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Chine. Chine : appel au mariage entre femmes ouïghoures et chinois Han

ACTUALITÉ > Chine

Une vidéo chinoise invite des femmes ouïghoures à épouser des chinois Han. (Image : Capture d’écran / Youtube)
 

Une publicité vidéo appelant 100 femmes ouïghoures à un mariage « urgent » avec des Chinois Han a soulevé une tempête en ligne, les activistes des droits de l’homme accusant Pékin d’essayer de siniser la population ouïghoure. L’annonce est apparue sur Douyin, la version chinoise de TikTok et a ensuite été supprimée suite à l’immense opposition en ligne des Ouïghours vivant à l’étranger.

Campagne pour le mariage

Dans la vidéo, on peut entendre le narrateur remercier le gouvernement et le Parti communiste chinois  (PCC) pour « cette belle vie ». Darren Byler, expert de la Chine, estime que la campagne pour le mariage montre une dynamique de genre racialisée entre les sexes. Il souligne que les mariages mixtes entre femmes ouïghoures et hommes Han se sont révélés être une priorité pour les responsables du Xinjiang. Même si ces mariages mixtes atténuent les différences ethniques, ils conduisent les Ouïghours sous la domination des hommes Han.

Hu Xijin, rédacteur en chef du Global Times, a déclaré sur Twitter que la publicité pour le mariage de 100 femmes ouïgoures « est sûrement fausse », alléguant qu’il s’agissait de propagande visant à inciter à la haine occidentale envers la Chine. La promotion des mariages interethniques n’est pas nouvelle en terme de politique pour Pékin. En 2010, le gouvernement chinois a annoncé des mesures similaires au Tibet. De telles politiques sont basées sur la « théorie du rapprochement ethnique » développée à l’université de Tsinghua au début des années 2000. Cette théorie préconise essentiellement le mariage mixte, la co-résidence et la scolarisation mixte comme moyen de créer une identité chinoise unifiée.

La promotion pour les mariages interethniques n’est pas quelque chose de nouveau dans la politique de Pékin. En 2010, le gouvernement chinois avait annoncé des mesures similaires au Tibet. (Image : Capture d’écran / YouTube)
La promotion pour les mariages interethniques n’est pas quelque chose de nouveau dans la politique de Pékin. En 2010, le gouvernement chinois avait annoncé des mesures similaires au Tibet. (Image : Capture d’écran / YouTube)
 

En janvier, un fonctionnaire du Xinjiang a accusé l’extrémisme religieux d’être la raison au manque de rapprochement entre les Ouïghours et les Hans, tout en faisant remarquer que le Xinjiang avait le taux le plus bas de mariages interethniques parmi les différentes minorités. Le fonctionnaire a soutenu que ce faible taux de mariages entre Ouïghours et Hans était dû à la prolifération de l’extrémisme religieux. En 2014, le comté de Cherchen au Xinjiang a dévoilé le programme « Mesures incitatives pour encourager les mariages mixtes ouïgours-chinois », accordant aux couples mariés une récompense en espèces de 10 000 yuans (1 237 euros) par an pendant une période de cinq ans. Les couples ainsi que leur progéniture et leurs parents bénéficieraient également d’un traitement préférentiel en matière de logement, d’éducation, d’emploi, etc.

« Notre plaidoyer en faveur des mariages mixtes favorise l’énergie positive... Ce n’est qu’en promouvant l’établissement d’une structure sociale et d’un environnement communautaire dans lesquels tous les groupes ethniques sont intégrés les uns aux autres... que nous pourrons stimuler la grande unité, la fusion ethnique et le développement de tous les groupes ethniques du Xinjiang, et enfin réaliser notre rêve de rajeunissement de notre nation chinoise », a déclaré le secrétaire du PCC du comté de Tcherchen , Zhu Xin, lors de l’introduction des mesures d’incitation, selon VOA News.

Le gouvernement du Tcherchen a offert 10.000 yuans aux couples ayant accepté un mariage interethnique. (Image : Pixabay / CC0 1.0)
Le gouvernement du Tcherchen a offert 10.000 yuans aux couples ayant accepté un mariage interethnique. (Image : Pixabay / CC0 1.0)
 

Accusations de génocide

L’administration Trump envisagerait d’apparenter à un génocide la persécution des minorités ouïgoures par Pékin. Le Conseil national de sécurité, le Département d’État et le Département de la sécurité intérieure évaluent sérieusement cette classification et débattent de la possibilité d’aller ou non de l’avant, car cette décision aura des conséquences majeures sur les liens entre la Chine et les États-Unis. John Ullyot, porte-parole du NSC, a affirmé que le PCC s’est livré à la plus importante incarcération d’une minorité ethnique depuis la Seconde Guerre mondiale.

Si l’administration décide de ne pas utiliser le terme de génocide pour décrire les crimes du PCC contre les Ouïghours, elle pourrait classer la persécution comme un acte de « nettoyage ethnique » ou un « crime contre l’humanité ». En juillet, le gouvernement américain a mis sur la liste noire une entreprise chinoise, Xinjiang Production and Construction Corps (XPCC), pour son implication dans les violations des droits de l’homme contre les minorités du Xinjiang.

Rédacteur Fetty Adler

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