Radio France Internationale - révélait que la France et la Chine avaient coopéré pour mettre sur pied le laboratoire P4 à Wuhan. Ce partenariat franco-chinois remonte aux années 2000. En 2003, le SRAS (syndrome respiratoire aigu sévère) apparaît en Chine. C’est en octobre 2004, que le président français de l’époque, Jacques Chirac, scelle une alliance avec son homologue chinois, Hu Jin Tao, pour lutter contre les maladies infectieuses émergentes. Démarche d’autant plus justifiée, qu’un autre virus, celui de la grippe aviaire, le H5N1, vient frapper la Chine. L’idée de construire un laboratoire de type P4 prend forme peu à peu.

Une trentaine de ces instituts de recherche existent actuellement dans le monde. En France, à l’époque, des scientifiques ainsi que le SGDSN (secrétariat général à la défense et à la sécurité nationale) émettent des réserves. À cela s’ajoute le fait que la Chine refuse de donner à la France, des précisions sur le devenir des laboratoires mobiles de biologie P3 qui avaient été financés par le gouvernement français après l’épidémie de SRAS. « Les français ont été un peu refroidis par le manque de transparence des chinois », explique Antoine Izambard, auteur du livre France-Chine, Les liaisons dangereuses. « Leurs explications sont restées opaques sur l’utilisation qu’ils pouvaient faire de ces P3. Certains dans l’administration française pensaient donc que la Chine ferait surement un usage similaire du P4. Cela suscitait énormément de craintes. »

Mais les doutes sont levés progressivement et en 2004, le projet P4 est lancé. En 2008, un comité de pilotage est créé. Il sera dirigé par un Français, le Lyonnais Alain Mérieux et le docteur Chen Zhu. En 2010, le gouvernement Sarkozy annonce à l’OMS que les travaux commencent. Une quinzaine de PME françaises très spécialisées prêtent alors leur concours pour construire le laboratoire. « Ces labos P4, c’est vraiment de la technologie de top niveau, comparables à celle des sous-marins nucléaires français pour ce qui est de l’étanchéité de certaines pièces », précise encore Antoine Izambard.

Mais ce seront des entreprises chinoises qui assureront l’essentiel de la construction, ce qui n’est pas toujours du goût des Français. Technip par exemple, refusera de certifier le bâtiment. Le 31 janvier 2015, le chantier se termine enfin. On peut lire sur la façade du bâtiment: Wuhan Institute of Virology. La coopération franco-chinoise espérée entre le P4 Jean Mérieux-Inserm de Lyon Bron et celui de Wuhan ne démarrera jamais vraiment.

La mise en exploitation a lieu en janvier 2018.

Le laboratoire P4 de Wuhan : une histoire américaine

En 2015, l’institut est équipé de matériel haut de gamme de fabrication américaine. La technologie et les compétences en recherche bactériologique ont été « importées » des États-Unis. Pour exemple, le recrutement de Charles Lieber, chef du département de chimie de Harvard.

Guo Wengui a ajouté : « Le scientifique chinois, qui a fui le laboratoire de Wuhan pour se réfugier en Europe, a déclaré ne pas avoir peur de la Chine et être prêt à venir témoigner, mais qu’il craint les États-Unis, car des américains travaillent avec le Parti communiste chinois ».

L’expert chinois craindrait pour sa vie aux États-Unis car, non-seulement, l’argent et la technologie qui ont contribué, en partie, à l’existence et au fonctionnement du laboratoire sont américains, mais encore, de nombreux experts américains et chinois, appartenant au Parti communiste chinois, ont co-publié ensemble les résultats de leur recherche au sein du laboratoire P4 dans des revues spécialisées.

Certains analystes pensent que les partisans de cette collaboration dans la recherche sino-américaine, dont Guo Wengui a parlé, forment un groupe de lobbyistes qui travaillent encore aujourd’hui avec le gouvernement communiste chinois. Et en plus de financer directement la création du laboratoire P4, Steve Bannon a également accusé de nombreux fonds de pension américains d’investir dans des actions et des entreprises chinoises par l’intermédiaire de Wall Street.
 

