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Monde. Le ministre néerlandais des Affaires étrangères s’indigne des postes de police chinois clandestins 

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Le ministre néerlandais des Affaires étrangères, Wopke Hoekstra, a exigé la fermeture immédiate de deux postes de police chinois clandestins, accusés de traquer les opposants politiques chinois dans le pays depuis au moins quatre ans.

« Nous avons demandé hier à l’ambassadeur de Chine un texte et une explication », a déclaré sans ambages Wopke Hoekstra, selon le radiodiffuseur néerlandais RTL Nieuws. « Ce genre de pratique est inacceptable, il est clairement évident que ce genre d’activité est inacceptable », a-t-il ajouté.

« Nous devons encore découvrir ce qui s’est passé exactement dans les agences », a poursuivi Wopke Hoekstra. « En tout cas, il s’agissait d’affaires consulaires, vous avez la permission de demander cela au pays d’accueil. En l’occurrence, les Pays-Bas, et cela ne s’est pas produit. C’est en soi une raison suffisante pour que ces bureaux soient fermés immédiatement. »

Une ONG tire la sonnette d’alarme

L’affaire a attiré l’attention nationale après que RTL Nieuws et la plateforme d’investigation Follow the Money aient vérifié un rapport publié en septembre par Safeguard Defenders, une organisation de défense des droits de l’homme basée en Espagne.

Le rapport, intitulé 110 Overseas : chinese Transnational Policing Gone Wild, parle de l’ouverture par les autorités chinoises de dizaines de bureaux de police sur les cinq continents afin de lutter contre les « fraudes » présumées commises par des ressortissants chinois à l’étranger tout en « menant des opérations de police sur le sol étranger ».

Selon le rapport, au moins 36 « stations-service » non enregistrées ont été créées en Europe. Ces stations sont censées offrir des services publics aux ressortissants chinois, comme des examens physiques et le renouvellement de leur permis de conduire.

Des milliers de Chinois vivant aux Pays-Bas se sont rendus dans ces bureaux. Une ONG a signalé des dizaines d’emplacements de ce type, mais le gouvernement néerlandais affirme avoir totalement ignoré leur existence.

Cependant, ces bureaux sont également connus pour leurs efforts pour inciter quelque 23 000 expatriés enregistrés comme fraudeurs à retourner « volontairement » sur le continent pour y être jugés en vertu du système disciplinaire du Parti communiste chinois (PCC), souvent après avoir été contraints par des agents des services de renseignements du continent harcelant leurs proches ou les emprisonnant.

Une stratégie à long terme

Selon Safeguard Defenders, le premier poste de police chinois clandestin aux Pays-Bas a été ouvert à Amsterdam en 2018 en tant qu’antenne du département de police de la région de Lishui. Ce département gère au moins 46 postes dans le monde, précise l’étude.

Un autre poste de police de la ville de Fuzhou, a également ouvert en Hollande dans une résidence très discrète de Rotterdam, sans aucune indication sur la porte.

Le service de Fuzhou compte également au moins 30 sites dans 21 pays, agissant entre autres à New York, en Ontario, à Dublin et Barcelone, note RTL.

Dans une vidéo promotionnelle, l’agence admet que ses activités ne sont pas uniquement centrées sur les services civils, mais également utilisées pour « réprimer les activités criminelles locales et illégales à Fuzhou impliquant des Chinois d’outre-mer. »

Il y a quelques années, des policiers chinois avaient déjà été repérés en train de patrouiller dans les rues d’Italie.

Le but de cette initiative serait pour soi-disant donner aux touristes chinois un sentiment de confort, celui d’être surveillés par des agents de la force publique du PCC dans leurs uniformes traditionnels.

« Ces opérations font fi de la coopération policière et judiciaire bilatérale officielle et violent l’état de droit international, et peuvent porter atteinte à l’intégrité territoriale dans les pays tiers impliqués dans la mise en place d’un mécanisme de police parallèle utilisant des méthodes illégales », a commenté Safeguard Defenders.

Une répression transnationale

Selon EuroNews, le gouvernement chinois a affirmé que les allégations de Safeguard Defenders étaient « complètement fausses ».

Le porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, Wang Wenbin, a toutefois déclaré le 26 octobre que les postes de police à l’étranger « sont en fait des postes de service pour les citoyens chinois à l’étranger », affirmant que les postes respectent pleinement la souveraineté judiciaire des autres pays.

« Les postes de sécurité publique chinois répriment résolument les diverses activités criminelles transnationales conformément à la loi, se conforment strictement au droit international et respectent pleinement la souveraineté judiciaire des autres pays », a assuré Wang Wenbin.

Entre-temps, les autorités espagnoles et irlandaises ont également ordonné l’ouverture d’enquêtes sur ces postes de police suspects, à tel point que le gouvernement irlandais a ordonné la semaine dernière la fermeture du poste de Dublin.

Le PCC au pouvoir a par ailleurs créé le 2 septembre, une « loi contre les télécommunications et la fraude en ligne » revendiquant la compétence internationale à l’encontre de tous les ressortissants chinois à l’étranger en cas de comportement suspect.

Avec l’influence des diverses agences de sécurité du PCC opérant dans plusieurs pays du monde sans entrave, il sera de plus en plus difficile pour les expatriés chinois en désaccord avec le régime de rester hors de portée de son tentaculaire appareil répressif.

Rédacteur Fetty Adler
Collaboration Jo Ann

Source : Dutch Foreign Affairs Minister Outraged Over Secret Communist Party Police Stations

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