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Monde. Manifestations contre le projet de création d’un campus de l’université chinoise Fudan à Budapest

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Le projet d’installation du campus chinois de Fudan à Budapest rencontre une forte opposition de la part des habitants et des politiciens. En signe de protestation, des rues de la ville ont été rebaptisées du nom de communautés et de personnes qui ont été persécutées par le Parti communiste chinois (PCC).

En 2017, la Banque nationale hongroise a conclu un accord avec l’université chinoise Fudan, visant notamment à établir un campus chinois dans le pays. Considérée comme l’une des meilleures universités de Chine, l’université Fudan s’est régulièrement classée parmi les 100 meilleures universités du monde ces dernières années. Située à Shanghai, elle accueille 31 900 étudiants et 2 700 membres du personnel académique.

Lors d’une cérémonie en ligne le 27 avril, le ministre hongrois de l’innovation et de la technologie, Laszio Palkovics, a signé un accord avec le président de l’université chinoise Fudan, Xu Ningsheng. Selon cet accord, la Hongrie fournira des terrains, des bâtiments et d’autres installations nécessaires à l’établissement du campus. Si l’accord se concrétise, l’université Fudan deviendra la première université chinoise à posséder un campus en Europe.

Le campus, qui devrait ouvrir en 2024 accueillera quatre facultés (relations internationales, ingénierie, économie et médecine). Les quelques 6 000 à 8 000 étudiants qui s’y inscriront seront encadrés par 500 enseignants. En outre, l’université s’engagera dans des projets de recherche communs avec d’autres universités européennes.

L’une des principales raisons pour lesquelles le projet a été critiqué est que la Hongrie s’endettera massivement, avec peu de bénéfices. Selon des documents obtenus par Direkt36, les investissements consacrés à l’université seront les plus importants de ces dernières décennies dans le secteur de l’enseignement supérieur en Hongrie.

Le coût total de la construction est estimé à 1,5 milliard d’euros, en grande partie financé par un prêt chinois, qui devra être remboursé ultérieurement. En outre, le projet s’approvisionnera principalement en matériaux et en main-d’œuvre chinois.

Les entrepreneurs chinois éviteront probablement la concurrence, car les documents précisent que « la construction ne peut être réalisée que dans le cadre d’un projet exclusivement chinois. », ce qui signifie que la Hongrie financera un projet de 1,5 milliard d’euros à l’aide d’un prêt, dont les bénéfices seront principalement récoltés par les entreprises et les travailleurs chinois et non par les entreprises hongroises.

Pour protester contre le projet de l’université Fudan, le maire libéral de Budapest, Gergely Karacsony, a renommé quatre rues de la ville en hommage à ceux qui ont souffert aux mains du PCC. Les rues situées à proximité de l’emplacement prévu pour le campus portent désormais les noms de « Hong Kong libre », « Martyrs ouïghours », « Évêque Xie Shiguang » et « Dalaï Lama ».

« Les plaques portent le noms des personnes et des groupes qui ont été persécutés par le Parti communiste chinois. C’est… une prise de position en faveur de la solidarité et de la liberté, à laquelle la Hongrie est attachée depuis 30 ans », a déclaré Gergely Karacsony.

Gergely Karacsony est membre du parti Dialogue pour la Hongrie. Il envisage de se présenter contre Viktor Orban aux élections de l’année prochaine. Un sondage réalisé par l’institut Republikon de Budapest a montré que près de 66 % des citoyens hongrois étaient opposés au projet de l’université Fudan, selon un rapport de DW.

Des liens étroits avec la Chine

Le Premier ministre hongrois Viktor Orban a été accusé de faire passer les intérêts de la Chine avant ceux de la Hongrie. En 2015, la Hongrie est devenue le premier pays européen à rejoindre l’initiative chinoise « Belt and Road ».

En février 2021, la Hongrie est devenue le premier pays de l’Union européenne à administrer à ses citoyens le Sinopharm, un vaccin de fabrication chinoise contre la Covid-19. Le vaccin a eu un taux d’efficacité de seulement 72,5 % lors de ses essais cliniques de phase III.

Au cours d’une interview radiophonique, Viktor Orban a déclaré qu’il choisirait personnellement le vaccin Sinopharm fabriqué en Chine. « j’attendrai mon tour et le moment venu, je choisirai le vaccin chinois, c’est en lui que j’ai le plus confiance… Les Chinois ont la plus longue expérience de ce virus, ils sont donc probablement les mieux informés. »

En avril de cette année, la Hongrie a usé de son droit de veto pour bloquer une déclaration critique de l’Union européenne (UE) sur la Chine pour ses actions à Hong Kong. Un diplomate de haut rang a révélé à Reuters que la Hongrie a justifié sa décision en disant que « l’UE a déjà trop de problèmes avec la Chine. »

Le 29 avril, le dirigeant chinois Xi Jinping a eu un entretien téléphonique avec Viktor Orban. Selon le ministère chinois des affaires étrangères, « Xi Jinping a souligné que la Chine appréciait hautement la Hongrie pour son adhésion ferme à une politique amicale envers la Chine. »

Rédacteur Fetty Adler

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