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Monde. Xi Jinping reconnaît que l’économie chinoise est en difficulté

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Lors de son discours national de fin d’année, Xi Jinping a reconnu que l’économie chinoise était en difficulté, ce qui constitue un aveu rarissime de la part du chef du Parti communiste chinois (PCC)

En dépit d’un certain nombre d’affirmations douteuses, Xi Jinping a admis que « certaines entreprises ont connu des temps difficiles. Certaines personnes ont eu des difficultés à trouver un emploi et à subvenir à leurs besoins fondamentaux. »

En réalité, l’économie chinoise fait face à une « tempête parfaite » de crises économiques.

Au début de l’année 2023, les autorités chinoises ont admis que le taux de chômage des jeunes dans le pays avait dépassé les 20 %, ce qui les a incitées à suspendre la publication des données révélant la crise.

L’industrie immobilière chinoise a de plus connu une année sans précédent, avec une chute des prix de l’immobilier dans de nombreuses régions du pays et certains des plus grands promoteurs chinois, comme Evergrande et Country Garden, ont déposé une demande de mise en faillite, laissant des millions de citoyens ordinaires payer des hypothèques sur des propriétés qui n’ont jamais été livrées.

Selon un rapport de Nomura, publié en novembre de l’année dernière, on estime qu’il y a « environ 20 millions d’unités de maisons pré-vendues non construites et retardées » dans le pays et que 3,2 trillions de yuans, soit 440 milliards de dollars, seront nécessaires pour terminer et livrer ces maisons.

L’économiste en chef de Nomura pour la Chine, Ting Lu, a écrit : « selon nous, dans le contexte de l’effondrement du secteur immobilier et de la chute généralisée du crédit parmi les promoteurs immobiliers, les acheteurs pourraient devenir de plus en plus impatients en attendant la livraison de leurs nouveaux logements », ajoutant : « D’ici l’année prochaine (2024), la question de la livraison des logements pourrait devenir un problème social et mettre en danger la stabilité sociale, et Pékin devra peut-être à terme intensifier considérablement son soutien politique ».

En outre, l’agence financière et de notation Moody’s a porté un coup sévère au pays communiste en abaissant la perspective de sa cote de crédit de stable à négative.

Un certain nombre de grandes entreprises se sont également « découplées » de la Chine, délocalisant leurs activités vers d’autres pays, tels que le Vietnam et l’Inde, mettant ainsi en péril le statut de la Chine en tant qu’« usine du monde ».

Des décennies de stagnation

Alors que la plupart des économistes estiment que la Chine, la deuxième économie mondiale, atteindra son objectif de croissance d’environ 5 % cette année, ce chiffre reste nettement inférieur à celui en croissance d’avant la pandémie et les experts estiment que le pays pourrait être confronté à des décennies de stagnation.

Derek Scissors, chercheur principal à l’American Enterprise Institute, a déclaré à CNN. « En 2024, le défi pour l’économie chinoise ne sera pas la croissance du PIB, qui sera probablement supérieure à 4,5 %. Le défi sera que la seule direction à partir de là sera vers le bas ».

Derek Scissors estime que la Chine connaîtra un ralentissement de sa croissance d’ici la fin des années 2020, en grande partie à cause du secteur immobilier en difficulté du pays, conjugué au vieillissement de la population.

Julian Evans-Pritchard, responsable de l’économie chinoise chez Capital Economics, a déclaré à CNN fin décembre 2023 : « les décideurs politiques semblent croire qu’avec un peu de relance et un revirement de sentiment, l’économie peut se remettre sur une trajectoire plus forte », ajoutant : « Bien qu’il y ait une part de vérité  là-dedans, nous pensons que les responsables sous-estiment  à quel point le ralentissement de la Chine est de nature structurelle et ne sera pas si facilement inversé. »

« La majeure partie du ralentissement reflète un déclin structurel de la productivité et de la croissance des revenus, plutôt qu’une faiblesse cyclique qui peut être corrigée par des mesures de relance du côté  de la demande ou d’autres mesures de renforcement de la confiance », a ajouté Julian Evans-Pritchard.

2023 a été décevant

Dans un article publié le 14 décembre, le géant financier J.P. Morgan a écrit : « Au cours de l’année 2023, de nombreux événements en (Chine) initialement considérés comme des tournants potentiels se sont finalement révélés décevants ».

La banque privée a cité des exemples, notamment la fin des confinements « zéro-Covid », qui n’ont pas déclenché le rebond économique espéré par les autorités communistes, et l’assouplissement des restrictions sur l’immobilier qui n’a pas réussi à « empêcher la crise immobilière de s’aggraver ».

La banque ne pense pas qu’un vaste plan de relance soit en préparation, mais elle s’attend à ce que les décideurs politiques soient vigilants face à tout risque supplémentaire pour la stabilité financière.

Le marché boursier chinois a également connu des fluctuations en 2023, ce qui a incité certains des plus grands gestionnaires de fonds au monde, comme BlackRock, à fuir le pays.

BlackRock a commencé à investir dans le marché chinois des actions A (actions libellées en yuans, réservées aux chinois résidents) en 2019, mais après seulement trois ans, la société a subi une perte de 30 % sur ses investissements dans le marché boursier largement opaque du pays, ce qui équivaut à un montant stupéfiant de 260 milliards de dollars.

Selon un rapport de septembre 2023 de la China Securities Investment Funds Association (CSIFA), au moins 2 344 fonds de capital-investissement ont été annulés en Chine en 2023.

L’année 2024 ne sera probablement pas en mesure d’apporter de soulagement à l’économie chinoise, les économistes de Nomura écrivant : « malgré une série de mesures de relance annoncées récemment, nous pensons qu’il est encore trop tôt pour annoncer le creux de la vague, et qu’il pourrait y avoir un autre creux économique au printemps 2024 en raison de l’essoufflement du secteur immobilier, de la disparition de la demande refoulée, de l’affaissement de la demande extérieure, de la surcapacité dans certains secteurs " verts " et des vents contraires géopolitiques persistants. »

Rédacteur Fetty Adler
Collaborateur Jo Ann

Source : In Rare Admission, Xi Jinping Says China’s Economy Is Struggling

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