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Monde. L’Allemagne condamne l’exploitation des Ouïghours par la Chine

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L’Allemagne condamne le traitement réservé aux Ouïghours par Pékin. (Image : Wikimedia / CC0 1.0)
 

Récemment, une liste de Ouïghours détenus dans des camps d’internement au Xinjiang, a été divulguée aux médias. Le document ne contenait pas seulement des informations sur les personnes détenues, mais aussi des détails sur leurs parents, amis et voisins. Quelques références indiquaient également que certains Ouïghours étaient soumis au travail forcé.

Le travail forcé

Marcus Grubel, commissaire du gouvernement allemand pour la liberté religieuse internationale, a exprimé sa « grande inquiétude » face à cette révélation. « Nous ne pouvons pas accepter l’assimilation forcée que le gouvernement chinois exerce sur les Ouïgours... Les gens sont détenus pour leurs croyances, les enfants sont séparés de leurs parents, et le gouvernement chinois surveille tous les domaines de la vie. Vivre dans de telles circonstances n’a plus rien d’ humain » a-t-il dit à DW.

Gyde Jensen, président de la commission des droits de l’homme et de l’aide humanitaire du Bundestag, a appelé le gouvernement à intervenir sur cette question et a demandé à l’UE de prendre des sanctions contre la Chine. Ulrich Delius, directeur de l’ONG internationale Society for Threatened Peoples, a demandé que les fonctionnaires identifiés comme responsables des crimes contre les Ouïghours se voient interdire l’entrée dans l’Union européenne. Il a également demandé que les entreprises allemandes en Chine revoient leurs activités dans le Xinjiang.

Les pratiquants de Falun Gong ont également été envoyés dans des camps de travaux forcés. (Image : Nivent2007 / Wikimedia / CC BY-SA 4.0)
Les pratiquants de Falun Gong ont également été envoyés dans des camps de travaux forcés. (Image : Nivent2007 / Wikimedia / CC BY-SA 4.0)
 

Dans un rapport récent, l’Institut australien de stratégie politique (ASPI) a identifié près de 27 usines en Chine où des détenus ouïghours de la région du Xinjiang ont été transférés depuis 2017 en tant que travailleurs forcés. Ces usines sont liées aux chaînes d’approvisionnement d’au moins 83 marques de renommée internationale, dont Apple, Samsung, Volkswagen, BMW, Sony, Nike, etc. James Leibold, un des auteurs du rapport, demande que les entreprises prennent des mesures pour s’assurer que leurs chaînes d’approvisionnement en Chine n’ont pas été exposées à des camps de travail forcé.

Au Royaume-Uni, des marques comme IKEA, H&M, Muji et Uniqlo ont été identifiées comme vendant des marchandises utilisant du coton provenant de la région du Xinjiang. H&M et IKEA ont finalement annoncé qu’ils n’achèteraient plus de coton du Xinjiang. Des groupes de défense des droits humains ont adressé une lettre aux autorités douanières britanniques, soulignant que l’importation de coton en provenance du Xinjiang violait une loi britannique interdisant l’ approvisionnement de produits fabriqués dans les prisons.

Le recours au travail forcé n’est pas un concept nouveau en Chine. De nombreux pratiquants de Falun Gong ont été envoyés dans des camps de travaux forcés au cours de la dernière décennie, et certains d’entre eux y sont toujours détenus. Ils sont non seulement contraints de travailler dans des conditions déplorables, sans aucune rémunération, mais ils sont également soumis à des tortures. Certains pratiquants sont même soumis de leur vivant à un prélèvement forcé d’organes, ce qui constitue un crime particulièrement horrible.

Le Sénat américain va bientôt voter un projet de loi en faveur des Ouïghours. (Image : Wikimedia / CC0 1.0)
Le Sénat américain va bientôt voter un projet de loi en faveur des Ouïghours. (Image : Wikimedia / CC0 1.0)
 

Impact du Covid-19

L’épidémie de Covid-19 a durement frappé l’économie chinoise, et les Ouïghours semblent être les plus touchés. Plusieurs vidéos en provenance du Xinjiang montrent que Pékin rafle les jeunes Ouïghours pour les utiliser pour les travaux forcés. Afin de dissimuler ce fait, le Parti communiste a eu recours à la propagande. Certaines des vidéos diffusées par le gouvernement montrent des Ouïghours souriants quittant leur foyer, dans le cadre de la « campagne de lutte contre la pauvreté ».

Cependant, ces fausses déclarations ne tiennent pas la route quand on sait que le gouvernement chinois a mis de nombreuses régions en quarantaine pour lutter contre l’épidémie du virus du PCC. Alim Seytoff, un activiste ouïgour, a confirmé à partir de sources fiables dans la région, que la plupart des Ouïgours montrés dans la vidéo étaient des détenus de divers camps de travaux forcés.

Du point de vue du Parti communiste chinois (PCC), utiliser les Ouïghours dans les camps de travaux forcés, permet d’atteindre deux objectifs. D’une part, cela donne au gouvernement une source de main-d’œuvre bon marché qui peut servir à relancer l’économie qui s’effondre. Deuxièmement, cela permet au gouvernement d’avoir un œil attentif sur les personnes que Pékin considère comme une « menace », en les surveillant constamment dans les usines. Le Sénat américain va bientôt voter un projet de loi autorisant le gouvernement américain à sanctionner les personnes considérées comme responsables de violations des droits de l’homme au Xinjiang.

Rédacteur Fetty Adler

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