La question de la responsabilisation a également été soulevée par le secrétaire d’État américain Mike Pompeo lors d’une conférence de presse le 22 avril. (Image : Wikimedia / United States Department of State / Domaine public)
La question de la responsabilisation a également été soulevée par
le secrétaire d’État américain Mike Pompeo lors d’une conférence
de presse le 22 avril. (Image : Wikimedia / United States Department
of State / Domaine public)
 

Le Wuhan Institute of Virology suscite des inquiétudes

Le 24 avril, Radio Free Asia (RFA) faisait mention de trois grandes controverses concernant le laboratoire P4 de Wuhan, dont la première concerne les questions de sécurité. Selon le Washington Post, en janvier 2018, des membres de l’ambassade américaine visitent les locaux et alertent La Maison Blanche de l’insuffisance des mesures de sécurité prises dans un lieu où l’on étudie les coronavirus issus de chauves-souris.

La deuxième controverse concerne Shi Zhengli, une virologue de renommée internationale et directrice adjointe du laboratoire P4. Shi Zhengli est engagée depuis longtemps dans la recherche sur les chauves-souris. Ces dernières années, elle a fait beaucoup d’efforts dans le cadre des expériences sur « le gain de fonction » (GOF) qui augmente la virulence, la facilité de propagation ou la gamme d’hôtes d’agents pathogènes dangereux. Ce type de recherche sur les virus a toujours été très controversé. Le professeur de virologie Simon Wain-Hobson de l’Institut Pasteur français a récemment souligné que la recherche de l’équipe de Shi Zhengli dans le domaine des GOF était « de la folie » car trop risquée.

Pour Ralph Baric, professeur de microbiologie et d’immunologie à l’université de Caroline du Nord qui a co-publié une étude avec Zhengli Shi en 2015 : les gènes d’un coronavirus de type W1V1 (transmissible entre l’homme et l’animal ) et d’un virus-chimère (recombinaison entre deux virus différents) créés en laboratoire peuvent proliférer rapidement dans les voies respiratoires et le corps humain, et en l’absence de vaccins et de médicaments, les recherches du Wuhan Institute of Virology « représentent un risque élevé » et des menaces sérieuses pour la sécurité publique.

La troisième controverse porte sur la question de savoir si le coronavirus W1V1 est responsable de la pneumonie de Wuhan. Une hypothèse tant que la Chine ne sera pas disposée à transmettre des données génétiques sur le virus. Selon Radio Free Asia, « l’attitude de la Chine parle d’elle-même ».

Début février, le président chinois Xi Jinping confie la mission de coordonner la lutte contre le coronavirus à Wuhan auprincipal expert chinois en matière d’armes biologiques, le major-général Chen Wei,– la seule femme à ce grade. Le 14 février, le président Xi Jinping, qui présidait une réunion du Comité central pour une réforme générale et approfondie en Chine, a proposé d’intégrer la biosécurité dans les préoccupations en matière de Sécurité Nationale et de mettre en place une loi concernant la biosécurité dès que possible. Ce qui a contribué à alimenter les spéculations sur l’origine du virus liée, peut-être, à un incident de sécurité au laboratoire de Wuhan.

Début avril 2020, le Daily Mail rapporte que l’hypothèse d’une fuite du laboratoire de Wuhan n’est plus écartée par des sources gouvernementales britanniques.

La question de la responsabilité a été soulevée par le secrétaire d’État américain Mike Pompeo lors d’une conférence de presse le 22 avril. Il a critiqué le Parti communiste chinois pour avoir dissimulé des informations sur les risques de transmission interhumaine du virus et détruit des échantillons de virus dès les premiers jours de l’épidémie. « Le PCC n’a toujours pas partagé avec le monde extérieur l’échantillon de virus provenant de l’intérieur de la Chine, rendant le suivi de l’évolution de la maladie impossible. »

Le 30 avril, Donald Trump disait envisager des taxes punitives contre la Chine après avoir vu des éléments lui faisant penser que le nouveau coronavirus proviendrait d’un laboratoire chinois à Wuhan. À la question posée par un journaliste : « Avez-vous vu jusqu’ici des choses qui vous permettent de croire sérieusement que l’Institut de virologie de Wuhan est à l’origine » de la pandémie ? Le président américain répondait « oui ». Le 3 mai Mike Pompeo affirmait sur la chaîne ABC : « Il existe des preuves immenses que c’est de là que c’est parti », refusant de donner plus de détails sur ces « preuves ». Une version formellement contredite par la Chine.

Rédacteur Yoa Xu

Collaboration Farida L.

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